Ancien chirurgien spécialiste de la lèpre, Michel-Yves Grauwin se confie auprès de « 20 Minutes » sur l’avenir de cette maladie millénaire
Le Lillois Michel-Yves Grauwin, ancien chirurgien neuro-orthopédique, est spécialiste de la maladie de la lèpre auprès de la fondation Raoul Follereau.
Interview – Ancien chirurgien spécialiste de la lèpre, Michel-Yves Grauwin se confie auprès de « 20 Minutes » sur l’avenir de cette maladie millénaire
C’est l’une des maladies les plus vieilles du monde. Et pourtant, après avoir cru en son éradication dans les années 2000, les spécialistes s’accordent à penser qu’il faudra encore vivre avec la lèpre un petit bout de temps : 200.000 nouveaux cas sont toujours dépistés chaque année dans le monde, en particulier en Inde et au Brésil.
Depuis plusieurs années, les Etats américains de Floride et de Louisiane sont également touchés par une résurgence de cette maladie. Faut-il craindre son retour en France ? A l’occasion des Journées mondiales des malades de la lèpre, qui se tiennent de ce vendredi à dimanche, 20 Minutes a demandé son avis au docteur Michel-Yves Grauwin (voir encadré), ancien chirurgien spécialiste de la lèpre auprès de la Fondation Raoul Follereau, acteur historique de la lutte contre cette maladie.
La lèpre véhicule-t-elle encore une image particulière ?
Bien sûr. L’imaginaire est encore très présent et les malades très stigmatisés. Ils sont souvent victimes d’exclusion sociale en raison des idées fausses et de l’ignorance qui entourent toujours cette maladie. Elle est pourtant très peu contagieuse, et si on la détecte très tôt, au stade des simples taches sur la peau, elle se soigne parfaitement avec trois antibiotiques identifiés. En revanche, si on n’intervient pas rapidement, la maladie dermatologique devient neurologique et peut entraîner des paralysies au niveau des yeux, des mains et des pieds.
Pourquoi ne parvient-on pas à l’éradiquer avec ces antibiotiques ?
C’est une maladie qui touche les plus pauvres, qui ont un accès difficile aux soins, comme c’est le cas pour la moitié de la population à Madagascar, par exemple. En plus, le bacille de Hansen – qui provoque la lèpre – est une bactérie qu’on respire dans l’air. L’incubation est très longue avec, de fait, un suivi difficile.
Aujourd’hui, on recense moins d’un cas pour 10.000 habitants dans les pays d’Afrique, mais moins il y a de malades, mieux il faut s’en occuper. L’Organisation mondiale pour la santé avait imaginé pouvoir éradiquer cette maladie avec l’arrivée de nouveaux antibiotiques, offerts par un laboratoire, dans les années 1980. Mais il y a un effet plateau.
On constate aussi une résurgence dans un pays occidental, les Etats-unis. Est-ce inquiétant ?
Ce qui était inquiétant, c’est que les quelque 150 cas annuels recensés sur place n’étaient pas liés à une importation de la maladie d’un pays tropical. Aujourd’hui, l’hypothèse d’une zoonose, c’est-à-dire d’une transmission par l’animal, a été confirmée. On sait que le bacille est hébergé par des animaux : il a été retrouvé sur l’écureuil et sur le tatou. Et justement, une étude a démontré que les cas dépistés en Floride et en Louisiane étaient liés au tatou. Les personnes atteintes de lèpre avaient toutes mangé cet animal. Visiblement, c’est une habitude dans cette région des Etats-Unis.
Sans tatou sur son territoire, la France est-elle préservée d’un retour de la lèpre ?
Chez nous, la lèpre a disparu, et il n’y a aucune raison de la voir revenir. Les seuls et très rares cas décelés en France proviennent de voyage ou de migration. J’y ai été personnellement confronté à très peu de reprises. Il y a quelques années, j’ai dû opérer un Burkinabé qui était arrivé avec la lèpre à Lille. A Bastia, j’avais aussi conseillé la légion étrangère installée à Calvi pour un légionnaire brésilien. En plus, si le traitement par antibiotique est prescrit de façon précoce, il n’y a aucun risque d’invalidité.
MagazineL’étrange arbre qui servait de tombeau aux lépreuxSantéRoyaume-Uni: Des écureuils roux porteurs de la lèpre du Moyen Age
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