Tabagisme: arrêter de fumer avant 40 ans permet de retrouver une espérance de vie quasi-normale

Arrêter de fumer plus tôt permet de vivre mieux et plus longtemps. C’est le constat d’une étude internationale publiée le 8 février dans la revue scientifique NEJM Evidence. Une personne s’arrêtant avant ses 40 ans peut espérer vivre presque aussi longtemps qu’un non-fumeur.

La meilleure cigarette, c’est la dernière. Et le plus tôt possible. D’un point de vue médical, les effets délétères du tabac sont connus depuis des décennies: cancers, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires, ulcères, etc. Conséquence directe, l’espérance de vie des fumeurs est statistiquement plus courte que celle des non-fumeurs.

Un fumeur de cigarette (photo d’illustration).

Selon Santé publique France, 66.000 décès annuels prématurés sont attribuables à ce “petit” geste. Pourtant, comme le suggère une large étude publiée dans la revue scientifique NEJM Evidence, cet effet négatif pourrait presque être gommé chez eux qui réussissent à décrocher avant leurs 40 ans.

Des résultats dès les trois premières années

“L’arrêt du tabac à tout âge, mais particulièrement dans les jeunes années, a été associé à une baisse de la surmortalité globale et des maladies vasculaires, respiratoires et néoplasiques. Les résultats bénéfiques étaient évidents dès les trois premières années suivant l’arrêt du tabac”, relèvent les chercheurs dans cette étude.

Pour en arriver à cette conclusion, les spécialistes ont suivi 1,5 million d’adultes aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et en Norvège pendant 15 ans. Leurs observations ont permis de noter une mortalité avancée de 12 à 13 ans chez les personnes ayant continué à fumer de leurs 40 à 79 ans.

Les personnes ayant réussi à écraser leur dernier mégot avant la quarantaine ont, elles, quasiment la même espérance de vie que les personnes n’ayant jamais pris cette habitude, avec 83 ans versus 82 ans en moyenne.

“C’est une étude de bonne qualité et d’envergure internationale qui confirme ce que l’on savait déjà”, souligne auprès du Figaro Frédéric de Bels, le responsable du département prévention à l’Institut national du cancer. Il souligne d’ailleurs que le nombre de cigarettes est moins déterminant que “la durée d’exposition au tabac”, “il est plus dangereux de fumer 5 cigarettes par jour pendant 20 ans que 15 par jour pendant 5 ans”.

“Jamais trop tard pour arrêter”

Quand est-il trop tard pour quitter cette habitude problématique? Jamais. “De nombreuses personnes pensent qu’il est trop tard pour arrêter de fumer, surtout à un âge adulte avancé. Mais ces résultats vont à l’encontre de cette idée. Il n’est jamais trop tard”, pointe Prabhat Jha, professeur à l’école de santé publique Dalla Lana et à la faculté de médecine Temerty de l’université de Toronto.

“L’effet (de l’arrêt du tabagisme, NDLR) est rapide et permet de réduire le risque des principales maladies associées, ce qui signifie une meilleure qualité de vie et une espérance de vie plus longue”, ajoute-t-il, dans un communiqué de presse.

Les personnes décidant donc sur le tard à s’arrêter ont tout à y gagner. Les effets bénéfiques majeurs en matière d’espérance de vie s’observent trois ans en moyenne après avoir arrêté le tabac. À ce moment-là, cinq années ont déjà été récupérées. Au bout de dix ans, dix années de vie potentielle sont retrouvées.

Un effet à long terme sur l’immunité

Dans le détail, les risques de cancers et de maladies cardio-vasculaires strictement liés à la consommation de tabac sont diminués. Le constat est différent pour les maladies du système respiratoire, qui a, lui, été abîmé de manière irréversible par chaque bouffée de cigarette.

Une étude publiée par des chercheurs de l’Institut Pasteur le 14 février dans la revue Nature souligne également un autre effet plus difficile à gommer. L’exposition au tabac dégrade “l’immunité adaptative”, soit l’immunité sur le long terme, pendant 10 à 15 ans après l’arrêt.

“Tout se passe comme si le système immunitaire gardait en mémoire les effets du tabagisme sur le long terme”, ont résumé les auteurs dans un communiqué de presse. Un élément à garder en tête pour les 12 millions de fumeurs Français, dont 60% souhaiteraient arrêter.