“Ma femme est toujours ma première lectrice et elle est dure !”: Laurent Gounelle nous fait quelques confidences sur son nouveau roman

Dans son nouveau roman, Laurent Gounelle nous embarque dans un monde où la technologie, désormais omniprésente, nous facilite le quotidien. Un monde qui pourrait être le nôtre dans quelques années, mais qui n’est peut-être idéal qu’en apparence… À l’occasion de la sortie d’Un monde presque parfait, il nous a accordé une interview.

Dans le monde ultra connecté de David Lisner, le quotidien est rythmé par la technologie. Dès le réveil, il est guidé par son assistant vocal, des applis lui suggèrent comment s’habiller en fonction de ses rendez-vous et de la météo du jour, le réfrigérateur communique avec le supermarché, sa voiture trouve la meilleure place de parking, et si jamais tout ne se passe pas comme prévu, ses lentilles connectées se chargent de modifier le paysage tandis que ses implants auditifs diffusent la musique adéquate pour lui faire voir la vie en rose… Une monde presque parfait en somme, jusqu’à ce qu’il se mette à douter. Et si cette technologie, omniprésente et devenue indispensable, n’était pas là uniquement pour nous aider ? A travers cette histoire, c’est notre société que questionne subtilement Laurent Gounelle. “Si c’est un roman d’anticipation, ce qui m’intéresse ce n’est pas d’imaginer le futur mais de parler du monde d’aujourd’hui” nous confie l’écrivain à l’occasion d’une interview pour la sortie de son nouveau roman, Un monde presque parfait (éd. Mazarine), le 2 mai 2024. “J’ai souvent constaté qu’on a, et je m’inclus dedans, du mal à prendre conscience du monde dans lequel on vit. C’est très difficile de prendre du recul, donc je souhaitais fournir une image de notre évolution et du monde vers lequel on avance doucement, pour que chacun s’interroge”. Échange avec un auteur à l’esprit aussi vif que critique.

Femme Actuelle : Le personnage de David Lisner s’en remet à ses applis pour la moindre décision. Vous trouvez que la technologie nous a fait perdre en liberté ?

Laurent Gounelle : Pour paraphraser un dicton sur l’argent que répétait mon grand-père, “L’argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître”, je crois que c’est la même chose pour la technologie. On est tous contents d’avoir ces outils qui nous aident bien au quotidien, mais ils peuvent facilement devenir nos maîtres. J’assimilerais plutôt la perte de liberté à l’abandon progressif de la prise de décisions. Décider est au cœur de notre humanité, ça nous permet d’évoluer, d’apprendre, notamment par nos erreurs. Le paradoxe, c’est que beaucoup de gens évitent de décider, ou s’en remettent à des applis. C’est une appli qui va décider de notre itinéraire sur la route par exemple, mais derrière ça il y a une peur de prendre la mauvaise décision. On fait certes l’économie d’un échec, sauf que cet échec est parfois enrichissant, parce que c’est l’échec qui nous permet d’avancer dans la vie. Je sais de quoi je parle, il y a 30 ans j’ai vécu un certain nombre d’échecs sur le plan professionnel, et en fait ça a été extraordinaire. C’est une des meilleures choses qui me soit arrivée, parce que ça m’a permis de savoir ce que j’avais envie de faire de mon existence. L’échec permet de se réinventer. Se priver de cette opportunité, c’est un peu dommage.

Vous êtes plutôt comme le personnage d’Émilie qui fait confiance à ses intuitions ?

Oh oui ! [Rires] En tout cas, j’ai appris à le faire. A la base je suis plutôt un scientifique, donc je me voulais cartésien. Quand j’avais une décision à prendre, j’allais lister des critères, classer le pour et le contre, et je prenais une décision qui parfois était la bonne, mais parfois elle était mauvaise et je me disais “Mais pourquoi je n’ai pas retenu la première idée qui m’a traversé l’esprit”, et qui était, je l’ignorais à l’époque, une intuition. Tout le monde a cette capacité mais on ne le sait pas, donc on n’a pas l’habitude d’écouter ses intuitions.

“C’est vachement sympa d’être connecté, mais en même temps ces applis ça rend accro”

On est tous un peu accro à nos smartphones. Quel genre d’applications avez-vous sur votre téléphone ?

J’utilise la météo, les mails, les messages. Je n’ai même pas mis Facebook sur mon téléphone. Il faut dire que je mets 3 posts par an… Je ne suis pas trop sur les réseaux sociaux. Je lis un peu la presse en ligne, j’ai l’application SNCF, des choses pratiques en somme ! [Rires]

Vos filles sont sans doute plus connectées. Comment les sensibilisez-vous aux dangers des réseaux sociaux par exemple ? Vous faites de la pédagogie avec elles ?

Vous avez une bonne intuition ! On fait énormément de pédagogie. Avec mon épouse, on a attendu le plus tard possible pour qu’elles aient un téléphone, mais on sait bien qu’à l’adolescence ce n’est plus possible de ne pas en avoir. On les couperait des amis et on ne le souhaite pas évidemment. Mais en effet, on a énormément expliqué les choses, et on continue régulièrement à faire des piqûres de rappel. C’est vachement sympa d’être connecté avec les copines et il n’y a pas de mal à ça, mais en même temps ces applis ça rend accro et il y a un vrai risque de se perdre. Donc on a des règles de fonctionnement. Par exemple, le téléphone c’est 20 minutes avant le passage à table le soir. Mais c’est compliqué parce que parfois elles nous disent “Oui mais on doit s’échanger les devoirs !” ou “On doit travailler ensemble”, “On doit préparer un exposé”… [Rires]

Est-ce qu’elles vous apprennent des choses ?

Oui bien sûr ! Elles m’apprennent des choses dans tous les domaines ! Mais sur ce point, elles m’aident quand je n’arrive pas à me dépatouiller avec une appli qu’il faut absolument que j’utilise pour X ou Y raison. Elles sont plus performantes que moi !

“Mon bonheur dans la vie vient d’abord de ma famille, le succès de mes livres arrive très loin derrière”

Vos livres ont tous un point commun : le bonheur qu’on trouve dans les choses simples et dans les relations aux autres. La famille, c’est important pour votre équilibre ?

Je culpabilise presque à répondre car je sais que de nombreuses familles ont volé en éclat, mais en ce qui me concerne, oui, c’est essentiel. Mon bonheur dans la vie vient d’abord de ma famille, le succès de mes livres arrive très loin derrière. Dans le roman, j’ai voulu montrer une société où les gens sont un peu coupés les uns des autres. Chacun est chez soi, plus personne ne travaille, l’intelligence artificielle a supprimé la majorité des postes, les gens se retrouvent donc chez eux dans une vie ultra confortable, mais ils sont coupés les uns des autres. Et pour moi, le bonheur, au-delà de la famille, c’est les relations humaines. L’être humain est un être de liens, ça a été démontré. On ne peut pas vivre en se coupant des autres, ou très difficilement. Le bonheur, c’est d’abord le lien à l’autre.

Dans votre roman le chef de l’Etat est une femme. Il faut être dans le futur pour que ça arrive ? Ou bien s’agit-il d’une intuition ?

[Rires] Quand Barack Obama a été élu président, certains se sont interrogés et se sont dit “Et si ça venait de la série 24 heures chrono ?”, dans laquelle le président était noir. Certains se sont dit peut-être que ça a accoutumé les gens et finalement ils ont trouvé ça normal. Donc peut-être que si on accoutume les gens à ce que ce soit une femme qui soit à l’Elysée, les gens vont trouver ça normal ! Les artistes ont un rôle à jouer dans le monde je pense, on ne fait pas que raconter des histoires anodines.

Avez-vous un rituel quand vous abordez l’écriture d’un nouveau roman ?

Je n’ai pas vraiment de rituel, mais je suis habité par le livre en permanence. Si je me lève la nuit, je vais penser à mon histoire, je vais avoir des idées que je vais noter tout de suite, donc j’ai des petits carnets un peu partout ! Certains auteurs se lancent comme ça, moi j’écris en trois phases. La première phase, et c’est la plus longue, est une phase créative. Les idées me viennent, souvent dans le désordre, donc mon bureau est recouvert de grandes feuilles blanches sur lesquelles je prends des notes et ensuite je fais des liens entre les idées. Puis, un jour me vient l’idée du plan donc j’organise tout ça, et après seulement j’écris. Mais c’est parfois source d’anxiété. Je vais osciller entre la confiance et le doute pendant la phase créative et parfois ça n’aboutit pas. Avant de travailler sur ce livre, j’ai travaillé sur une autre histoire, et au bout de 8 mois je me suis dit “Non, ça va faire un roman moyen” et je n’ai pas envie de publier un mauvais roman, donc poubelle ! Sans regret !

“Je fais lire à ma femme le premier chapitre, puis plus rien jusqu’à la fin du livre”

Dans les dernières pages, vous remerciez votre femme pour ses remarques sur vos écrits. Vous lui faites toujours relire votre manuscrit ?

Oui ! Et là j’ai un vrai rituel : je lui fais lire le premier chapitre, puis plus rien jusqu’à la fin du livre, et enfin, avec beaucoup d’angoisse, je lui remets le manuscrit. C’est toujours la première lectrice avant mon éditeur, et elle est dure ! [Rires] Elle n’est pas du tout diplomate, mais elle est sincère. Elle dit ce qu’elle pense et elle a une bonne acuité, donc je valorise beaucoup son retour. Elle m’avait fait une remarque très pertinente sur un personnage, pour elle on ne comprenait pas bien pourquoi il agissait. J’ai relu et je me suis dit qu’elle avait raison. Souvent ce sont des petits détails mais qui changent tout.

Votre fiche Wikipédia dit que vous vouliez être psychiatre. Aujourd’hui vous écrivez des livres dans lesquels vous donnez aux lecteurs des clés pour s’interroger et trouver des réponses. La boucle est bouclée ?

Oui c’est vrai, vous avez raison. J’ai fait le lien il y a quelque temps mais pendant très longtemps je n’avais pas réalisé. Mais je ne sais pas si j’aurais été un bon psychiatre ! Dans mon ancien métier, quand j’étais consultant, je me suis rendu compte que j’étais plus à l’aise devant un groupe que devant une personne seule. J’ai essayé de faire du coaching, mais je n’étais pas un bon coach, j’ai tout de suite arrêté. Je me mettais une énorme pression pour résoudre le problème du client, mais ce n’est pas ce doit faire un coach, il doit permettre à la personne de trouver elle-même les clés de l’évolution. Mais je me disais “Je suis payé donc il faut qu’il y ait un résultat”. J’adore les gens et je m’intéresse à leurs problèmes, mais ça ne suffit pas pour aider les gens à aller mieux. Je ne sais pas si j’aurais été un bon psy non plus…

Adriana Karembeu vous cite dans son autobiographie. L’un des chapitres commence par l’une de vos citations. Vous le saviez ?

C’est vrai ? Je l’ignorais, vous me l’apprenez ! Je suis très touché.

Quels genres de livres lisez-vous ? Que pourriez-vous recommander aux lectrices de Femme Actuelle ?

J’ai lu tous les essais de Charles Pépin, j’adore ! Comme très bon roman, j’ai lu Shantaram de Gregory David Roberts. C’est un gros pavé mais c’est un roman plus ou moins autobiographique, on ne sait pas exactement où est la fiction et où est la réalité… C’est assez fascinant. C’est un homme qui s’est évadé de prison et qui se réfugie en Inde, il se retrouve dans les bas quartiers de Bombay et est recruté par la pègre locale. Il lui arrive alors tout un tas de choses… C’est un roman d’aventure incroyable et en même temps il y a régulièrement des considérations philosophiques, des leçons de vie, c’est un roman puissant, extrêmement bien écrit. Je recommande aussi Toute la lumière que nous ne pouvons voir d’Anthony Doerr, c’est aussi un très bon roman. J’ai également beaucoup aimé Là où chantent les écrevisses de Delia Owens. C’est une universitaire spécialisée en biologie, c’est un très beau roman, assez féministe. Ça se passe dans la nature, il y a de très belles descriptions de l’atmosphère dans les marais du sud des Etats-Unis.

“ma femme est toujours ma première lectrice et elle est dure !”: laurent gounelle nous fait quelques confidences sur son nouveau roman
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