Après Séoul en avril, Nicolas Ghesquière a choisi Isola Bella, en Italie, pour son défilé croisière. Une collection osant les expérimentations textiles inspirées par le décor, l’aquatique et la botanique. La météo, elle, fut surtout aquatique.
Collection croisière Louis Vuitton 2024.
Louis Vuitton a beau être la plus puissante marque de luxe au monde, certaines choses échappent encore à son contrôle. La météo, par exemple. Mercredi 24 mai, la locomotive de LVMH, dont le chiffre d’affaires a excédé 20 milliards d’euros en 2022, a organisé son défilé croisière au lac Majeur, en Italie, sur le site d’Isola Bella. Cette île spectaculaire, propriété de la famille Borromée, où vivent vingt-deux habitants, et qui n’avait jamais été privatisée pour un tel événement, a été battue par la pluie toute la soirée. En soi, rien de plus banal que des précipitations au printemps, mais elles ont profondément bouleversé les plans.
Pour ses défilés croisière, le directeur artistique des collections femme, Nicolas Ghesquière, a toujours choisi des lieux à l’architecture exceptionnelle. Dans le passé, il a ainsi investi le domaine Bob et Dolores Hope, conçu par John Lautner à Palm Springs (Californie), le Musée d’art contemporain de Niteroi (Brésil) d’Oscar Niemeyer, le Musée Miho, imaginé par Ieoh Ming Pei, près de Kyoto (Japon), ou encore l’Institut Salk en Californie. Cette saison, il a jeté pour la première fois l’ancre en Italie, sur Isola Bella, « une île dont l’évocation même est un voyage, un lac, un palais, un jardin… Un endroit fabuleux, les grottes pavées de mosaïques, les statues, la licorne emblème de la famille Borromée, les terrasses, l’atrium », détaille Nicolas Ghesquière.
Le défilé devait se dérouler dans le jardin, splendide ensemble de forme pyramidale articulé en dix terrasses étagées, culminant avec une grande statue de licorne chevauchée par le dieu Amour. Autour de ce Teatro Massimo, des fontaines, des obélisques et une multitude de statues du XVIIe siècle représentant des allégories des saisons, des vents et de fleuves. Un parterre d’azalées, des haies de buis ciselés, des espaliers de roses, rhododendrons, pamplemoussiers et orangers complètent ce cadre idyllique qui a attiré plus de 483 000 visiteurs en 2022.
La collection a été pensée pour dialoguer avec le lieu. Nicolas Ghesquière parle d’un « conte sans nostalgie, d’anticipation du futur. Le mystère des lacs dont on aime à imaginer qu’ils sont peuplés de créatures fabuleuses, une vouivre postmoderne, figure légendaire, sorte de sirène d’eau douce qui s’aventure sur la terre ferme pour s’unir au végétal ». Face au ciel uniformément gris et chargé de pluie, le défilé a finalement été délocalisé au dernier moment dans le palais de l’île, un château baroque du XVIIe siècle tout à fait majestueux, mais dont les ors et les tableaux anciens n’offrent pas exactement le cadre idéal pour la « croisière botanique » dont rêvait Nicolas Ghesquière.
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Le designer a été fidèle à ses habitudes en proposant une collection sans concession, multipliant les expérimentations textiles, les superpositions, les antagonismes, convergeant dans une progression « de l’aquatique vers le botanique ». Des brassières sont imprimées de taches d’eau, les volants d’une jupe évoquent des rangées de palmes, des combinaisons en Néoprène se confondent avec des tenues de plongée.
Des robes comme des sculptures
Peu à peu, le vocabulaire marin se mêle au baroque, les ornements s’intensifient avec des pantalons en georgette de soie brodés, des jupes où s’enchevêtrent de gros sequins iridescents comme des écailles de poisson. Des robes au drapé figé comme de la pierre, aux volumes XXL, aux manches bouffantes ou pointues comme des ailes évoquent des sculptures. « Une juxtaposition entre le familier et le singulier », résume Nicolas Ghesquière. Le résultat, qui penche clairement du côté du singulier, aurait certes été mieux mis en valeur dans les jardins, au grand air, que dans les enfilades de pièces chargées de dorures et de tableaux.
La griffe avait d’ailleurs pris soin d’enregistrer une captation du défilé dans les jardins l’après-midi avant le show, entre deux douches de pluie – il a fallu recommencer la prise quatre fois pour avoir une séquence complète au sec. « Dès que la météo nous a laissé vingt minutes de répit, on a foncé », explique Pietro Beccari, président-directeur général de Louis Vuitton. Avant de rejoindre Vuitton en février, l’Italien a orchestré la croissance de Fendi et de Dior, deux autres griffes du groupe LVMH. Depuis son arrivée, il n’a guère chômé : il a embauché la pop star Pharrell Williams à la direction artistique des collections homme et a accéléré la cadence des défilés, avec un show femme surprise le 29 avril à Séoul.
Deux défilés en moins d’un mois, n’est-ce pas excessif ? « Avec 436 millions de vues, le show de Séoul est le plus regardé de l’histoire de Vuitton, se félicite Pietro Beccari. C’est une expérience que l’on va répéter. On est une marque de sacs, le prêt-à-porter est nouveau dans notre histoire [depuis 1997]. Il y a des parts de marché à gagner dans ce domaine. » Selon lui, le défilé est le meilleur moyen d’y parvenir, car il « raconte une histoire, crée un monde » autour du vêtement, et il est important de « ne jamais s’arrêter, chercher toujours l’innovation, continuer de faire voyager les gens ».
Le PDG mise aussi sur les contrastes avec deux designers très différents : à la femme, Nicolas Ghesquière, un technicien pour qui la mode est un laboratoire de recherche textile, et à l’homme, Pharrell Williams, un producteur de musique populaire, qui a toujours senti l’air du temps avec ses chansons ou lors de ses brèves incursions dans la mode. « C’est la “dream team” ! », affirme Pietro Beccari. Pharrell Williams, qui a assisté au défilé, présentera le sien le 20 juin, premier jour de la fashion week homme parisienne. On verra alors si l’alchimie fonctionne comme prévu ou si, comme avec la pluie, Vuitton doit repenser sa stratégie.
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