Le joueur milanais Mike Maignan face au quatrième arbitre, aux côtés de Stefano Pioli, coach de l’AC Milan, après avoir été victime de cris de singe dans le stade de l’Udinese samedi.
«Trop c’est trop» : à l’unisson du capitaine de l’équipe de France Kylian Mbappé, le monde du football condamne ce dimanche 21 janvier les injures racistes dont a été victime Mike Maignan samedi durant le match du Championnat d’Italie entre l’Udinese et l’AC Milan. «Aujourd’hui, c’est tout un système qui doit prendre ses responsabilités. Les auteurs de ces actes, parce que c’est facile d’agir en groupe, dans l’anonymat d’une tribune. Les spectateurs qui étaient dans la tribune, qui ont tout vu, qui ont tout entendu mais qui ont choisi de se taire, vous êtes complices», a dénoncé ce dimanche Mike Maignan sur X.
«Le club d’Udinese, qui a seulement parlé d’une interruption de match, comme si de rien n’était, vous êtes complices. Les instances et le procureur, avec tout ce qu’il se passe, si vous ne faites rien, VOUS SEREZ VOUS AUSSI COMPLICES», a poursuivi Maignan. Avant de conclure : «Je ne suis pas une victime […] C’est un combat difficile, qui va demander du temps et du courage. Mais c’est un combat qu’on gagnera.» Cet acte raciste est le dernier en date dans les stades européens, notamment en Italie, régulièrement concerné.
«Je ne voulais plus jouer»
Ce n’est pas la première fois que Maignan est la cible d’injures racistes venues des tribunes depuis qu’il a rejoint l’AC Milan en 2021. Le gardien de Bleus avait par le passé déjà dénoncé le comportement de tifosi de la Juve en septembre 2021, puis de ceux de Cagliari en mars 2022. Ce qui s’est passé samedi au Bluenergy Stadium «n’a pas sa place dans un stade», a-t-il martelé après la rencontre remportée 3 à 2 par le Milan. «Ce sont des personnes stupides… On peut être sifflé ou conspué par les supporters adverses quand on joue à l’extérieur, c’est normal, mais ils ont imité des cris de singe», a-t-il expliqué.
Maignan, 28 ans, a d’abord averti l’arbitre de la rencontre de ce qui se passait dans les tribunes derrière son but à la 26e minute. Puis il a décidé de quitter le terrain à la 34e minute quand de nouveaux cris de singe ont retenti, malgré les appels comme le prévoit l’article 62 du règlement du championnat, à cesser les insultes diffusées dans le stade sous peine que le match soit définitivement arrêté. Il a été imité par tous ses coéquipiers, qui, lorsque l’arbitre a interrompu la rencontre, ont ensuite regagné leurs vestiaires.
Un geste fort qui, espère Maignan, marquera les esprits : «On doit faire comprendre à l’arbitre et à tout le monde que c’est comme cela qu’on doit agir.» Alors qu’il pensait initialement ne pas reprendre la rencontre («Je ne voulais plus jouer. […] J’étais en colère»), Maignan était finalement sur le terrain lorsque l’arbitre a relancé la rencontre après cinq minutes d’interruption.
Il a concédé deux buts mais l’AC Milan s’est finalement imposé 3 à 2 et a fêté, Maignan en tête, ce succès avec ses tifosi présents à Udine. «C’est encore plus beau de gagner comme ça, non au racisme», s’est réjoui son coéquipier Rafael Leao.
«Dans ce pays l’ignorance triomphe et le racisme a toujours été de pair avec l’ignorance»
«Tu es très loin d’être seul Mike Maignan. On est tous avec toi», a écrit Kylian Mbappé sur son compte X (anciennement Twitter). Toujours les mêmes problèmes et toujours AUCUNE solution.» «Tu as tout notre soutien Mike Maignan», a ajouté la Fédération française de football sur le compte X de l’équipe de France, alors que Marcus Thuram et Antoine Griezmann avaient dès samedi soir apporté leur soutien à leur coéquipier.
D’autres clubs de Série A ont apporté leur soutien au gardien français comme le grand rival, l’Inter : «Nous sommes frères, contre toute forme de discrimination et à tes côtés.» «Il n’y a pas de place pour le racisme dans le football, nous soutenons Maignan et condamnons avec fermeté ce qu’il s’est passé à Udine», a souligné de son côté le président de la Fédération italienne de football, Gabriele Gravina, qui a salué la décision de l’arbitre d’interrompre le match.
Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a lui appelé à bannir de tous les stades les auteurs d’insultes racistes, ainsi qu’à instaurer une sanction «forfait automatique» pour les clubs dont les fans commettent ces méfaits. Mais alors qu’elle est régulièrement confrontée au fléau du racisme dans les stades, comme l’ont vécu l’Ivoirien Marc-André Zoro en 2005, le Ghanéen Kevin-Prince Boateng en 2013, le Français Samuel Umtiti l’an dernier ou cette saison le Belge Romelu Lukaku, l’Italie est encore loin d’une telle fermeté. La Fiorentina a ainsi été sanctionnée en novembre d’un match à huis clos avec sursis pour des chants racistes de ses supporters.
«Comment est-ce possible qu’en 2024 on entende encore des chants racistes dans un stade ? Le problème selon moi est culturel : je ne suis plus surpris, car dans ce pays l’ignorance triomphe et le racisme a toujours été de pair avec l’ignorance», a accusé Arrigo Sacchi, l’ancien sélectionneur italien dans une tribune publiée par la Gazzetta dello Sport qui titre en Une sur «La honte d’Udine».
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