Les manifestants pro-palestiniens de l’université de Columbia délogés par la police de New York
Les étudiants qui occupaient un bâtiment à l’université de Columbia ont été délogés par la police. AFP/ Mary Altaffer
La colère étudiante américaine pour soutenir la cause palestinienne se propage depuis deux semaines des grandes universités de la côte Est à celles de Californie en passant par le sud et le centre, rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam à la fin des années 1960. Alors que l’université de Columbia a été en quelque sorte à l’épicentre de ce mouvement, la police de New York, dans la nuit de mardi à mercredi, a délogé des étudiants qui occupaient un bâtiment dans le campus depuis la nuit précédente.
Vers 1h30 (GMT), plusieurs dizaines de policiers en tenue antiémeute, aidés d’un véhicule d’intervention avec échelle ont débarqué sur le campus. Ils ont investi le Hamilton Hall, un bâtiment chargé d’histoire déjà occupé en 1968 pendant la guerre du Vietnam. Des dizaines de personnes, certains portant le keffieh, ont été interpellées et placées dans des bus de la police. Au même moment, à l’extérieur du campus, une foule criait « Palestine libre ! ».
Selon les médias américains, l’ensemble des manifestants ont été évacués. « Les événements de la nuit dernière sur le campus ne nous ont pas donné le choix », a écrit la présidente de l’université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police de New York d’intervenir sur le périmètre de cet établissement privé de Manhattan.
Depuis deux semaines, Minouche Shafik et de nombreux autres dirigeants d’universités à travers le pays font face à des manifestants, parfois quelques dizaines seulement, qui occupent leur campus pour s’opposer à la guerre menée par Israël à Gaza contre le Hamas.
Dans sa lettre à la police de New York, Minouche Shafik demande aux forces de l’ordre de « maintenir une présence sur le campus au moins jusqu’au 17 mai, afin de maintenir l’ordre et de s’assurer qu’aucun campement ne soit établi. »
Dans la nuit de lundi à mardi, quelques dizaines de protestataires s’étaient barricadés dans ce bâtiment qui a été renommé « Hind’s Hall » par le groupe pro-palestinien « Columbia University Apartheid Divest », en hommage à une fillette de six ans tuée à Gaza.
« Mettre fin à l’antisémitisme », selon Trump
À six mois de la présidentielle, dans un pays polarisé, ce mouvement estudiantin a fait vivement réagir le monde politique.
Joe Biden « doit faire quelque chose » contre ces « agitateurs payés », a déclaré mardi soir sur Fox News le candidat républicain Donald Trump. « Il nous faut mettre fin à l’antisémitisme qui gangrène notre pays aujourd’hui », a-t-il ajouté.
« Alors que l’université Columbia est plongée dans le chaos, Joe Biden est absent parce qu’il a peur de s’attaquer au sujet », a écrit sur X le chef républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson dans la soirée.
« Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche » et ne représente « pas un exemple de manifestation pacifique », avait tonné avant l’intervention de la police John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale du président démocrate Joe Biden.
Les manifestants pro-palestiniens exigent eux que leurs universités coupent les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël. Dans le campus d’élite du nord-est, Brown University à Providence dans le Rhode Island, un accord avec les étudiants : démantèlement du campement contre un vote de l’université en octobre sur d’éventuels « désinvestissements de « sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza ».
En attendant, la préoccupation des autorités est de rétablir le calme sur les campus. Selon le New York Times, d’autres arrestations ont eu lieu dans le pays. Depuis le week-end dernier, des centaines d’étudiants, enseignants, militants d’une vingtaine d’universités ont été interpellés, certains arrêtés et placés en détention. À l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, un groupe d’étudiants a revendiqué avoir hissé un drapeau palestinien au centre du campus, avant que la police ne remette en place les couleurs des États-Unis, selon la presse.
Ces nouvelles manifestations pro-palestiniennes aux États-Unis ont ravivé le débat électrique depuis octobre entre liberté d’expression et accusations d’antisémitisme. Le pays compte le plus grand nombre de juifs dans le monde après Israël, et des millions d’Américains arabo-musulmans.