Les loyers résistent à l’inflation, mais les charges vont faire gonfler la facture

Les loyers résistent à l’inflation, mais les charges vont faire gonfler la facture

Les locataires peuvent souffler. En dépit d’une inflation galopante (6,2 % en février sur un an) qui mine leur budget, les loyers sont restés globalement sages en 2022 en France. Ils ont augmenté de 1,4 % pour les appartements, en moyenne nationale (1,2 %pour les maisons), selon l’observatoire Clameur, qui agrège les chiffres des principaux réseaux immobiliers.

«Les loyers n’augmentent pas ou très peu», confirme Jean-Michel Camizon, président de Clameur. Leur évolution diffère assez peu de celle observée ces cinq dernières années, tous types de logements confondus (1,3 %).

Cette modération a de quoi étonner. La hausse des prix à la consommation a traditionnellement un effet direct sur l’évolution des loyers. Ces derniers peuvent être réévalués chaque année à date anniversaire, en fonction de l’indice de revalorisation des loyers (IRL). Or ce chiffre varie avec l’évolution du coût de la vie.

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Cela n’a pas été le cas cette année. En effet, pour limiter l’effet de la hausse des prix sur le tarif des locations, le gouvernement a mis une place cet été un «bouclier loyer». Celui-ci, entré en vigueur au troisième trimestre de 2022 limite la hausse applicable par les bailleurs à 3,5 % maximum. «Les outils mis en place ont fonctionné» reconnaît Jean-Michel Camizon.

Cette accalmie des prix n’est pas appelée à durer. D’une part, le mécanisme de modération doit s’achever au deuxième trimestre 2023. Si une clause de revoyure a été négociée entre les professionnels de l’immobilier et le gouvernement au moment de la mise en place du bouclier loyer, aucun rendez-vous n’a été fixé.

Coût de l’énergie

D’autre part, des dépenses vont venir alourdir la facture des locataires. Ainsi de la hausse des charges liées à l’augmentation du coût de l’énergie, qui leur seront refacturées. «Ces dépenses n’ont pas encore été répercutées dans leurs charges, mais elles vont l’être, et cela va peser sur la quittance», poursuit le président de Clameur.

Les copropriétés ont profité d’une protection tarifaire pour le gaz et l’électricité, mais celle-ci n’a pas été totale, et les copropriétés ont dû avancer les fonds.

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Ce n’est pas la seule difficulté à laquelle risquent d’être confrontés les locataires. Ces derniers mois, l’offre locative disponible a fondu comme neige au soleil (- 10 % selon le portail d’annonces immobilières Bien’Ici). Selon certains professionnels, les interdictions de location pesant sur les passoires thermiques (notées G, F, et E) pousseraient les propriétaires à vendre plutôt qu’à louer.

De plus, la hausse des prix érode les rendements et décourage les candidats à l’investissement locatif, dans un contexte où le coût de l’argent augmente. Certains pointent l’encadrement des loyers (à Paris, Lyon, Marseille, par exemple), qui décourage les bailleurs. «Les signaux ne sont pas favorables pour les bailleurs», confirme Loïc Cantin, président de la Fnaim. S’ajoute la baisse des ventes de logements neufs (- 24 % en 2022) qui contribue à affaiblir l’offre disponible.

La demande, elle, augmente très fortement, ce qui met le parc locatif en tension. «Les difficultés d’accès au crédit poussent certains ménages à abandonner leur projet d’achat et à se tourner vers le parc locatif», poursuit Loïc Cantin.

En témoignent les délais de relocation express un peu partout en France. Le temps qu’un bien passe sur le marché avant de trouver preneur a été divisé «par deux, voire par trois» selon Jean-Michel Camizon. Ces délais inédits montrent bien la tension qui règne sur le marché locatif, malgré la sagesse des loyers dus à différents mécanismes de protection.