Les États-Unis sont le seul pays à pouvoir empêcher un « désastre » à Rafah, selon Mahmoud Abbas
Le président de l’Autorité palestinienne craint un bain de sang en cas d’attaque israélienne à Rafah où plus d’un million de personnes sont réfugiés. REUTERS/Hamad I Mohammed
« Nous appelons les États-Unis àdemander àIsraël d’arrêter l’opération de Rafah, car l’Amérique est le seul pays capable d’empêcher Israël de commettre ce crime », a déclaré, ce dimanche, Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne lors d’une réunion spéciale du Forum économique mondial (WEF) en Arabie saoudite.
Cette déclaration intervient alors que le secrétaire d’État américain Antony Blinken est attendu à Ryad. Il discutera « des efforts en cours visant à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza qui permette la libération des otages », et « mettra aussi l’accent sur l’importance de prévenir une extension » régionale de la guerre, a indiqué le département d’État.
De nombreux pays occidentaux et l’ONU craignent qu’une offensive majeure sur la ville de Rafah annoncé depuis plusieurs semaines par Benyamin Netanyahou se transforme en véritable catastrophe humanitaire majeure alors que plus d’un million de personnes se sont réfugiées dans la ville ou ses environs souvent sans eau ni électricité.
« Une erreur »
Mi-mars, le président Joe Biden avait déjà tapé du poing sur la table en demandant à Israël « d’envoyer une équipe à Washington » pour tenter d’éviter une opération à Rafah. « J’ai demandé au Premier ministre d’envoyer une équipe à Washington pour discuter des façons de cibler le Hamas sans mener une vaste offensive terrestre à Rafah », avait expliqué Joe Biden en réitérant « la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat dans le cadre d’un accord sur la libération des otages, d’une durée de plusieurs semaines, afin que les otages puissent rentrer chez eux et que l’aide aux civils de Gaza puisse être acheminée ».
Selon les États-Unis, une offensive sur Rafah serait « une erreur », comme l’a affirmé le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan. Selon lui, cela « conduirait à plus de victimes innocentes, aggraverait la situation humanitaire déjà grave, renforcerait l’anarchie à Gaza et isolerait encore plus Israël » sur la scène internationale.
À quelques mois de l’élection présidentielle aux États-Unis, le président américain sortant dont les relations avec Benyamin Netanyahou sont de plus en plus tendues doit aussi faire face à l’intérieur de son pays à une pression politique de plus en plus grande émanant de la population musulmane et arabe américaine ainsi que des jeunes électeurs.
Les efforts s’intensifient pour obtenir une trêve
En attendant, les efforts s’intensifient pour obtenir une trêve à Gaza. Le Hamas a annoncé, samedi, étudier une contre-proposition israélienne pour un cessez-le-feu dans le territoire. Les détails de la contre-proposition n’ont pas filtré mais selon le site Axios, qui cite des responsables israéliens, elle inclut la volonté de discuter de « l’établissement d’un calme durable » à Gaza.
Pendant ce temps, la pression interne sur le gouvernement de Benyamin Netanyahou ne cesse de s’accentuer. Samedi soir, des milliers de personnes se sont rassemblées à Tel Aviv pour exiger la libération des otages enlevés le 7 octobre. « Un accord, maintenant ! » ont scandé samedi soir les manifestants tout en appelant le gouvernement Netanyahou à démissionner. Peu avant, le Hamas avait diffusé une vidéo montrant deux otages, Keith Siegel, 64 ans, et Omri Miran, 47 ans. C’est la deuxième vidéo diffusée en quelques jours par le Hamas.
Cependant sur le terrain, la guerre ne montre aucun signe de répit. Tout au long de la journée de samedi, la marine israélienne a visé des cibles du Hamas et fourni un appui aux troupes déployées dans le centre du territoire, a indiqué l’armée ce dimanche.
L’armée israélienne a effectué des frappes aériennes et des tirs d’artillerie dans plusieurs zones de la bande de Gaza, notamment à Khan Younès et Rafah, deux villes du sud du territoire ainsi qu’à Gaza Ville (nord). Sur un autre front, la guerre entre Israël et le Hamas a provoqué une flambée de violences à la frontière nord d’Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste libanais Hezbollah.