L'édito de ELLE : la beauté du geste
L’édito de la semaine.
L’édito de ELLE : la beauté du geste
Connaissez-vous le microféminisme ?
Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle théorie, mais d’actions simples comme bonjour qui se répandent telle une traînée de poudre antisexiste sur les réseaux sociaux. Tout a commencé sur TikTok, le 26 mars dernier, avec la vidéo d’une productrice américaine, Ashley Chaney. Elle y racontait que lorsqu’elle envoyait un mail à un chef d’entreprise et qu’il lui fallait mettre son assistant en copie, s’il s’agissait d’une femme, elle mettait toujours le nom de celle-ci en premier. Lucide, elle concluait : « Probablement que personne ne le remarquera, mais ça me donne l’impression de lui dire “je te vois”. » Deux millions de vues plus tard, la vidéo est devenue un modèle et, un peu partout dans le monde, les femmes témoignent de leurs actions microféministes pour lutter contre la misogynie au quotidien.
Une solidarité sans frontière
Il y a cette prof qui, lorsqu’un garçon et une fille lèvent le doigt en même temps, donne d’abord la parole à cette dernière ; cette responsable de crèche qui, quand un enfant est malade, prévient le père en premier, à lui donc et non à la mère d’interrompre son travail pour venir chercher son petit ; ou cette intrépide qui, lorsqu’un homme est assis les cuissots écartés dans le bus, s’assied en face de lui, ostensiblement dans la même position.
Les femmes témoignent de leurs actions microféministes pour lutter contre la misogynie au quotidien
Évidemment, certains mauvais esprits jugent déjà ces gestes anecdotiques. Au contraire, ils sont géants, ces pas de côté ! Ces mains tendues, ces inconduites malicieuses nous remplissent d’espérance, comme ce « je te vois » prononcé par une influenceuse américaine sur un réseau dans lequel, habituellement, on clame en boucle « regardez-moi ! » Ils sont à la portée de toutes, ces gestes, cadeaux pour les autres et pour soi-même, permettant de se sentir actrice de sa propre existence dans une société qui peine à se transformer. On pourrait même adapter le concept à d’autres domaines, inventer la microparentalité, la microlecture, deux pages valent mieux que deux heures d’écran ! Ça tombe bien, les deux plus beaux livres du printemps sont aussi brefs que sublimes, micro-magnifiques !
« Terrasses Р’В», de Laurent GaudГ© (Г©d. Actes Sud), et Р’В« Le Nom sur le mur Р’В», d’HervГ© Le Tellier (Г©d. Gallimard), sont deux miroirs de nos vulnГ©rabilitГ©s qui nous disent justement que la seule maniГЁre de survivre, c’est de se regarder les uns les autres. Toujours une histoire de regard, « je te vois »… Et vous, quel est votre geste microfГ©ministe prГ©fГ©ré ?