Dans plusieurs villes de France, des actions et menaces de militants identitaires se sont multipliées ces derniers jours, une semaine après la mort de Thomas, jeune de 16 ans tué à Crépol, dans la Drôme.
Environ 80 militants de l’ultradroite manifestent à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, une semaine après la mort de Thomas, 16 ans, à Crépol, le 25 novembre 2023
“La France nous appartient”. Près de 80 militants d’ultradroite ont défilé cagoulés ce samedi soir à Romans-sur-Isère, dans le quartier de la Monnaie, pour en “découdre” avec les jeunes de La Monnaie, dont seraient originaires une partie des jeunes impliqués dans la mort de Thomas en marge d’un bal de village le 18 novembre. Une “expédition vengeresse et coordonnée” dont s’inquiétaient les services de renseignements.
“Nul ne peut se faire justice en dehors de la loi”, a déclaré dimanche soir le procureur de la République de Valence, Laurent de Caigny, dans une brève déclaration à la presse, en appelant à laisser les enquêteurs travailler “vu l’extrême gravité des faits”. “Ceux qui s’y opposent par la violence, illégitime, en répondront”, a-t-il prévenu.
“Une tentative de ratonnade”
La manifestation a été qualifiée de “tentative de ratonnade” par le coordinateur de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard. “Retour des ratonnades. L’extrême droite telle qu’elle est. La mort de Thomas comme prétexte. La haine raciste comme mobile. La violence comme moyen”, a également tweeté dimanche le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
Plusieurs manifestations samedi et dimanche
Ce week-end, des groupuscules d’extrême droite ont manifesté dans plusieurs villes de France. Vendredi soir dans le centre-ville de Reims, “des hommes en noir, cagoulés, brandissant des drapeaux français et des croix celtiques réclamaient ‘justice pour Thomas'”, rapportaient nos confrères de France Bleu.
Dimanche, un nouveau rassemblement a eu lieu dans cette ville de la Drôme. Une cinquantaine de personnes y ont pris part avant de se disperser. Trois d’entre eux ont été interpellés, tout comme quatre jeunes Romanais du quartier de la Monnaie, a communiqué la préfecture. Tous portaient des armes ou armes par destination.
Des rassemblements ont également eu lieu à Laval, en Mayenne, à Rennes en Ille-et-Vilaine ainsi qu’à Annecy, en Haute-Savoie. Dans la capitale, 30 personnes se sont en outre rassemblées au niveau du Trocadéro, en face de la Tour Eiffel, pour demander “justice pour Thomas” et contre “les barbares islamistes”.
“Un bon musulman est un musulman mort”
En plus des manifestations, défilés et rassemblements, d’autres actions menés par des groupuscules d’extrême droite se multilpient. Samedi, 13 personnes, dont sept fichées S, ont été interpellées à Paris pour des tags de croix gammées au sol dans le nord-ouest de la ville.
Des tags antimulsulmans ont aussi été découverts sur les murs de la mosquée de Cherbourg-en-Cotentin (Manche) et une mosquée de Valence a reçu une lettre de menace.
“Un bon musulman est un musulman mort. Justice pour Thomas”, y était-il écrit, rapportent nos confrères de l’AFP.
Les militants d’extrême droite mènent une campagne virulente sur les réseaux sociaux depuis le drame, qui illustre à leurs yeux l’arrivée de l’insécurité dans les zones rurales.
L’extrême droite pointée du doigt par la gauche
La gauche a pointé le rôle des partis de ce camp politique dans la banalisation des propos racistes dans le pays. Sur France 3, le député insoumis de la Somme François Ruffin a notamment ciblé “les discours” de Reconquête et du Rassemblement national, affirmant que ces formations politiques “prétendent défendre la nation, [mais] ils la divisent”.
Sur BFMTV, le patron des Républicains Éric Ciotti a refusé d'”inverser les problématiques” en commentant “des faits que je ne connais pas”. “Ce qui me terrorise, c’est ce qui s’est passé à Crépol”, a-t-il déclaré, fustigeant une “dérive médiatique qui voudrait accorder à des faits qui sont en réaction à Crépol une importance plus importante” que la mort du jeune Thomas.
Des responsables de premier plan de Reconquête, en particulier Éric Zemmour, ont aussi multiplié les déclarations chocs depuis le 18 novembre, évoquant notamment un “francocide” pour qualifier la mort de Thomas.
Dimanche, le polémiste et ancien candidat à l’élection présidentielle a posté l’un des visuels réalisés par le mouvement de jeunesse. “Génération Z”. “Hier Lola, aujourd’hui Thomas, demain toi?” Y-est-il écrit en lettres capitales, précédant un autre message: “jeunesse, bats-toi avec nous”.
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