L’ancien juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke est mort
Photo du 3 octobre 2006 à Bruxelles, du juge d’instruction Renaud van Ruymbeke. AFP PHOTO HERWIG VERGULT/ARCHIVES BELGA
Une figure de la justice anticorruption s’est éteinte. L’ancien juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke est mort à l’âge de 71 ans, a annoncé vendredi 10 mai Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice. A la retraite depuis 2019, a été l’un des juges les plus emblématiques de la lutte contre la corruption. Son nom est accolé à l’instruction de certaines des affaires politico-financières les plus sensibles des dernières décennies. «La France perd un grand magistrat et la Justice un immense serviteur. J’adresse mes condoléances émues à sa famille et à ses proches», a écrit le garde des Sceaux sur X (ex-Twitter).
«Il incarnait l’image du juge d’instruction indépendant et courageux, et laissera une empreinte indélébile dans l’histoire judiciaire de notre pays», a souligné sur X Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation. Parmi ses instructions les plus emblématiques figurent notamment l’affaire Urba, sur le financement occulte du Parti socialiste, des enquêtes sur Jérôme Cahuzac et les époux Balkany, ou encore la complexe affaire des frégates de Taïwan. En 2008, il avait aussi mené l’enquête sur les fraudes géantes du trader de la Société générale Jérôme Kerviel.
«Il y a énormément d’argent à nos portes»
L’histoire du juge Van Ruymbeke a débuté dès 1979 : l’un des premiers dossiers que ce jeune inconnu de 26 ans, tout juste sorti de l’Ecole nationale de la magistrature, a eu entre les mains était l’affaire Boulin. Du nom de l’ex-ministre du Travail de Giscard, cité dans une affaire de vente de terrain, qui a fini par mettre fin à ses jours en accusant le jeune magistrat d’être en partie responsable de son geste. Pas de quoi l’empêcher de continuer à mettre son nez dans des affaires politico-financières. Jusqu’à faire l’objet de poursuites disciplinaire pour son action en marge de l’affaire Clearstream, abandonnées en 2012 après six longues années de procédure.
«Il y a énormément d’argent à nos portes et personne ne fait rien», regrettait encore le magistrat retraité en novembre 2022. Il avait appelé à «la nécessité de prise de conscience», «au moment où les Etats ont des déficits importants, de gros besoins pour les hôpitaux, pour la transition énergétique».
Mise à jour à 13 h 55 avec plus de détails sur son parcours.