Assurance chômage: Houlié estime que réduire la durée d'indemnisation "n'est pas la bonne voie"
Le député Renaissance voit en la réforme de l’assurance chômage qu’envisage l’exécutif une “mesure d’économie” plutôt qu’une “mesure de retour à l’emploi”.
Le député Renaissance Sacha Houlié à l’Assemblée nationale le 5 janvier 2023
Une réforme de l’assurance-chômage? Le chemin envisagé par l’exécutif, dans un contexte budgétaire dégradé, ne fait pas l’unanimité au sein du camp présidentiel. Le député Sacha Houlié, issue de l’aile gauche de la majorité, estime ce dimanche 31 mars que réduire la durée d’indemnisation des chômeurs n’est “pas la bonne voie”, renouvelant ainsi des réserves déjà émises jeudi sur France Bleu.
“Une mesure d’économie” et non “de retour à l’emploi”
“Si nous réduisons la durée d’indemnisation, à quelles fins le faisons-nous? Une mesure d’économie. Est-ce que je pense qu’il faut faire une mesure d’économie sur les chômeurs aujourd’hui? Je ne le pense pas”, déclare-t-il sur le plateau du Grand Jury RTL/Le Figaro/M6.
L’élu de la Vienne fait valoir que l’exécutif a déjà réformé par deux fois l’assurance-chômage, en 2019 et 2023, en mettant notamment en place une mesure de “contracyclicité”, c’est-à-dire que les conditions d’indemnisation se durcissent quand le chômage baisse, et s’assouplissent quand il augmente.
“Est-ce qu’il faut une nouvelle réforme sur ce sujet alors même qu’on constate que le chômage ne baisse plus?”, interroge-t-il, avant d’ajouter: “Moi je dis c’est plutôt une mesure d’économie qu’une mesure de retour à l’emploi”.
Mercredi, le Premier ministre Gabriel Attal a ouvert la porte à une réduction de “plusieurs mois” de la durée d’indemnisation des chômeurs, actuellement de 18 mois pour les moins de 53 ans, sans aller en-dessous de 12 mois.
Clément Beaune se dit “prudent”
Selon Sacha Houlié, qui préfère notamment pointer un “souci d’attractivité des métiers” pour expliquer la persistance du chômage, plusieurs parlementaires de l’aile gauche tiennent la même ligne que lui face au projet du gouvernement.
Ainsi, l’ancien ministre des Transports Clément Beaune s’est dit dimanche sur France Info “prudent” face à cette nouvelle réforme, reconnaissant qu’il existait un risque de précariser les plus fragiles “si on allait vers des paramètres qui sont trop durs”.
“Quand le marché du travail va mieux, on peut être plus exigeant avec les demandeurs d’emploi”, a-t-il convenu. Mais “quand le marché du travail va moins bien, comme c’est le cas aujourd’hui, on est plus protecteur”, a-t-il alerté.
Le député Renaissance s’est en revanche montré ouvert aux propositions de taxe sur les superprofits des grandes entreprises, une piste de recettes qui fait son chemin. “Le débat fiscal, ce n’est pas un débat qui est tabou”, a-t-il assuré, appelant à chercher “des compromis avec d’autres partis politiques” sans “commencer par fermer toutes les portes”.