"La transphobie est un délit": la mairie de Paris dénonce l'affichage d'une publicité dans la capitale

Le premier adjoint à la mairie de Paris a indiqué ce mercredi 17 avril demander le retrait d’une publicité pour le livre “Transmania”, qualifié de “transphobe” par Emmanuel Grégoire. L’opérateur a finalement indiqué avoir rapidement retiré les affiches.

La photo d’une publicité du livre “Transmania” place de la République à Paris, publiée sur X le 16 avril 2024 par Kam Hugh pour dénoncer son caractère transphobe.

“La honte sur notre ville.” Dans un post publié sur le réseau social X, la drag queen Kam Hugh, candidate de la première saison de Drag Race France a enjoint la mairie de Paris à agir contre une publicité. Photo à l’appui, elle dénonce la présence d’une publicité “ouvertement transphobe” affichée dans les rues de la capitale.

L’affiche fait la promotion du livre “Transmania” de Dora Moutot et Marguerite Stern, une “enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre”.

“Un livre écrit par des arriérés en quête de reconnaissance, leurs combats mal placés et transphobes ne méritent en aucun cas l’aval de Paris ou de n’importe quelle publicité!”, fustige l’artiste.

“Il suffit donc de payer pour afficher sans honte des propos transphobes?” Kam Hugh interpelle Anne Hidalgo, mais aussi Alexandra Cordebard, maire du 10e arrondissement et la société JCDecaux France, propriétaire du panneau sur lequel est affichée la publicité.

Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris a répondu à l’appel de Kam Hugh ce mercredi. “La transphobie est un délit. La haine de l’autre n’a pas sa place dans notre ville. Paris n’est pas la vitrine de cette haine crasse”, écrit l’élu.

Il a annoncé avoir saisi JCDecaux, le groupe en charge de l’affichage publicitaire, pour demander le retrait de la publicité. “Ça nous semble contraire aux dispositions contractuelles qui lient la ville de Paris et JCDecaux sur le respect de la loi. Nous considérons que c’est transphobe”, a réagi le bras droit d’Anne Hidalgo auprès de BFM Paris Île-de-France.

Emmanuel Grégoire pointe particulièrement “la phrase d’accroche qui accompagne” la publicité. “Elle est manifestement transphobe et complotiste. C’est du mercantilisme nauséabond, accrocheur et caricatural.”

Les autrices appellent à la liberté d’expression

“Vous n’allez rien faire interdire du tout Emmanuel Grégoire. Vous allez gérer votre frustration comme un grand et attendre que ça passe”, a répondu sur X l’une des autrices du livre, Marguerite Stern.

Dora Moutot et Marguerite Stern sont connues pour leurs positions excluant des combats féministes les questions liées à la transidentité. Des prises de position décriées par une partie des mouvements féministes et qualifiées de transphobes.

Quelques jours après la sortie de leur livre, les autrices dénoncent un acharnement autour de leur “enquête”. “Notre livre Transmania n’est pas facile à trouver car les libraires et responsables de rayons brainwashés par le wokisme le cachent”, écrit par exemple Dora Moutot sur X.

Les affiches retirées par JCDecaux

Contacté mercredi en fin d’après-midi par BFM Paris Île-de-France, JCDecaux dit avoir déjà “procédé au retrait des affiches ‘Transmania’ sur les mobiliers concernés du fait des propos véhiculés sur le visuel sur lequel la ville de Paris nous a par ailleurs interpellés”. L’entreprise confirme ainsi une information de Têtu.

Le visuel est également “contraire à notre charte de la déontologie de la communication extérieure”, ajoute JCDecaux. Le groupe présente ses “excuses aux personnes que ces affiches ont pu heurter”.

Une réaction qu’a salué et remercié rapidement Emmanuel Grégoire sur X.

Les deux femmes, tout comme leurs soutiens, soulignent de leurs côtés le droit à la liberté d’expression et considèrent que le retrait de la publicité relève à de la “censure”.