La pétition contre la station de métro "Serge-Gainsbourg" aux Lilas recueille 15.000 signatures
Ce nouvel arrêt de la ligne 11 du métro devrait ouvrir au public au premier semestre 2024, mais les signataires aimeraient qu’il ne porte pas “le nom d’un homme violent, misogyne notoire et chantre de l’inceste”.
Elle comptait quelque 3.300 signatures au 12 décembre. À date du dimanche 21 janvier, ce total a été multiplié par cinq et dépasse désormais 15.000.
La pétition s’opposant à la dénomination de la station de métro “Serge-Gainsbourg” en Seine-Saint-Denis a ainsi pris une ampleur nouvelle, alors que se profile son ouverture, fixée au premier semestre 2024.
L’implantation de cette nouvelle station, dans la commune des Lilas, s’inscrit dans le cadre de l’extension la ligne 11 vers le nord-est. Le choix de la dénomination, effectué en 2013 par l’ex-maire Daniel Guiraud, n’était autre qu’un clin d’œil à la chanson de Serge Gainsbourg, Le poinçonneur des Lilas.
La ligne 11 s’arrêtera à l’arrêt aérien Coteaux-Beauclair.
“Un crachat à la figure”
Une militante féministe, qui se présente sous le nom de Marie G., est à l’origine de la pétition, elle-même inspirée des publications des dessinatrices Cécile Cée et Ludynamite.
Le texte appelle à ne pas attribuer à cette station “le nom d’un homme violent, misogyne notoire et chantre de l’inceste” et plaide auprès de la RATP et d’Île-de-France Mobilités (IDFM) pour un “changement de nom de la future station”.
Citant des chansons (Lemon Incest, 1984) et films (Charlotte Forever, 1986) et des frasques, l’auteure de la pétition rappelle les controverses qui ont émaillé la carrière de l’auteur-compositeur-interprète, mort en 1991.
“Post-MeToo, à l’heure de la prétendue écoute des victimes de violences comme priorité politique (que ce soit des femmes, des minorités de genre ou des enfants), à l’heure où les pédocriminels comme Matzneff ou Polanski ont maintes fois été dénoncés par leurs victimes, à l’heure où nous comptons tous les jours nos mortes tuées par des conjoints violents et malgré la fameuse ‘séparation de l’homme et de l’artiste’ prêchée par les défenseurs de notre système patriarcal, cette décision de rendre hommage à Gainsbourg est un crachat à la figure des victimes”, écrit Marie G.
Des militantes reçues à la mairie
La pétition a porté un groupe de militantes dans le bureau de Lionel Benharous, le maire socialiste des Lilas, vendredi 19 janvier, rapporte Le Parisien. Ce dernier les a reçues aux côtés de son adjointe déléguée à la culture, à l’éducation et à l’égalité entre les femmes et les hommes, Madeline Da Silva.
“Sur le fond, ils nous ont dit: si on devait choisir aujourd’hui, on ne choisirait pas le même nom. Et on nous a ensuite opposé des arguments de faisabilité, de calendrier, de coût. On nous a parlé de 900.000 euros à 1 million d’euros pour changer le nom de la station et la mairie ne veut pas prendre sur son budget”, rembobinent-elles auprès de nos confrères.
Enjoints à “porter cette demande” à IDFM, le maire et son adjointe “ont dit qu’ils allaient réfléchir sur un certain nombre de points”. Si la requête des militantes est entendue, elles promettent de ne pas manquer d’idées de “personnes à célébrer” à la place de Serge Gainsbourg.