La Banque de France prévoit une « remontée du chômage »

La Banque de France a présenté ses projections macroéconomiques pour la France sur la période 2023-2025.

Ces dernières années, les chiffres des créations de postes en France déjouaient les pronostics de la Banque de France. En cette rentrée, l’institution observe un ralentissement sur le marché de l’emploi et prévoit une légère hausse du chômage d’ici à 2025.

Alors que le gouvernement projette d’atteindre le plein-emploi d’ici la fin du quinquennat, les projections de la Banque de France, d’ici 2025 pourraient venir doucher ses ambitions.

«Â On s’attend à un changement sur le marché de l’emploi », indique Matthieu Lemoine, chef du service d’études macroéconomiques et de prévision à la Banque de France.

Ces dernières années, la France enregistrait des créations de postes malgré une faible croissance. C’était même paradoxal.  L’emploi est le poste sur lequel nous nous sommes le plus trompés ces dernières années. Nous avons eu des surprises positives sur les créations d’emploi , reconnaît Olivier Garnier, le directeur général des Statistiques, Études et International à la Banque de France, lors d’une conférence de presse lundi 18 septembre 2023.

Néanmoins, la machine à recrutement semble se gripper. Si les créations nettes d’emploi restent dynamiques, elles se modèrent.  Elles sont descendues à + 41 000 emplois au deuxième trimestre pour l’ensemble de l’économie, alors qu’elles se situaient sur un rythme trimestriel de plus de 100 000 emplois au début 2022 , précise l’institution.

Des destructions d’emploi par milliers ?

La Banque de France projette même une correction du marché du travail avec la destruction de 60 000 emplois en 2024 et 80 000 en 2025. Si les emplois non salariés continueraient à progresser, ceux du secteur salarié marchand enregistreraient le décrochage le plus important.

«Â Cette évolution de l’emploi provient à la fois des effets retardés du ralentissement de l’activité et du redressement partiel de la productivité qui est actuellement très dégradée par rapport à sa tendance pré-crise », analyse Olivier Garnier.

Ce tassement de l’emploi s’explique aussi par un ajustement de la demande de la part des entreprises.  Face au difficultés de recrutement, certaines faisaient de la rétention de main-d’œuvre dans certains secteurs , juge Matthieu Lemoine.

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En clair, elles préféraient garder de la main-d’œuvre, quitte à diminuer leur taux de productivité par salarié, plutôt que de devoir refuser des commandes dans le futur, faute de salariés.

 Avec l’arrêt des créations d’emploi, on anticipe une petite remontée du chômage  informe Olivier Garnier.

Ainsi, le taux de chômage, qui s’est élevé à 7,2 % au deuxième trimestre 2023, augmenterait progressivement pour atteindre 7,8 % fin 2025. Cela resterait toutefois un niveau inférieur à celui de 2019.

Les autres prévisions de la Banque de France

Par ailleurs, la Banque de France estime que l’économie nationale parviendrait à sortir progressivement de l’inflation sans récession et prévoit une croissance du PIB à 0,9 % pour l’année 2023. Cette prévision s’aligne donc sur celle de l’Insee. Mais demeure plus pessimiste que celle formulée par le gouvernement qui table sur 1,4 % de croissance. Pour les deux prochaines années, l’institution abaisse légèrement ses prévisions. Elle projette 0,9 % de croissance en 2024 et 1,3 % en 2025.

Concernant l’inflation, la Banque de France se veut optimiste mais prudente au regard du contexte international instable,  en l’absence de nouveau choc sur les matières premières importées, l’inflation totale reviendrait autour de 2 % en 2025.