L’« offensive transphobe » dénoncée par des manifestations partout en France ce dimanche

L’« offensive transphobe » dénoncée par des manifestations partout en France ce dimanche

A Paris, Lyon, Bordeaux mais aussi à Niort, Ajaccio ou Nancy, une quarantaine de rassemblements sont prévus dans toute la France ce dimanche 5 mai pour dénoncer un contexte ambiant hostile aux personnes transgenres. Ils sont organisés à la suite d’une tribune publiée sur le site de Politis lundi et intitulée : « Attaques contre les droits trans et reproductifs : n’attendons plus, faisons front ! »

Le Planning familial, l’autrice nobélisée Annie Ernaux, la cheffe des écologistes Marine Tondelier ou la journaliste Victoire Tuaillon… Au total ce sont 800 collectifs et personnalités politiques, artistiques, intellectuelles et militantes qui l’ont signée et appellent à manifester ce week-end contre « l’offensive transphobe ». « Le Nouvel Obs » fait le point sur l’organisation de ces rassemblements et les revendications des organisateurs.

Dénoncer une hausse des discours transphobes

Les signataires de la tribune parue dans « Politis » dénoncent « les réactionnaires » qui « cherchent à installer dans le débat public l’idée que les personnes trans sont un danger : pour les enfants, pour la société et pour elles-mêmes ». Ils pointent la multiplication des attaques contre les minorités sexuelles, décrite comme une « offensive transphobe ».

Un constat fondé, selon le sociologue Arnaud Alessandrin, interrogé par « le Nouvel Obs ». « On se trouve dans une situation de renouveau politique et social de la transphobie », s’inquiète-t-il. « D’une part parce que les attaques n’ont jamais été aussi nombreuses, elles viennent de nombreux médias et partis politiques. On n’a jamais eu une telle somme de publications et de déclarations à l’encontre des droits des personnes trans. »

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Le chercheur pointe également une intolérance qui n’est plus une « transphobie d’ignorance ou de stéréotype » mais une « transphobie d’idéologie » beaucoup plus structurée. Le sociologue donne l’exemple du livre « Transmania » de Dora Moutot et Marguerite Stern, paru le 11 avril et présenté comme une « enquête sur les dérives de l’identité transgenre ». Il est décrit par la tribune publiée dans « Politis » comme un « livre haineux » et « promu par l’ensemble de l’extrême droite politique ».

L’essai « n’est vraiment pas loin de l’incitation à la haine », estime Arnaud Alessandrin. Un avis partagé par la Mairie de Paris, qui a demandé à JCDecaux de retirer les publicités pour le livre jugé « transphobe », et par l’association SOS Homophobie qui a porté plainte contre les autrices et dénonce un déferlement de haine depuis la parution de l’ouvrage.

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Une proposition de loi des LR dans le viseur des associations

Plus que les discours et les prises de position transphobes, les manifestants s’inquiètent de la mobilisation d’élus contre les droits des personnes trans. Ils dénoncent en particulier la proposition de loi et le rapport des sénateurs Les Républicains (LR) sur les mineurs transgenres.

Les deux textes demandent entre autres d’interdire l’administration de bloqueurs de puberté aux mineurs à qui l’on diagnostique une « dysphorie de genre », un sentiment d’inadéquation entre le genre ressenti et celui de naissance. Cette mesure figure dans une proposition de loi qui sera examinée en séance publique le 28 mai et entend contrecarrer une supposée influence des « transactivistes » et des réseaux sociaux sur les plus jeunes.

Le projet des sénateurs LR est « marqué par des idéologies et des références très clairement conservatrices », analyse Arnaud Alessandrin. Le chercheur interrogé par « le Nouvel Obs » y voit un parallèle avec la mobilisation contre le mariage pour tous. « La figure de l’enfant est une nouvelle fois mobilisée, pensée comme une victime de l’“idéologie” transgenre et LGBT », explique-t-il.

Offensive des sénateurs LR sur les mineurs trans : « La droite veut les faire disparaître de l’espace public »

Le texte de loi proposé par la droite sénatoriale alarme les associations de défense des minorités sexuelles. Interrogée par « le Nouvel Obs » au moment de la publication du rapport sénatorial, la coprésidente du Réseau Santé Trans, Claire Vandendriessche, s’inquiétait de voir la droite vouloir « faire disparaître les mineurs trans de l’espace public » et les empêcher d’« exprimer leur mal-être et leurs besoins ».

Les signataires de l’appel paru dans « Politis » réitèrent leur opposition à la proposition de loi de LR et accusent le groupe d’enquête sénatorial d’avoir invité des « “experts” transphobes » prônant « les thérapies de conversion ». Dans le sillage de la proposition de loi de la sénatrice EELV Mélanie Vogel pour faciliter le changement de genre à l’état civil, la tribune réclame également une « transition dépsychiatrisée, libre et gratuite pour les personnes majeures et mineures ».