Ce que l'on sait de l'explosion d'un site Seveso à Sète qui a fait un blessé en urgence absolue

Selon les autorités, l’imposant panache de fumée qui s’est échappé du sinistre est sans conséquence pour les riverains. Des prélèvements ont été effectués et des agents de l’État vont se rendre sur place ce jeudi.

Des images impressionnantes. Mercredi 10 avril en fin d’après-midi, une explosion puis un incendie se sont succédés dans une usine classée Seveso “seuil bas” de Saipol (groupe Avril), leader français de la transformation de graines oléagineuses, dans le port de Sète, faisant un blessé grave, a indiqué la préfecture de l’Hérault.

Plusieurs véhicules de sapeurs-pompiers en intervention devant l’usine Saipol de Sète, dans l’Hérault, le 11 avril 2024

Installée dans la zone industrielle du port héraultais depuis 1989, l’usine Saipol transforme du colza d’importation en tourteaux riches en protéines pour l’alimentation animale et en huiles végétales destinées à la production de biocarburants, selon son site internet.

• L’incendie maîtrisé

Les faits ont eu lieu aux alentours de 17 heures, “dans l’entrepôt d’estérification (fabrication de carburant à partir de graines), où étaient présents 300 m3 de diester”, alors que l’entreprise était “à l’arrêt, en situation de maintenance”, a souligné la préfecture dans un communiqué.

Auprès de BFMTV, un agent de sécurité témoin de la scène fait état d’événements rapides et incontrôlables. “Ça a été très vite, j’étais là et j’ai vu de la fumée”, se remémore-t-il.

Un périmètre se sécurité a rapidement été mis en place afin de sécuriser le lieu du sinistre. Aux alentours de 21 heures, sur X, la préfecture du département a indiqué que “l’incendie est en voie d’extinction.”

Un important dispositif de secours a été déployé, dont deux groupes de lutte contre les incendies, un véhicule de détection, d’identification et de prélèvement (VDIP), un bateau pompe, la cellule d’intervention chimique des pompiers, et des moyens de la police nationale, avait expliqué la préfecture, en soulignant que l’activité portuaire a été “maintenue” et que la circulation ferroviaire n’a pas été “impactée” autour de Sète.

• Un individu en urgence absolue

Comme l’a indiqué la préfecture dans son communiqué, ” le bilan est d’un blessé en urgence absolue, un salarié de l’entreprise, qui a été héliporté” vers l’hôpital de Montpellier.

Une information confirmée à BFMTV par Guillaume Raymond, sous-préfet de l’Hérault, en déplacement sur le site en fin d’après-midi.

“Il n’y a pas de pronostic vital engagé”, a-t-il complété.

• Des risques de pollution?

Toujours selon la préfecture, l’imposant panache de fumée qui “s’étend vers la mer, ne présente pas de risque pour la population. Toujours de même source, 200 personnes de l’entreprise, dont 20 qui se trouvaient à proximité, ont été évacuées.

Dans son dernier point de situation sur X, la préfecture du département assure que les prélèvements réalisés sur site, sur le sol et dans l’air, “sont négatifs.” Des résultats plus complets doivent être communiqués ce jeudi.

“Les conditions météo nous sont plutôt favorables puisque le vent permet de repousser les fumées vers la mer. Compte tenu de la nature des produits et des analyses en cours, il y a aujourd’hui peu de risques pour les gens sur site et peu de risques pour les gens à l’extérieur du site”, confirme un responsable des pompiers interrogé par BFMTV.

Afin d’écarter tout danger, “les agents de l’État relevant de l’unité départementale de la DREAL effectueront demain (jeudi, NDLR) une visite sur site afin de proposer au préfet les mesures conservatoires nécessaires pour le fonctionnement de l’entreprise.”

• Le groupe Avril pointé du doigt

Ce n’est pas la première fois que le groupe gestionnaire du site est concerné par des incidents du même type. En 2018, deux employés, âgés de 25 et 44 ans, avaient péri dans l’explosion d’un extracteur de graines de l’usine Saipol à Dieppe, en 2018. En 2020, une usine située près de Rouen avait également pris feu.

Le “groupe Avril, présidé par le président de la FNSEA (NDLR: Arnaud Rousseau), refuse de tirer les enseignements des drames du passé”, a accusé dans un communiqué l’inspecteur du travail et représentant CGT à Rouen Gérald Le Corre, en faisant un lien entre le recours à la sous-traitance et les problèmes de sécurité.

Le groupe agroalimentaire Avril, géant français des huiles et producteur d’agrocarburant, connu du grand public pour ses marques Lesieur et Puget, a vu ses ventes refluer et son bénéfice net chuter de 82% en 2023.