ENTRETIEN. Jean-Yves Le Drian : « Jamais l’Europe n’a été autant menacée »

entretien. jean-yves le drian : « jamais l’europe n’a été autant menacée »

Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, préside le comité de soutien à la liste Besoin d’Europe de Valérie Hayer (Renaissance), pour l’élection européenne du 9 juin.

Ancien ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de 2017 à 2022, Jean-Yves Le Drian annonce à Ouest-France prendre la tête du comité de soutien à la liste Besoin d’Europe de Valérie Hayer (Renaissance). « L’Europe a toujours été pour moi le vecteur central de la paix, de la démocratie, de la croissance, de la souveraineté nationale », explique-t-il.

«Â Ma conviction européenne s’est forgée auprès du grand européen qu’était François Mitterrand. Elle s’est renforcée aux côtés de Jacques Delors dans ses réflexions et propositions. Elle s’est poursuivie avec François Hollande. Et c’est pour sa passion européenne que j’ai suivi Emmanuel Macron en 2017, » explique Jean-Yves Le Drian.

Vous présidez, désormais, le comité de soutien à la liste Besoin d’Europe de Valérie Hayer (Renaissance) pour l’élection européenne du 9 juin. Quel est son but ?

Je mets mon nom, mon histoire, mes convictions au service de Besoin d’Europe. Il y a un besoin vital, pour nous aujourd’hui, de nous unir autour de ce projet. La liste menée par Valérie Hayer pourra s’appuyer sur ce comité, qui a pour vocation de rassembler des personnalités très diverses politiques, universitaires, associatives… Elles se réuniront, pour la première fois, dans une quinzaine de jours. Le but est simple : mobiliser, expliquer et convaincre. Le comité de soutien national donnera, ensuite, naissance à quatorze comités régionaux.

Pourquoi avoir accepté cette présidence ?

Dans mon histoire politique, il y a un fil rouge : l’Europe. Elle a toujours été pour moi le vecteur central de la paix, de la démocratie, de la croissance, de la souveraineté nationale. Aujourd’hui, souverainetés française et européenne doivent se conjuguer pour garantir notre liberté et notre indépendance.

Une conviction européenne qui remonte à loin…

Elle s’est forgée auprès du grand européen qu’était François Mitterrand. J’étais son ministre de la Mer en 1992, au moment du Traité de Maastricht, une étape majeure. Elle s’est renforcée aux côtés de Jacques Delors dans ses réflexions et propositions. Elle s’est poursuivie avec François Hollande. Et c’est pour sa passion européenne que j’ai suivi Emmanuel Macron en 2017. Besoin d’Europe, avec Valérie Hayer, s’inscrit aussi dans la dynamique de la politique européenne du Président Macron, qu’il m’avait chargé de mettre en œuvre en tant que ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de 2017 à 2022. Ces cinq années ont vu l’affirmation de la force politique des Européens réunis, notamment face au Covid, à l’Ukraine et à la crise climatique.

Est-il vrai que vous avez refusé de prendre la tête de la liste Renaissance pour ce scrutin européen ?

Oui. Il y a un âge pour tout.

En quoi cette élection du 9 juin est-elle majeure ?

Jamais l’Europe n’a été aussi nécessaire, alors que le monde vit un basculement. Et jamais le projet qu’elle incarne n’a été autant menacé. L’élection du 9 juin n’est pas une question de politique intérieure, mais bel et bien un rendez-vous décisif pour l’avenir de l’Europe, à court et moyen termes. L’enjeu est grave, existentiel même.

Vraiment ?

L’Europe est menacée de l’extérieur. On le voit avec la guerre que fait la Russie à l’Ukraine. On le voit avec les risques d’extension du conflit au Moyen-Orient, région stratégique pour nous. On le voit avec l’affirmation désinhibée d’empires considérant l’Europe comme un espace à dépecer ou conquérir. L’Europe est aussi menacée de l’intérieur en raison des tentations de repli national considéré comme la solution à nos problèmes, alors que c’est la recette assurée de l’affaiblissement et de la dépendance. Si l’Europe du XXIe siècle ne s’affirme pas, elle se disloquera. C’est là tout l’enjeu du scrutin du 9 juin face au Rassemblement national qui, lui, propose une Europe à la carte, avec pour seul programme le détricotage de l’Union européenne et, en réalité, un démantèlement des traités. Il en résulterait une Europe sans force collective, ni souveraineté, avec des États livrés au jeu de puissances hostiles. Or, dans le contexte international, nous avons besoin d’une Europe réunie et forte. Le RN, c’est le Frexit qui ne dit pas son nom et donc le rétrécissement de la France.

Vous dites que ce 9 juin n’est pas une élection intermédiaire. Or, plusieurs listes, dont le RN, en font le match retour de la présidentielle…

Le sujet du 9 juin est de savoir si l’Europe va sortir ou pas de l’histoire, si demain les enjeux de la planète se limiteront à un rapport de force entre les USA et la Chine, ou si l’Europe s’affirmera comme un acteur majeur. La question centrale est de savoir si nous voulons ou non que l’Europe maîtrise son destin, que celui-ci dépende ou non d’une élection en Caroline du Nord ou dans le Wisconsin. L’Europe doit porter notre ambition commune pour assurer elle-même sa souveraineté dans six domaines majeurs : la sécurité, la santé, le climat, l’industrie, le numérique, l’alimentation… L’enjeu est qu’elle soit au rendez-vous de sa défense et de son autonomie stratégique, qu’elle soit capable de mettre en œuvre une régulation numérique autonome et qu’elle s’affirme dans le domaine climatique, affaire de toute une génération, comme une référence mondiale de puissance décarbonée.

Des électeurs de gauche, ayant soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle, semblent se tourner vers la tête de liste PS Raphaël Glucksmann. Comme l’expliquez-vous ?

Personnellement, je suis profondément et depuis toujours social-démocrate. Mais je suis un social-démocrate de l’action, de la recherche de solutions, pas de l’incantation et de l’ambiguïté. Ma grande question c’est pourquoi les socialistes français ne se sont-ils pas joints aux sociaux-démocrates européens dans des votes majeurs au parlement de Strasbourg ? En réalité, la liste Glucksmann est toujours prisonnière de la Nupes. Et cette gauche mène à l’impasse.

News Related

OTHER NEWS

Vieillir à domicile coûte-t-il vraiment moins cher qu'aller en Ehpad?

1216 euros par mois en moyenne, c’est le coût moyen sur 20 ans qu’il faut prévoir pour vieillir dignement chez soi de 65 ans à plus de 85 ans. Aller ... Read more »

Face à une fronde syndicale majeure en Suède, Tesla décide de poursuivre l’État

À l’origine des protestations : le refus de Tesla d’adhérer à une convention collective sur les salaires. Le géant américain Tesla, confronté au refus des employés du secteur postal suédois ... Read more »

Nucléaire : près de 100 millions d'euros pour six projets français de réacteurs innovants

Vers l’infini, et au-delà (ou pas). Six projets supplémentaires de réacteurs nucléaires “innovants” feront l’objet d’un soutien de l’État français, à hauteur de 77,2 millions d’euros, auquel s’ajoute un accompagnement ... Read more »

JO-2024: quasi doublement du prix des tickets de métro parisiens pendant l'été

JO-2024: quasi doublement du prix des tickets de métro parisiens pendant l’été Le prix du ticket de métro parisien à l’unité va quasi-doubler durant l’été, a annoncé la présidente du ... Read more »

Hautes-Alpes: 10 à 15 cm de neige en vallée, jusqu'à 25 dans le Valgaudemer et les Écrins

Le département des Hautes-Alpes a engagé pas moins de 150 personnes depuis 4 heures du matin ce mardi 28 novembre. 10 à 15 cm de neige sont tombés en vallée ... Read more »

Hyundai et Kia dévoilent l'«Universal Wheel Drive System»

Module du système Uni Wheel SEOUL, 28 nov. (Yonhap) — Les constructeurs automobiles locaux Hyundai Motor et Kia Corp. ont dévoilé un nouveau système de traction intégré dans la roue ... Read more »

L’oryctérope du Cap, un animal unique en son genre

L’oryctérope du Cap est le seul membre de son genre, n’ayant aucun parent proche vivant aujourd’hui. Même s’il est appelé aardvark en afrikaans, ce qui signifie “cochon de terre”, il ... Read more »
Top List in the World