Kaja Kallas, Sandrine Rousseau, Asma Mhalla… Revivez les débats de l’Université Libé à la Sorbonne

Si la vidéo ne s’affiche pas, cliquez ici.

En résumé :

  • A cinq semaines du scrutin du 9 juin, Libération organise à Paris I Panthéon-Sorbonne deux journées de débats autour des grands enjeux des élections européennes. Jeudi soir, les principales têtes de liste se sont succédé au micro.
  • Ce vendredi 3 mai, des invités prestigieux défilent dans le grand amphithéâtre : les eurodéputés Aurore Lalucq et David Cormand, le sénateur Yannick Jadot, le député Benjamin Haddad, les chercheurs Michaël Zemmour et Asma Mhalla ou encore Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT.
  • Au cours d’un propos de près d’une heure, la Première ministre de l’Estonie, Kaja Kallas, a insisté sur la nécessité de «faire perdre la Russie» en Ukraine via une mobilisation européenne.

Et voilà, c’est fini. Merci d’avoir suivi cette journée riche en débats en notre compagnie !

Faut-il inventer une alternative à l’adhésion pure et simple ? «Oui, il faudrait, lâche Paul Magnette. Le problème, c’est qu’on n’a toujours pas trouvé la formule.» Et ce n’est pas faute d’avoir essayé «à peu près tout», insiste le bourgmestre de Charleroi, qui cite entre autres la politique de voisinage. Mais année après année, le constat reste le même : «Les pays à la frontière de l’Europe ne veulent qu’une chose : entrer dans le club», et pas seulement à moitié. Une façon pour eux, poursuit le président du PS belge, de profiter de la portée symbolique de l’Union européenne. «C’est vécu comme un label de qualité, de bonne conduite. Et donc toutes les formules alternatives sont difficiles à mettre en œuvre.» Résultat, conclut Paul Magnette : «Penser une autre forme d’intégration ne peut être présenté que comme un plan ».

Matière à réfléchir.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Paris, le 3 mai 2024. Université Libé des Européennes, dans le Grand amphithéâtre de la Sorbonne.

Elargir oui, mais pas n’importe comment. Paul Magnette pose deux conditions à l’ouverture de l’UE. «Il faut renforcer les politiques sociales», les «critères de droits humains» et la «protection de l’Etat de droit» et faire de l’Europe une «vraie union budgétaire avec des taxes sur les fortunes, les multinationales et une taxe carbone aux frontières». Et savoir dire vraiment non quand il le faut. Evoquant l’adhésion de la Turquie, candidate depuis 1987, le bourgmestre de Charleroi le dit : « Je pense qu’un jour, il faudrait avoir l’honnêteté intellectuelle de dire à la Turquie qu’elle ne rentrera pas dans l’Union européenne (…) ça devient presque ridicule.»

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Paul Magnette, ce vendredi après-midi à la Sorbonne.

Pour Paul Magnette, l’élargissement est «le meilleur outil de politique étrangère» de l’UE. La question de l’élargissement est «vraiment la question existentielle pour l’Union européenne», répond à son tour Paul Magnette, qui se réjouit que le thème soit enfin abordé. Pour lui, «ce n’est pas une question technique. C’est une question politique.» Et de développer : «Je comprends pas qu’on se dise de gauche et qu’on dise non à l’élargissement. C’est le meilleur outil de politique étrangère qu’on ait car il donne un pouvoir énorme sur l’économie et l’état des droits humains d’un pays candidat.» Pour le bourgmestre de Charleroi, il ne faut absolument pas renoncer à l’élargissement au risque de «perdre ce pouvoir».

Dans l’œil de Terreur Graphique.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Pour Clément Beaune, «appuyer sur le frein n’a pas fonctionné» en matière d’intégration. «Rien de pire que l’élargissement non assumé», commence Clément Beaune prenant pour exemple les Balkans qui attendent depuis une vingtaine d’années leur intégration dans l’UE ou encore la Turquie «qui ne devrait pas entrer» dans l’union pour l’ancien ministre. «Il vaut mieux dire “Vous ne rentrerez pas”, poursuit le porte-parole Renaissance. On risque de créer une immense déception dans les Balkans. » Le porte-parole de la campagne Renaissance pour les européennes déplore la position historique de la France : «appuyer sur le frein mais ça n’a pas fonctionné». Faut-il remercier Jacques Chirac et son fameux «ils ont manqué une occasion de se taire» adressé aux pays de l’Est ? Clément Beaune acquiesce et concède : « on en paye les conséquences aujourd’hui. Quand on va voir un dirigeant croate ou bulgare, je peux vous assurez qu’ils se souviennent de notre réticence.»

Elargissement : stop ou encore ? Neuf Etats sont officiellement candidats à l’adhésion à l’Union européenne : l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, la Macédoine du Nord, la Moldavie, le Monténégro, la Serbie, l’Ukraine et la Turquie. Des demandes qui se font de plus en plus pressantes depuis le 24 février 2022 et le début de la guerre en Ukraine. La guerre menée par la Russie est-elle un argument pour faciliter et accélérer l’entrée de pays européens de l’Est dans l’Union ? L’UE est-elle apte institutionnellement à intégrer de nouveaux pays ? L’élargissement amplifiera-t-il la dynamique d’une union à plusieurs vitesses ? C’est le sujet de notre dernier débat de la journée.

Débat. Avec Clément Beaune, porte-parole Renaissance et ancien ministre et Paul Magnette, bourgmestre de Charleroi (Belgique), président du PS belge, ancien ministre. Rencontre animée par Anne-Sophie Lechevallier, journaliste à Libération et Ségolène Barbou des Places, juriste, professeure à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et directrice du GIS euro-lab.

Et si on regardait du côté de la Scandinavie ? «Le rapport au travail a énormément évolué», souligne Marylise Leon, évoquant sans surprise la pandémie. Avant de quitter discrètement l’amphithéâtre, la secrétaire nationale de la CFDT a livré sa vision du futur : «L’avenir, c’est un travail plus démocratique», insiste-t-elle, pointant du doigt l’importance de donner à chacun un moyen «d’avoir un mot à dire sur son travail, et de pouvoir davantage participer aux décisions». Pour cela, la syndicaliste appelle à voir au-delà du système français. Et à s’inspirer d’autres pays de l’Union européenne, à l’image de la Suède et du Danemark. Pour Michaël Zemmour, assis à ses côtés, difficile de parler du futur du travail sans évoquer l’urgence écologique. «Probablement que les défis de la transition écologique demandent un débat sur un changement de régime», conclut le maître de conférences en économie.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Un plan d’action pour enfin faire naître une Europe sociale ? Interrogé sur la portée du plan d’action pour un socle européen des droits sociaux, adopté en avril dernier, Mohamed Bensaada note «l’ambition de certaines mesures» mais reste prudent. «En politique, je crois à l’obligation, non à l’incitation. Si on veut mettre en place une véritable politique sociale et harmoniser les pays européens. Il faut obliger, insiste-t-il. Sinon j’ai peur que cela soit un simple vœu pieu.» Sous sa casquette de syndicaliste, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, est plus optimiste. Elle voit dans ce plan un «super levier à activer pour faire valoir les droits des travailleurs» en France.

L’Union Européenne n’est sociale qu’en temps de crise ? Mohamed Bensaada, répond sèchement. «Même en temps de crise, elle n’est pas très protectrice.» A titre d’exemple, le candidat LFI aux élections européennes raconte «les grands moments de flottement» qu’il a connu lorsqu’il travaillait à l’hôpital pendant le Covid. «Il y a eu une impréparation qui nous a mis dans un grand désarroi.» Alors quand aucune crise ne pointe son nez, le candidat dresse un portrait morose de l’aide sociale européenne. «On est face à de grands défis sociaux, d’inégalité mais rien n’est fait.» Pour autant, «deux tiers des facteurs dégradants la santé de la population sont déterminés par leurs conditions de travail, leur nourriture», embraye Eric Chenut, président de la Mutualité Française. Alors, on a tout intérêt à faire de la prévention, au niveau européen.

Où est passée l’Europe sociale ? 57 % des ouvriers et 44 % des employés voteraient pour le Rassemblement national, d’après un sondage Ipsos réalisé en amont des élections européennes. Le sondage est clair : les classes populaires votent majoritairement pour l’extrême droite. Cette dynamique est-elle le mot d’une Europe dont le social a été oublié sur l’hôtel du libéralisme ? L’Europe peut-elle être unie et solidaire sur les enjeux de travail ? Comment remettre une priorité sur la santé, première préoccupation des Français ? Voilà le menu de notre avant-dernier débat, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.

Débat. Avec Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, Michaël Zemmour, économiste, Mohamed Bensaada, candidat LFI aux élections européennes, Eric Chenut, président de la Mutualité Française. Rencontre animée par Maud Benakcha, journaliste à Libération et Sophie Robin-Olivier, professeure à l’école de droit de la Sorbonne, Paris I Panthéon-Sorbonne. Avec la participation de Catherine André, cofondatrice et directrice éditoriale du site multilingue Voxeurop et présidente de l’association des journalistes européens.

Le Green Deal en danger ? «La problématique des questions environnementales, c’est que les gens y sont plutôt favorables, mais qu’ils n’en font pas leur enjeu fondamental». Quelques minutes avant de laisser la place au prochain débat, Théodore Tallent tente de répondre à une question de taille : le pacte vert est-il vraiment en danger ? «Je reste relativement optimiste, poursuit le chercheur doctorant. Je ne pense pas qu’il va y avoir un retour en arrière complet sur le Green Deal.» Justement, insiste l’enseignant en science politique à Sciences-Po, «il est important de ne pas surestimer le mécontentement». Et surtout, de ne pas détricoter «tout notre programme environnemental» par peur de ce mécontentement. «Je pense qu’il faut rester ferme», conclut finalement Théodore Tallent. Ce sera la phrase de fin.

L’œil de Terreur Graphique et de Coco.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne
kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

«Prix planchersВ» pour les agriculteurs. Juste avant de s’éclipser pour retourner Г  l’AssemblГ©e Nationale, oГ№ elle dit В«mouiller la chemiseВ» pour amender le projet de loi agriculture, AurГ©lie TrouvГ© Г  rappelГ© la nГ©cessitГ© de dГ©fendre aux frontiГЁres de l’hexagone une В«production nationale relocalisГ©eВ» assurant Г  ses paysans В«des prix planchersВ». В«La France a dГ©cidГ© stratГ©giquement de sacrifier ses paysans dans les annГ©es 1960В», cingle David Cormand. Et de critiquer В«l’happening qu’est le salon de l’agricultureВ». Pour l’élu vert, В«tout le monde fait semblantВ» au Parc des expositions. В«La gauche, la droite et mГЄme les FranГ§ais qui font semblant de savoir ce qu’est l’agriculture.В», grince-t-il. Pour avoir une agriculture Г©cologique et durable, AurГ©lie TrouvГ© et David Cormand s’accordent sur un point : mettre le plus de valeur possible sur les paysans.

Pacte vert ou pacte brun ? «L’enjeu du 9 juin, c’est de savoir si oui ou non on passe du pacte vert au pacte brun», résume l’écologiste David Cormand. «Brun» en référence aux énergies fossiles, mais aussi à l’extrême droite «qu’on doit combattre», poursuit l’eurodéputé. L’enjeu, selon lui, est de taille, alors que le «Green Deal» a été l’acte majeur de «ce mandat 2019-2024». Mais si l’écologiste tient à vanter le pacte – et notamment son aspect «sobriété», il l’admet : il existe aussi «un certain nombre d’ambiguïtés». Et surtout, «il manque un pied fondamental : c’est la thune».

En coulisses. «Je vous ai vu à la télé !», lance la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, à l’économiste Michaël Zemmour. «Moi aussi», lui répond la star de la réforme des retraites 2023, qui avait méthodiquement démonté les arguments gouvernementaux de plateau en plateau. Les deux ne s’étaient donc jamais rencontrés avant cette table ronde consacrée à l’Europe sociale. Michaël Zemmour ne cache pas être arrivé de mauvaise humeur, la faute à la quantité de policiers croisés non loin de la Sorbonne, symptomatique de l’ambiance répressive du moment. Un peu plus tôt Marylise Léon confiait s’inquiéter de la vague de harcèlement raciste subie par la journaliste d’Arrêt sur images Nassira El Moaddem : «C’est fou.»

Comment financer la conversion écologique ? Si l’élue LFI Aurélie Trouvé appelle à désobéir aux règles européennes, David Cormand lui oppose un seul concept : «le fédéralisme européen». Seule arme contre l’évasion fiscale «des puissants» qui «freine la transition écologique» ou seul atout pour faire concurrence aux GAFAM, le fédéralisme est l’unique porte de sortie que le «peuple européen regagne sa souveraineté» et pour «changer le rapport de force avec le capitalisme». «Le modèle de l’État-nation comme quintessence de la souveraineté est mort», assène l’eurodéputé EELV. L’élu poursuit en disant que ces «mêmes Etats-Nation freinent les avancées écologiques» en prenant pour exemple la France «championne d’Europe sur la désobéissance des règles écologiques européenne.» «L’UE est une démocratie inachevée, souffle David Cormand. Mais heureusement que ses règles sont là. C’est pourquoi je suis un fédéraliste invétéré.» «Un doux optimisme», commente Aurélie Trouvé.

«En Europe, il est impossible de poursuivre la conversion climatiqueВ». AprГЁs avoir apportГ©, au dГ©tour d’une phrase, son soutien au mouvement Г©tudiant В«pour la paixВ», la dГ©putГ©e LFI AurГ©lie TrouvГ© n’a pas manquГ© de tacler le manque d’investissements europГ©ens pour l’écologie. В«Les plans climats sont trГЁs en dessous pour atteindre les objectifs prГ©vus pour 2030, cingle la dГ©putГ©e. Pour les tenir, il faut sortir des Г©nergies fossiles. Pourtant depuis deux ans, on rouvre tranquillement des centrales Г  charbons il y a 2 ans.В» Continuant sa critique du modГЁle europГ©en, AurГ©lie TrouvГ© s’attaque au manque de moyens financiers que l’Union alloue Г  l’écologie et pointe spГ©cifiquement la В«rГЁgle des 3 % de detteВ». В«Pourtant, pendant le covid, on a fait pГ©tГ© cette rГЁgle en 10 joursВ», rappelle avec un petit sourire David Cormand, eurodГ©putГ© Г©cologiste. В«L’Europe freine l’investissement Г©cologique, conclut AurГ©lie TrouvГ©. Et aujourd’hui elle prГ©voit une diminution de 1 milliard d’euros sur le poste Г©cologie du budget ?В» Pour finir sa critique de la politique Г©cologique europГ©enne, AurГ©lie TrouvГ© s’en prend Г  l’ennemi numГ©ro 1 de son parti : В«les politiques de libГ©ralisationВ» qui В«laminent les industries photovoltaГЇques et l’agriculture.В»

«J’ai une bonne nouvelle. C’est qu’en cinq ans, l’Europe a mis un coup d’accГ©lГ©rateur sur la transition Г©cologiqueВ». C’est en fГ©licitant le travail de l’Europe que Neil Makaroff, directeur du think tank Strategic perspectives et expert associГ© Г  la Fondation Jean JaurГЁs, a introduit la confГ©rence В«Face Г  l’urgence climatique, l’Europe est-elle Г  la hauteur ?В». Il a louГ© le Pacte vert et a rappelГ© qu’il s’agit de la В«plus grande sГ©rie de mesures au niveau europГ©enВ» sur le plan Г©cologique en citant notamment ses victoires : fin de la vente des vГ©hicules thermiques neufs en 2035, taxe carbone aux frontiГЁres, principe pollueur-payeur dans certains secteurs comme l’aviation… Il a appelГ© dГ©sormais Г  В«poursuivre sur cette lancГ©eВ», insistant sur l’importance de ces Г©lections europГ©ennes pour contrer В«la vague anti-climat qui dГ©nonce le Pacte vert et demande son abandonВ». В«Il faut prendre la menace de la montГ©e de l’extrГЄme droite au sГ©rieuxВ», ajoute-t-il. В«L’Europe pourrait ГЄtre dГ©classГ©e si on n’accГ©lГЁre pas cette transition Г©cologiqueВ», mettant en Г©vidence sa concurrence avec les Г‰tats-Unis et la Chine.

L’œil de Terreur Graphique et de Coco.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne
kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Kaja Kallas vante les bénéfices communs à l’élargissement. La Première ministre estonienne est favorable à l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne et estime qu’il ne s’agit pas qu’une question de sécurité commune. «Il y a des bénéfices économiques. Pour les pays qui entrent, bien sûr : quand l’Estonie est entrée il y a 20 ans, le salaire moyen était 48 % de celui de l’UE, rappelle-t-elle. Désormais nous sommes à 90 %. Mais le PIB de l’UE grandit aussi avec les nouveaux membres. Ca crée un marché plus grand, plus d’opportunités, plus d’emplois. Nous avons une taille considérable, il nous faut utiliser cette force.»

On lui oppose que les agriculteurs ne sont pas forcément de son avis, certains goûtant peu la perspective de voir leurs homologues ukrainiens rejoindre le marché unique. «Quand on a rejoint il y a 20 ans, tout le monde parlait des plombiers polonais qui allaient prendre les métiers de tout le monde, rembobine Kaja Kallas. Mais quand c’était le Portugal, on disait la même chose des agriculteurs portugais, c’est ce qu’a raconté l’ancien Premier ministre Antonio Costa. Je ne crois pas que ça arrivera non plus avec l’Ukraine.»

Kaja Kallas dans les couloirs de la Sorbonne.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Lors de l’arrivée de Kaja Kallas à la Sorbonne, ce vendredi après-midi.

«Les Ukrainiens ne se battent pas que pour leur indГ©pendance et leur intГ©gritГ© territoriale, ils se battent aussi pour l’idГ©e europГ©enne.В» InterrogГ©e sur le temps mis par la France et l’Allemagne pour rГ©agir en soutien Г  l’Ukraine, la PremiГЁre ministre estonienne formule une recommandation : В«Lisez Les AveuglГ©s, de Sylvie Kaufmann, c’est un trГЁs bon livre en franГ§ais, je suis triste que ce soit pas traduit en anglais. Ce que raconte ce livre, c’est que la France et l’Allemagne nous [les pays de l’Est, ndlr] ont longtemps regardГ© depuis une perspective russe. J’espГЁre que nous avons dГ©passГ© ce point. Nous avons tout simplement des backgrounds historiques diffГ©rents.В» Faut-il accГ©lГ©rer pour aider l’Ukraine ? В«Oui, il faut accГ©lГ©rer, rГ©pond sans dГ©tour Kaja Kallas. Les Ukrainiens ne se battent pas que pour leur indГ©pendance et leur intГ©gritГ© territoriale, ils se battent aussi pour l’idГ©e europГ©enne. Si l’Ukraine est dГ©faite, la Russie va continuer et plus personne ne sera en sГ©curitГ©.В». Et la PremiГЁre ministre estonienne d’invoquer В«les leГ§ons des annГ©es 1930 : quand quelque chose arrive en Europe, Г§a peut se rГ©pandre trГЁs rapidement dans le continentВ».

Dans l’œil de Coco et de Terreur Graphique.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne
kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Kaja Kallas compte sur l’Europe pour que «la Russie perde sa dernière guerre coloniale». La Première ministre estonienne est arrivée dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Elle arbore une broche jaune et bleu, les couleurs de l’Europe comme celles de l’Ukraine. «Il y a deux jours, on fêtait les 20 ans de l’entrée de l’Estonie dans la famille européenne, ça signifie beaucoup pour nous», dit-elle en anglais. Mais évidemment, l’invasion de l’Ukraine est dans l’esprit de celle dont le pays est frontalier de la Russie. «Nous avons besoin que Poutine perde sa dernière guerre coloniale», pose-t-elle. Kaja Kallas se réfère à la pensée de l’historien américain Timothy Snyder, qui veut que l’Europe s’est construite précisément sur la fin des guerres coloniales. «C’est à nous, européens, de faire en sorte que ce soit la dernière guerre coloniale de la Russie». Et pour qui lèverait un sourcil, la Première ministre estonienne précise : «La Russie n’est pas considérée comme puissance coloniale, mais nous étions une colonie russe pendant 50 ans. Ca marchait de la même manière qu’une colonie».

Mi-temps ! C’est la pause à la Sorbonne, le temps d’avaler un sandwich et on se retrouve avec la Première ministre estonienne, Kaja Kallas.

Défense européenne : «on n’a clairement pas les moyens tous seuls». «Il faut penser à 27», résume Aurore Lalucq en fin de débat. Dans l’amphithéâtre, la députée européenne ne mâche pas ses mots : «Poutine est un tyran qui ne s’arrêtera pas. Et ensuite, nous risquons l’élection de Donald Trump». Résultat, estime-t-elle : l’Union européenne ne doit plus être un marché unique, mais une «entité politique». «Le saut fédéral, il est vital. Si vous voulez de la souveraineté européenne, il faut du fédéralisme», dit-elle, reprenant l’un des axes de campagne de Raphaël Glucksmann. Assise à ses côtés, Laurence Boone tient à nuancer : «Ce n’est pas forcément un saut fédéral en général. Mais il y a des projets sur lesquels il faut qu’on travaille ensemble». Avant d’ajouter, pour clore : «Quand on parle d’économie de défense, on n’a clairement pas les moyens tous seuls. Mais on a des moyens européens.»

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Laurence Boone, Aurore Lalucq et Asma Mhalla, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, ce vendredi.

L’œil de Terreur Graphique.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne
kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Il faut que l’Europe «se muscle» sur sa réponse aux cyberattaques. «Mais quand on parle de désinformation, comment on y répond ? C’est quoi une réponse d’un État de droit», s’interroge Laurence Boone, ancienne secrétaire d’État macroniste chargée de l’Europe. «Ce sont des campagnes de cyberharcèlement qui se jouent sur le long terme. Les réponses doivent donc être menées à long terme», lui rétorque Asma Mhalla,. Elle évoque en particulier la réponse dite «offensive» qui doit être «double». «D’abord le service de renseignement à l’intérieur du pays qui va cibler les groupes conspirationnistes. Et ensuite communiquer. Il faut qu’on se muscle là-dessus», insiste-t-elle. Car Asma Mhalla rappelle que ces campagnes ont un but de «déstabilisation». Elles visent à casser «le lien de confiance» qui existe par exemple entre l’armée et les citoyens. Selon elle, il est donc primordial de miser sur l’explication et «recréer du lien».

«Quand les cyberattaques fonctionnent, on ne le voit pasВ». В«Avec les IA et les rГ©seaux sociaux, la dГ©sinformation est massive et hyper personnalisГ©eВ», alerte Asma Mhalla, chercheuse Г  l’EHESS, au sujet des dГ©rives et de la guerre dГ©sinformationnelle. Le problГЁme de ces outils technologiques, В«c’est qu’il sont dans nos poches, dans nos smartphonesВ». C’est pourquoi la docteure rappelle qu’il est nГ©cessaire de que В«le tissu civil monte en compГ©tence sur ces sujets car dans notre usage personnel, il y a forcГ©ment une portГ©e militaireВ», poursuit-elle. C’est pour cela que Tik Tok fait couler beaucoup d’encre.В» Pour rassurer, Asma Mhalla rappelle que la France est В«n’est pas Г  la ramasse dans la protection cyberВ». Mais reste un problГЁme. В«Quand les cyberattaques fonctionnent, on ne le voit pasВ», rappelle-t-elle. S’ensuit un petit silence.

Pour aider l’Ukraine, Aurore Lalucq veut contraindre l’industrie de l’armement à exporter vers Kyiv. «On doit aider l’Ukraine à gagner cette guerre» «On a aidé la résistance ukrainienne. Maintenant, on doit aider l’Ukraine à gagner cette guerre […] et à retrouver ses frontières», assure Aurore Lalucq. Pour cela, la députée européenne PS appelle à prioriser. «La France est le deuxième exportateur mondial d’armes. C’est du côté de l’Ukraine que ça devrait aller» d’abord, plutôt qu’en direction du Moyen-Orient ou de l’Asie. Et pour financer l’économie de guerre, celle qui brigue un second mandat d’eurodéputée invite à «avoir le courage politique d’aller chercher de l’argent là où il est», évoquant un emprunt commun au niveau européen, mais aussi une taxation des ultrariches.

Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, ce vendredi.

Faut-il préparer la guerre ? «Si nous voulons la paix, il faut nous préparer à la guerre» alertait en mars 2024 dans Libération le président du conseil européen, Charles Michel. En parallèle, la Lettonie a rétabli le service militaire obligatoire de 11 mois pour les hommes de 18 à 27 ans. L’armée polonaise propose aux citoyens volontaires un entraînement aux techniques de survie et au maniement des armes. Ces discours de préparation à un conflit sont-ils des outils diplomatiques alarmistes ou réalistes ? 2024 sera-t-elle l’année où une défense européenne verra le jour ? In fine, l’Europe se prépare-t-elle à une guerre totale ? Voilà les tenants de notre troisième débat de la matinée.

Débat. Avec Asma Mhalla, docteure en études politiques, chercheure à l’EHESS, politologue spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques de la tech et de l’IA, Aurore Lalucq, députée européenne PS, Laurence Boone, économiste, ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’Europe. Rencontre animée par Sonia Delesalle-Stolper, cheffe du service Planète de Libération et Stéphane Rodrigues, maître de conférences en droit de l’Union européenne à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.

L’ambiance ne retombe pas après le débat. En coulisses, l’échange animé (tendu ?) entre Nora Hammadi et Sandrine Rousseau sur les classes populaires se poursuit. La seconde n’a pas apprécié le reproche de condescendance de la première sur scène. «Ce n’est pas du mépris», répète Rousseau. «Mais ils le vivent comme ça ! Il faut les entendre !», rétorque la journaliste. Le socialiste Arthur Delaporte tente une médiation. «J’en ai marre de ces polémiques à la con», dit il à Rousseau. La fameuse «synthèse» socialiste ? «On a toujours besoin d’un social libéral», le vanne Rousseau. Delaporte apprécie guère : «Mais je suis pas social libéral ! Je suis social écologiste !»

L’œil de Coco et de Terreur Graphique.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne
kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Le ton monte dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Sandrine Rousseau revient sur le faible écho qu’ont connu ses idées notamment lors de la primaire chez les Écologistes en 2022. «Vous vous souvenez de la campagne d’humiliation que j’ai subi ? L’extrême droite m’a humiliée, les médias m’ont caricaturé.» «Comme vous l’aviez fait avec le barbecue», décoche Nora Hamadi. De quoi relancer une polémique déjà connue. Sandrine Rousseau se rend coupable de «mépris de classe» tacle sèchement Nora Hamadi. L’accusée rétorque en listant ses arguments : «arrêter la viande est l’une des actions individuelles les plus simples à mettre en place pour réduire son empreinte carbone». S’ensuit une minute de petite cacophonie. Fin socialiste, «donc modéré», Arthur Delaporte essaie mettre fin à ces «caricatures» de propos, tout en se rangeant du côté Rousseau et des engagements écologistes : «La question de l’alimentation dans les enjeux écologiques est centrale». Avant d’ironiser, la viande est «tellement chère aujourd’hui» que de moins en moins de monde ne peut en acheter. D’ailleurs, «il n’y en a pas dans les distributions alimentaires».

Sandrine Rousseau défend Marie Toussaint, «la seule qui a obtenu une condamnation de l’Etat pour inaction climatique». «Au moment où il faut se battre pour le green deal, on a un score plus faible qu’en 2019. Il y a un problème non ?». Guillaume Sacriste, maître de conférence en science politique à Paris I Panthéon-Sorbonne, interroge Sandrine Rousseau sur le score de la tête de liste des Écologistes, Marie Toussaint, aujourd’hui à 7 % dans les sondages. «Je rappelle quand même que Marie Toussaint est la seule qui a obtenu une condamnation de l’État pour inaction climatique, lui répond Sandrine Rousseau. Alors évidemment on ne la crédite pas pour cela. Mais maintenant, j’aimerais beaucoup que la liste écologiste fasse un gros score aux européennes». En 2019, la liste emmenée par Yannick Jadot était arrivée en tête des formations de gauche avec 13,4 % des voix.

Puis Sandrine Rousseau tacle Emmanuel Macron. «J’en ai ras-le-bol de cette posture de sauveur permanent», lâche la députée écologiste, sous les applaudissements d’une partie de l’amphithéâtre. En Europe, «on s’est donné les moyens de faire en sorte de fonctionner ensemble, et de ne pas être dans la main d’un seul homme. C’est précisément l’inverse de ce que porte Macron», fustige Sandrine Rousseau, qui dénonce une «incarnation gaullienne de la politique». Les yeux rivés vers le public, la députée insiste : il est temps de retrouver «ce souffle» européen.

Préparation studieuse en coulisses. Après de longues minutes de discussion, le bavard Yannick Jadot quitte l’arrière-scène. Au même moment, l’ancienne ministre macroniste de l’Europe, Laurence Boone, rentre dans la pièce en tout discrétion. Dans quelques minutes, l’ex-sherpa de François Hollande tentera de répondre sur scène à la question «Faut-il préparer la guerre ?». Les autres participantes aux débats arrivent au compte goutte, d’abord la candidate sur la liste PS aux européennes Aurore Lalucq, puis la politologue Asma Mhalla. Avant de se lancer, la cheffe du service international de Libération, Sonia Delesalle-Stolper, fait asseoir tout le monde pour se caler. Laurence Boone et Aurore Lalucq en profitent pour échanger les numéros de téléphone.

Sandrine Rousseau attaque Renaissance sur la définition européenne du viol.

Sandrine Rousseau fustige le «techno-solutionnisme» de Macron. «Être européen ça se décrète pas, lance Nora Hamadi, journaliste chez Arte pour relancer le débat. Si on veut que les jeunes votent, il faut aller les chercher un à un.» A cela, Sandrine Rousseau répond vivement : «Mais qu’est-ce que l’Europe a fait pour ces jeunes ?» Après deux minutes de discussions autour des inégalités d’accès au programme Erasmus +, la député écologiste remet l’église au centre de son village. «La préoccupation climatique est au cœur du vote des jeunes. Pourtant le discours européen n’y répond absolument pas, assène Sandrine Rousseau en haussant le ton. Quand j’écoute Macron, c’est un récit techno-solutionniste qui nous mène à notre perte.» Ne manquant pas de faire souffler Benjamin Haddad.

L’œil de Coco et de Terreur Graphique.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne
kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Arthur Delaporte dénonce la «communication» de Jordan Bardella. Pour Sandrine Rousseau, l’explication du retard du parti écologiste s’explique par «le backlash écolo dont nous sommes victimes» que ce soit dans le débat public ou à Bruxelles. «Voir Ursula Von der Leyen s’allier à Giorgia Meloni, c’est catastrophique», dit-elle encore. Arthur Delaporte acquiesce avant de recentrer sur le danger de Jordan Bardella : «il ne porte aucune mesure pour les jeunes. C’est simplement de la communication».

Benjamin Haddad aussi appelle à «recréer le récit européen». «Le Rassemblement National et l’abstention sont les deux principales forces de la jeunesse, avoue Benjamin Haddad, député Renaissance. Et c’est une leçon d’humilité.» Pour les prochaines élections, seul un quart des jeunes comptent se rendre aux urnes. Pourquoi les partis présents autour de la table n’arrivent pas récupérer leurs voix ? Renew est particulièrement loin dans les sondages des votes des jeunes alors Benjamin Haddad martèle qu’il «faut reprendre l’élection européenne à ceux qui, comme le RN, la volent. Entendre Jordan Bardella dire : si je suis élu, je dissous l’Assemblée Nationale. C’est du vent. Alors pour contrer le RN, il faut recréer le récit européen, l’idéal européen.»

Benjamin Haddad refait le match entre Hayer et Bardella. Autour d’un café, le député Renaissance de Paris, avant son débat sur «l’Europe et les jeunes», débriefe celui de la veille entre sa tête de liste, Valérie Hayer, qu’il a trouvé «punchy», et le candidat du RN, Jordan Bardella, «crispé». «Elle l’a mis sur la défensive sur l’Ukraine», dit l’élu de la capitale, avant de parler de la campagne : «Le défi pour nous, c’est de recentrer les débats sur l’Europe. Le RN fait une campagne nationale.» D’où l’intérêt, selon lui, de parler des enjeux européens et d’évoquer un «moment exceptionnel» en Europe, le possible retour de Trump aux Etats-Unis, les frontières… Quid, en revanche, de l’agitation des Insoumis dans les facs, qui secoue la campagne : «Il ne faut pas tomber dans le piège de LFI», estime Haddad, qui pointe une «fuite en avant» de Jean-Luc Mélenchon.

Sandrine Rousseau plaide pour un débat qui permette aux jeunes de «se projeter sur l’avenir». «Bien sûr qu’on s’affole», a déclaré Sandrine Rousseau, députée Les Écologistes, en ouverture du débat «L’Europe, pourquoi les jeunes s’en fichent ?». Elle pose d’entrée une problématique : «La question, c’est quelle va être la légitimité de l’Europe derrière ?» en cas d’abstention massive. Elle pointe du doigt le débat politique actuel qui se limite à une «série de mesures». «De manière générale, nos récits politiques manquent d’aspiration à quelque chose de mieux, déplore Sandrine Rousseau. Le débat qui existe sur l’Europe ne permet pas à un jeune de se projeter sur l’avenir.» Un manque «d’aspiration», selon elle, qui doit amener à un autre «schéma», car pour l’heure, «c’est un récit de régression».

«Vous ne me faГ®tes pas un grand nez, hein ?В» Rencontre impromptue en coulisses. AprГЁs son dГ©bat, le sГ©nateur Г©cologiste Yannick Jadot dГ©briefe autour d’un petit cafГ© entourГ© de quelques journalistes de la rГ©daction. Quand soudain, notre dessinatrice Coco passe par-lГ . В«Je suis trГЁs fan de vous en caricatureВ», lance-t-elle Г  l’ancien candidat vert Г  la prГ©sidentielle. В«Vous me faГ®tes pas un grand nez, hein ?В», rГ©pond en Jadot en ricanant. RatГ© !

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Coco, ce vendredi matin à la Sorbonne.

L’Europe, pourquoi les jeunes s’en fichent ? Deuxième débat à la Sorbonne, sur la (dé) mobilisation des jeunes pour les élections européennes. En 2019, environ 62 % des jeunes Français ne sont pas allés voter aux élections européennes, soit près de 10 points de plus que la moyenne d’abstention nationale. Est-ce par désintérêt ? Par manque de représentativité ? Ou bien par manque d’engagement ? Les institutions européennes sont-elles si éloignées des réalités des citoyens européens et en particulier de celles des moins de 30 ans ? La moyenne d’âge des têtes de liste françaises aux élections – 35 ans – aidera-t-elle à rendre compréhensible les institutions ? Finalement, où se place l’engagement européen quand le désintérêt pour sa politique grandit ?

Débat. Avec Sandrine Rousseau, députée les Ecologistes, Benjamin Haddad, député Renaissance, Nora Hamadi, journaliste chez Arte et France culture, Arthur Delaporte, député PS. Rencontre animée par Maud Benakcha, journaliste à Libération et Guillaume Sacriste, maître de conférences en science politique à Paris I Panthéon-Sorbonne. Avec la participation de Théo Verdier, codirecteur de l’observatoire Europe de la Fondation Jean Jaurès.

Chloé Ridel appelle à ne pas oublier le féminisme. La candidate PS Place Publique insiste : les manières de lutter contre la menace impérialiste sont multiples. Parmi elles : protéger les médias des ingérences, soutenir les pays qui sont agressés par des puissances impérialistes ou encore avoir un devoir d’exemplarité au Parlement européen. Mais pas que. «Une des façons de lutter contre l’impérialisme, c’est aussi la diplomatie féministe, et c’est aussi le soutien aux femmes qui se battent pour leurs droits», lance la candidate socialiste, sous les applaudissements du public. Assis à sa gauche, Yannick Jadot acquiesce.

L’œil de Coco et de Terreur Graphique.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne
kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Sandrine Rousseau et Arthur Delaporte déplorent les clashs à gauche. Pendant que Yannick Jadot et Chloé Ridel débattent dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, l’écologiste Sandrine Rousseau et le socialiste Arthur Delaporte arrivent en coulisses. La première «est saoulée» par la campagne et les clashs permanents entre insoumis et socialistes. «C’est dur on est enfermés dans le truc des gauches irréconciliables c’est insupportable», regrette-t-elle. «Tu remarqueras que je suis très modéré», répond Delaporte. Lequel s’agace de voir les mélenchonistes «cliver à fond» jusque dans les tracts. Le député du Calvados est énervé par de nouveaux tracts insoumis sur lesquels figure Raphaël Glucksmann aux côtés de Valérie Hayer et Jordan Bardella. Le temps passe, on papote de l’actualité, des blocages des universités, de la gauche. «Vous êtes nostalgiques de votre âge d’or», vanne l’écolo au socialiste qui répond du tac-au-tac : «Non l’âge d’or est pour demain».

Le spectre de l’extrême droite inquiète Jadot et Ridel. L’ombre de l’extrême droite plane sur ce débat autour de l’impérialisme et inquiète les deux orateurs. L’extrême droite à trois ennemis aujourd’hui, explique Yannick Jadot. Par nature, le migrant et maintenant se sont ajoutés la figure de la féministe et de l’écologiste. Deux nouvelles figures prises pour cibles car elles incarnent la «nécessité de repenser toute la société». Face à cette montée de l’extrême droite, Yannick Jadot et Chloé Ridel s’inquiètent de la porosité du camp macroniste à ces idées. «En 2017 et 2022, j’ai voté Macron au second tour mais pour faire barrage aux idées de Le Pen, illustre l’écologiste. Je ne veux pas qu’elles soient dans les programmes.»

Si avant, l’extrême droite voulait quitter l’Europe, poursuit Chloé Ridel, maintenant «elle veut l’infiltrer pour la détruire de l’intérieur. C’est la vraie menace». Une image qui a particulièrement choqué les deux participants au débat illustrent leur propos, les défilés fascistes à Milan de la semaine passée. «On va vers une Europe du repli, de la xénophobie, du recul des droits des femmes, s’inquiète Chloé Ridel. Nous avons la responsabilité de faire barrage.»

Rose et vert à la Sorbonne.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Chloé Ridel et Yannick Jadot, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, ce vendredi matin.

Yannick Jadot dénonce la façon dont Emmanuel Macron va recevoir Xi Jinping. «J’ai entendu beaucoup d’eurobullshit», tacle Yannick Jadot, se référant à la prise de parole de Jean-Noël Barrot. «Quand j’entend qu’il faut lutter contre le l’impérialisme chinois et russe je dis oui, martèle Yannick Jadot. Mais quand on sait que notre président va recevoir Xi Jinping dans quelques jours. C’est non.» Faut-il couper tous les ponts avec ces régimes «autoritaires, dictatoriaux, non, mais il faut les recevoir comme des dirigeants impérialistes» précise l’élu écologiste. «Quand on reçoit Poutine, on le reçoit pas à Versailles ou à Brégançon.» «», raille le sénateur écologiste. On le reçoit comme européen et avec des européens et on le questionne : sur le génocide Ouighours, sur le dumping des matériaux.» Face à Vladimir Poutine, il faut adopter la même stratégie. «Au niveau européen, il faut porter de la cohérence sinon c’est de l’eurobullshit.»

«Il est trop tГґt pour faire des plans sur la comГЁteВ». InterrogГ© sur la position qu’adopterait Renew en cas d’alliance entre le Parti populaire europГ©en (PPE) (droite) et les Conservateurs et rГ©formistes europГ©ens (ECR) (extrГЄme droite), Jean-NoГ«l Barrot a refusГ© de rГ©pondre clairement, se contentant de rГ©pondre qu’il Г©tait В«trop tГґt pour faire des plans sur la comГЁte sur qui dirigerait la Commission europГ©enneВ». A la place, le ministre chargГ© de l’Europe en a profitГ© pour appeler Г  voter pour Renew lors des Г©lections europГ©ennes, dont В«la France est la principale dГ©lГ©gationВ». Il faut dГ©sormais se demander В«qui envoyons-nous Г  Bruxelles et Г  Strasbourg pour relayer ces idГ©es franГ§aises et rallier les autres pays Г  nos idГ©esВ», a renchГ©ri l’élu Modem, assurant que В«le mieux placГ© pour le faireВ» Г©tait Renew.

L’œil de Terreur Graphique.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Jean-Noël Barrot ne livre pas de scoop sur la liste Renaissance. On ne change pas un journaliste. Ayant le ministre délégué à l’Europe sous la main, l’éditorialiste de Libé Thomas Legrand essaie de gratter un scoop. «Vous pouvez nous en dire un peu plus sur la liste Renaissance ? Par exemple la position de Bernard Guetta… (présenti pour figurer très haut, ndlr)» Au premier rang de l’amphithéâtre, Yannick Jadot s’esclaffe, trépigne. «C’est France Inter», rigole-t-il, en référence à ce qui fut la maison commune de Legrand et Guetta. Quoi qu’il en soit, Jean-Noël Barrot ne moufte pas : «Patientez encore un peu… Tant pis pour le scoop, alors !

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Plus de «booty thérapie» mais les «fondamentaux» pour les écolos. Les écolos reprennent eux les «FON-DA-MEN-TAUX». C’est en tout cas le message que Yannick Jadot veut faire passer. L’ancienne tête de liste en 2019, arrivé en tête de la gauche à l’époque (13 %), est en bout de liste cette fois-ci (petit manip au passage pour pouvoir être présent sur les affiches et les bulletins de vote sans sanctions de la commission nationale des comptes de campagne…) et fait de la retape pour le meeting écolo à Bordeaux, demain samedi. «On aura une famille rassemblée. On revient aux fondamentaux du meeting», assure le sénateur de Paris. Une allusion au meeting de lancement à l’Elysée-Montmartre qui avait surpris jusqu’aux cadres du mouvement avec une scénographie très originale et une «booty thérapie collective»… «Là on aura Jadot, Tondelier et Toussaint qui parle à la fin». Sur une terre de rugby, quand on est dans la difficulté, on revient effectivement aux fondamentaux.

«L’UE est en danger de mortВ». La parole est au ministre dГ©lГ©guГ© Г  l’Europe, Jean-NoГ«l Barrot. D’entrГ©e, l’élu Modem revient sur le discours d’Emmanuel Macron prononcГ© il y a un peu plus d’une semaine ici, Г  la Sorbonne. В«Un discours fondateur et visionnaireВ», fayotte-il. A l’unisson, Barrot estime que l’Union europГ©enne est en В«danger de mortВ». Cela, Г  cause de l’addition d’un triple risque existentiel. D’abord : В«l’insГ©curitГ© gГ©nГ©ralisГ©e sur le continentВ» Г  cause notamment de В«la Russie impГ©rialisteВ» de Vladimir Poutine. Ensuite, deuxiГЁme risque : В«le dГ©clin Г©conomique et l’appauvrissement gГ©nГ©ralisé» au moment oГ№ la Chine et les Etats-Unis investissent massivement dans certains industries В«pour prendre de l’avanceВ». Enfin, s’ajoute Г  Г§a В«la dГ©sintГ©gration dГ©mocratiqueВ» avec un dГ©bat public qui se polarise de plus en plus.

Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.

kaja kallas, sandrine rousseau, asma mhalla… revivez les débats de l’université libé à la sorbonne

Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, ce vendredi matin.

En coulisses, la discorde à gauche s’invite déjà dans les discussions. Premiers arrivés ce matin, la socialiste Chloé Ridel, candidate sur la liste de Raphaël Glucksmann et le néosénateur écolo Yannick Jadot. Les deux râlent un peu de constater que leur débatteur du jour, le ministre délégué à l’Europe, Jean-Noël Barrot, a (un peu) plus de temps de parole qu’eux. Protocole oblige. Devant le café offert par Libé, ça papote campagne électorale. Si Glucksmann a squeezé les questions de Chez Pol hier soir, c’est qu’il «ne veut plus répondre» sur les attaques des insoumis et de Mélenchon. «On ne veut pas revenir dessus, insiste la porte-parole des socialistes. Il est derrière, nous on regarde devant.» Et notamment un meeting prévu le 30 mai à Paris.

Jadot, lui, en viendrait presque à regretter l’époque (pas si lointaine) où les insoumis étaient plus sympas avec eux car majoritaires à gauche après la présidentielle et les législatives : «Ils nous marchaient sur la gueule mais avec le sourire, plaisante-t-il. Là ils redeviennent méchants.» Et l’ancien député européen de livrer une anecdote : «Au soir du 2e tour des législatives, il m’a envoyé «t’inquiète pas, tu seras ministre» par SMS. Il y croyait.» «Il», vous savez qui…

Premier débat : face au retour des impérialismes, que peut l’Europe démocratique ? Les équilibres géopolitiques fragilisent la mondialisation. Face à l’impérialisme chinois, au retour possible de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et aux percées illibérales et extrémistes en Europe, comment l’UE se protège-t-elle des dérives internationales et des dérives nationales… de ses Etats membres ? Comment conforter le socle de nos droits fondamentaux ? Et, in fine, de nos démocraties ?

Dialogue avec Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe. Et, débat avec Chloé Ridel, porte-parole du PS, Yannick Jadot, sénateur les Ecologistes. Rencontre animée par Thomas Legrand, éditorialiste à Libération et Francisco Roa Bastos, maître de conférences en science politique à Paris I Panthéon-Sorbonne.

Good morning ! Goedendag ! Bom dia ! A cinq semaines du scrutin du 9 juin, Libération organise à Paris I Panthéon-Sorbonne deux journées de rencontres autour des grands enjeux des élections européennes. Ce vendredi 3 mai, une succession de débats prend place dans le grand amphithéâtre avec des invités prestigieux : les eurodéputés Aurore Lalucq et David Cormand, le sénateur Yannick Jadot, le député Benjamin Haddad, les chercheurs Michaël Zemmour et Asma Mhalla ou encore Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT. Nous vous faisons vivre toute cette journée en direct.

OTHER NEWS

29 minutes ago

A new Bruce Springsteen documentary coming to Hulu and Disney Plus will take us on the road with the E Street Band

29 minutes ago

Karl Stefanovic is all smiles as he steps out with his wife Jasmine Yarbrough to watch the Brisbane Broncos

30 minutes ago

Storms cause widespread damage in Houston, killing at least 4. Some face no power for weeks

30 minutes ago

Rebel SP MLA from Unchhahar joins BJP at Amit Shah's rally

30 minutes ago

Billie Eilish 'Hit Me Hard And Soft' Brooklyn Listening Party Report

30 minutes ago

Georgia's Russia-Style Law Could Hurt EU Chances: President

30 minutes ago

William: Urgent action on antibiotics resistance is needed for future generations

30 minutes ago

Passport-free ‘FaceBoarding’ trial at airports could mean major changes for how you travel

33 minutes ago

President Putin: Russia open to peace talks on Ukraine, rejects ultimatum

33 minutes ago

UK seeks to build on initial momentum after Great Futures summit in Saudi Arabia

33 minutes ago

Wales’ 20mph speed limit did not improve air quality, study finds

37 minutes ago

Bill Maher Asks “Where’s The Beef” About Reasons For Kendrick Lamar/Drake Feud

38 minutes ago

NWS confirms a tornado touched down northwest of Houston

38 minutes ago

Rassie van der Dussen to lead Proteas in T20I series against West Indies

38 minutes ago

Lightning Sign Gritty Prospect to ELC

38 minutes ago

2024 Hyundai Venue review

38 minutes ago

Smriti props up ‘labharthis’, local connect to woo voters

38 minutes ago

Turning back the clock to 1995: Pacers force Game 7 vs. Knicks at Madison Square Garden

39 minutes ago

Trump allies are planning a "purge" of the Justice Department, hoping to eliminate checks on power

39 minutes ago

Oxford student productions of Shakespeare have a very long history of engaging professionals

39 minutes ago

How did Eurovision 2024 unfold?

39 minutes ago

2024 Qatar Economic Forum Opening Ceremony

39 minutes ago

Study shows olive oil reduces risk of dementia

39 minutes ago

Ramírez's homer in the 8th inning leads Guardians to 3-2 win and sends Twins to 4th straight loss

40 minutes ago

Cassie's husband calls out ‘abusers' after alleged ‘Diddy' assault video

42 minutes ago

1,200 UMass Dartmouth grads surprised with $1,000 in cash from billionaire commencement speaker

42 minutes ago

5 stellar ASX growth shares to buy for strong returns

43 minutes ago

Nelson Cruz hired by MLB as special adviser for baseball operations

43 minutes ago

Pep Guardiola provides Kevin De Bruyne injury update ahead of Man City vs West Ham

43 minutes ago

Over 200,000 visitors descend on Brisbane for major weekend

43 minutes ago

Last of China’s pandas in America will soon be leaving and heading home

44 minutes ago

New endangered listing for rare lizard could slow oil and gas drilling in New Mexico and West Texas

46 minutes ago

‘Blue Bloods’ Last Midseason Finale TV Review: NYPD Family Drama Plays Stays Steady With Some Cynicism, Church & ‘Trainspotting’

46 minutes ago

FWAW's Lauren McNeil addresses rumours she's dating Farmer Bert after his shock exit: 'It's been unexpected'

46 minutes ago

Taylan May: Penrith Panthers player arrested over allegations he punched and kicked a woman in the face in domestic violence incident

47 minutes ago

The 10 Best Comfortable White Sneakers Our Editors Have Walked All Over the World in — Starting at $55

47 minutes ago

Bennett confirms Souths move, open to coaching past 80

47 minutes ago

Lok Sabha polls: More than roti-kapda, makaan plans spooking Mumbai slum areas

47 minutes ago

Jordan Rapana dodges ban, Josh Papalii cops a week

47 minutes ago

Paralympic uniform featuring accessibility modifications launched at Australian Fashion Week

Kênh khám phá trải nghiệm của giới trẻ, thế giới du lịch