«Je préfère garder l’école que la Poste…» Cambremer fait contre mauvaise fortune bon cœur
Le bureau de Poste de Cambremer va fermer fin mai, remplacé par une agence postale dans la Maison France services située juste en face. LP/Esteban Pinel
Tentes, banderoles, affiches… Cambremer se prépare au festival des AOC-AOP, qui mettra en lumière les saveurs de son terroir ces samedi 4 et dimanche 5 mai. Au cœur du village du pays d’Auge, une institution locale s’apprête, elle, à s’éteindre : la Poste. « Je suis très assidue à la Poste, j’écris beaucoup et j’envoie des colis. J’étais déçue d’apprendre la fermeture », souffle Jacqueline, habitante depuis 12 ans.
À l’automne dernier, le conseil municipal a officialisé la fin de l’histoire pour la fin mai. Le bureau, dans son joli immeuble, était en sursis depuis plusieurs années. En 2021, nous avions recueilli l’inquiétude des villageois alors que la Poste était menacée, du fait de la baisse d’activité. « Sans la Poste, il y a un risque que tout s’en aille petit à petit. C’est l’effet dominos. Moi, par exemple, quand je viens à l’agence, j’en profite pour faire des courses que je n’aurais pas faites autrement », nous confiait Lucette. Trois ans plus tard, pourtant, les dernières heures du bureau n’ont pas fait tomber le bourg dans la sinistrose.
Des activités postales au sein de la Maison France service
« C’est dommage pour la commune mais on garde les services, c’est le principal », relativisent deux habitantes. Car Cambremer troque sa Poste contre une agence postale, dans sa Maison France services située… de l’autre côté de la rue. « On nous dit qu’on aura des services comparables, on verra bien », glisse Jacqueline. « Oui, clame Sylvie Feremans, la maire, avec des horaires d’ouverture élargis par rapport au bureau ». Il y aura timbres, courriers, colis, du lundi au samedi, làoù la réorganisation de la Poste avait conduit àune baisse des créneaux ou des non-remplacements dernièrement. L’activité bancaire suscite encore des réserves car la Maison France services « ne fera que du dépannage financier, dans la limite de 500 euros par semaine pour les clients », précise une agente.
Après avoir reculé l’échéance, Cambremer n’a pas pu faire face à « l’inéluctable » et décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Pour Luc, un riverain, « c’est la vie moderne. La société évolue vers les mails et les commandes sur les plateformes. Si je vais dix fois à la Poste par an c’est le maximum. Mais je préfère garder l’école que la Poste. On a des commerces, des professions médicales, une gendarmerie. Le bourg est vivant. »
L’agence postale prendra le relais début juin et mise sur son sens de la proximité : « On connaît les gens, qui sont rassurés de garder le service. Le cadre est agréable, sympathique. On saura s’adapter à cette mission », dit-on à la Maison France services. Après avoir dissipé ses inquiétudes, le village se questionne désormais sur l’immeuble de sa presque ancienne Poste, mis en vente par son propriétaire privé au prix de 275 000 euros.