Le temps n’a pas effacé la sidération, la colère, l’incompréhension. Trois semaines après le soutien affiché du président de la République à Gérard Depardieu, accusé de violences sexuelles, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés ce jeudi 11 janvier place Saint Augustin à Paris, pour dénoncer «l’impunité» dont font encore l’objet les agresseurs, et la «culture du viol» qui imprègne la société française, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. «Qu’il soit acteur, PDG, ou monsieur tout le monde : un violeur est un violeur ! Halte à l’impunité», ont scandé des manifestantes, emmenées par Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes.
«Gardez votre vieux monde, nous en voulons un sans violences sexistes et sexuelles», exhortaient les protestataires, réunis à l’appel de plusieurs associations féministes (Collectif féministe contre le viol, Fédération nationale solidarité femmes, Femen, Osez le féminisme !), rassemblés sous la bannière «grève féministe». Quand on lui demande pourquoi elle s’est déplacée, Mélanie, autrice et dessinatrice de 52 ans emmitouflée dans un bonnet fushia bardé de slogans féministes, répond du tac-au-tac : «Pour changer le monde ! Pour qu’enfin on punisse les violeurs et les pédocriminels.»
«Pas juste des erreurs ou des glissades»
Derrière elle, bravant le froid polaire, trois Femen se sont dénudées, sous le regard admiratif de passants congelés, ne conservant que des pantalons bleu blanc rouge, sur lesquels on pouvait lire : «Patriarcat, t’es foutu ! #MeToo est dans la rue !» «Enfin, je sens que quelque chose est en train de se passer. Depuis l’affaire Depardieu, l’opinion a bougé. C’est une fête», s’est félicitée l’actrice Anna Mouglalis. Elle qui était présente lors de la présentation publique du rapport final de la Commission indépendante contre l’inceste et les violences sexuelles dans l’enfance (Civiise) s’est insurgée contre l’éviction du juge Edouard Durand à sa tête, jugeant ce changement «honteux» : «Ce que fait ce gouvernement, ce ne sont pas juste des erreurs ou des glissades. C’est une volonté», a dénoncé l’actrice.
«J’espère qu’on verra de plus en plus de manifs de ce type, parce que vraiment, ce n’est plus possible»
Et de juger les «propos délirants», d’Emmanuel Macron : «C’est d’autant plus inacceptable qu’il a prétendu faire de l’égalité la grande cause du quinquennat. Certes, la parole est performative… Mais les mots ont un sens ! Et surtout il ne faut pas oublier qu’il y a des personnes réelles derrière tout cela. C’est aussi le sens de ma présence», a-t-elle dit, allusion à la comédienne Charlotte Arnould, l’une des trois femmes ayant déposé plainte contre Gérard Depardieu, présente à ce rassemblement.
«Double discours»
«L’honneur de la France, ce n’est pas Depardieu, c’est Charlotte Arnould, qui a osé faire face aux puissants», a estimé Cécile Delarue, l’une des vingt femmes à avoir pris la parole publiquement pour dénoncer des violences sexuelles commises par PPDA, elle aussi «révulsée» par les propos présidentiels. «Il n’a jamais un mot pour les victimes, qui se retrouvent sur le banc de l’accusation. J’espère qu’on verra de plus en plus de manifs de ce type, parce que vraiment, ce n’est plus possible», a renchéri Margot Cauquil-Gleizes, qui a elle aussi déposé plainte contre l’ex-journaliste de TF1. Même son de cloche pour la députée écologiste Sandrine Rousseau : «En matière de violences sexistes et sexuelles, que ce soit pour l’affaire Hulot, Abad ou Depardieu, le Président a toujours pris le parti de l’agresseur. C’est non seulement honteux pour lui, mais cela fait aussi rejaillir cette honte sur la France», a déploré l’élue.
Au micro, plusieurs représentantes d’associations étudiantes se sont succédé, pour pointer le poids de cette culture du viol qu’entretiennent selon elles de tels propos. «Dans les écoles, dans les week-ends d’intégration… Les violences sexuelles sont encore fréquentes, et les victimes ont encore du mal à se faire entendre», a ainsi relaté une jeune femme, pointant au passage «le manque de moyens de l’Etat sur cette question et le double discours du gouvernement».
Des rassemblements se sont également tenus devant les palais de justice et préfectures d’une trentaine de villes de France, à Lyon, Marseille, Pau, Caen ou Besançon. A Paris, certaines appelaient déjà à «descendre massivement dans la rue» le 8 mars prochain, lors de la journée internationale pour les droits des femmes.
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