Isild Le Besco indique ne pas être prête à porter plainte contre Benoît Jacquot
La cinéaste et comédienne met en cause Benoît Jacquot, qui a noué une relation avec elle alors qu’elle avait 16 ans, et lui 52. Jowan Le Besco
«Ã‚ C’est déjàtellement éprouvant d’écrire ». Dans une autobiographie àparaître ce mercredi, l’actrice et réalisatrice Isild Le Besco explique ne pas être prête àporter plainte contre le réalisateur Benoît Jacquot, qu’elle accuse de l’avoir « violée ». Ce livre intitulé « Dire vrai », aux éditions Denoël, revient longuement sur la relation que la comédienne et le réalisateur ont entamée quelques mois après le tournage du film « Sade », alors qu’elle avait 16 ans et lui 52 ans.
Lors d’un entretien avec Le Parisien en février, l’actrice, aujourd’hui âgée de 41 ans, affirmait qu’il était « probable qu’à un moment » elle porte plainte contre lui, ainsi que contre un autre réalisateur, Jacques Doillon, qu’elle accuse de lui avoir retiré un rôle après plusieurs semaines de travail parce qu’elle aurait refusé ses avances.
Finalement, Isild Le Besco donne les raisons pour lesquelles elle n’a pas répondu aux appels d’enquêteurs de la brigade des mineurs qui souhaitent l’entendre, à la fin de son livre. « Ils me sollicitent et me sollicitent encore pour recueillir ma plainte contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon », rapporte-t-elle. « Je n’ai pas envie de me confronter encore à ces institutions poussiéreuses, pensées et régies par des hommes (…) C’est déjà tellement éprouvant d’écrire. De nommer. De faire face à ses maux », poursuit l’autrice.
« Son viol est aussi incestueux »
«Ã‚ ÃŠtre victime, oui, mais de qui ? Et de quoi exactement ? De la sexualisation de mon corps au cinéma ? Des années d’emprise de Benoît Jacquot ? Du manque d’éthique professionnelle de Jacques Doillon ? », s’interroge-t-elle. « Dire que Benoît m’a violée, c’est évident (…) J’étais une adolescente et je lui ai donné mon entière confiance. Il s’est substitué àmon père, ma mère, àtoute figure d’autorité. En cela, son viol est aussi incestueux », considère l’actrice.
Dans les colonnes du Parisien, la comédienne, qui a tourné dans une trentaine de films et réalisé cinq longs métrages, avait accusé Benoît Jacquot de « violences psychologiques, surtout », décrivant « une emprise destructrice, une perte de soi ». « Il y a eu aussi des violences physiques, parfois, sous le coup de la colère », avait-elle aussi confié. Elle estimait déjà que « la police et la justice, comme le gouvernement, sont des instances créées et dirigées par des hommes » et que ce « pouvoir en place (…) n’a aucun intérêt profond à ce que les choses changent ».
«Ã‚ La Brigade des mineurs m’a appelée pour témoigner de ce que j’ai vécu avec Benoît Jacquot et avec Jacques Doillon : ce n’est pas normal qu’il faille un scandale médiatique pour être écoutée par la police et par les tribunaux », avait-elle déjàfustigé, expliquant avoir déjàété « en contact avec la police et la justice » par le passé, suite à« de graves problèmes avec des hommes », et ne garder que « choc et humiliation de ces expériences ».
Une autre actrice, Judith Godrèche, 52 ans, a porté plainte contre les deux réalisateurs pour des violences sexuelles et physiques qui remonteraient à son adolescence, des accusations réfutées par les deux cinéastes. Sa prise de parole avait créé une nouvelle onde de choc dans le milieu du cinéma, la propulsant en fer de lance d’une nouvelle vague du mouvement #MeToo dans le secteur.
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«Ã‚ Pourquoi accepter que cet art qui nous lie soit utilisé comme couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ? », avait-elle notamment lancé dans d’un discours coup de poing lors de la cérémonie des Césars en février dernier, quatre ans après le départ fracassant de l’actrice Adèle Haenel lors de l’édition 2020 de la compétition, qui avait sacré le réalisateur Roman Polanski, accusé de viol. « Tout ce qui se passe est encourageant, mais ce qu’il faut, c’est que les institutions évoluent », avait estimé en février Isild Le Besco auprès du Parisien.
L’autobiographie de l’actrice paraît d’ailleurs au lendemain de la publication d’une tribune en soutien au mouvement MeToo dans le magazine Elle, signée par 100 personnalités masculines dont des acteurs et réalisateurs parmi lesquels Reda Kateb, Jacques Audiard ou encore Swann Arlaud.