Inflation alimentaire : pour une famille de quatre personnes, manger sainement "coûte 539 euros par mois", selon l'association Familles rurales

Selon l’association, plus de dix millions de Français en France sont en situation de précarité alimentaire. “Ça veut dire que près de 11 millions de personnes aujourd’hui, en France, au XXIe siècle, ne mangent pas à leur faim.”

Inflation alimentaire : pour une famille de quatre personnes, manger sainement “coûte 539 euros par mois”, selon l’association Familles rurales

Pour une famille de quatre personnes, manger sainement, selon les préconisations du plan national nutrition santé, “coûte 539 euros par mois”, a précisé mardi 23 janvier sur franceinfo Nadia Ziane directrice du département consommation de l’association Familles rurales. Selon l’Observatoire des prix Familles rurales 2023, l’inflation alimentaire a progressé de près de 12% en 2023. L’association de défense des consommateurs estime que 10,8 millions de Français sont en situation de précarité alimentaire. “Ça veut dire que près de 11 millions de personnes aujourd’hui en France au 21ᵉ siècle ne mangent pas à leur faim”, a-t-elle expliqué. Une inflation alimentaire à laquelle s’ajoute une augmentation du prix de l’électricité et un doublement des franchises médicales en février et mars. Les ménages vont être obligés de faire des arbritages sur l’alimentaire, “la seule variable d’ajustement”, dit-elle. “C’est un très mauvais signal qu’envoie le gouvernement”, selon elle.

franceinfo : Pour manger sain, il faut y mettre les moyens ?

Nadia Ziane : Pour une famille de quatre personnes, deux adultes et deux enfants au minimum, quand on souhaite respecter les recommandations des autorités sanitaires pour être en bonne santé, ça coûte 539 euros par mois. Pour vous donner un ordre d’idée, quand on gagne deux Smics et qu’on a deux enfants, ça représente 20% de ses revenus, donc c’est énorme.

“Le triste enseignement que l’on tire cette année, contrairement à l’année dernière, c’est qu’en réalité l’inflation a particulièrement touché les produits sains.”

Nadia Ziane, de l’association Familles rurales

à franceinfo

En 2022, on était plutôt rassurés de voir que les hausses des produits bruts avaient été relativement contenues. Là, c’est tout l’inverse.

Comment l’expliquez-vous ?

On ne l’explique pas. Il y a certains produits sur lesquels le climat explique certaines augmentations, comme les carottes, +40% d’augmentation, mais ça s’explique. On l’explique beaucoup moins sur d’autres produits et c’est la raison pour laquelle Familles rurales avait appelé le président de la République à respecter son engagement de mettre un peu le nez dans les marges. On a assez peu de chiffres.

“Les chiffres dont on dispose démontrent un enrichissement qui n’est pas normal de certains maillons au détriment de certains autres.”

Nadia Ziane

à franceinfo

Les Français sont obligés de choisir des produits de moins bonne qualité ?

L’avantage des fruits et des légumes, c’est qu’on a entre 80 et 100 produits à disposition des consommateurs toute l’année. La carotte, si elle a augmenté de 40%reste encore accessible. Elle est autour de 2 euros le kilo. Ce qu’il faut dire aux consommateurs, c’est que, dans les arbitrages qu’ils sont obligés de faire aujourd’hui, il faut surtout éviter de consommer des produits transformés et ultra-transformés. Il y a au moins cinq fruits et légumes qui coûtent moins de 2,50 euros toute l’année. Il ne faut surtout pas renoncer à cette alimentation saine. Maintenant, la réalité, c’est qu’on a aujourd’hui en France au XXIe siècle, alors que notre président de la République prônait une France juste et une France forte, on a 10,8 millions de nos concitoyens qui sont en situation de précarité alimentaire. Ça veut dire que près de 11 millions de personnes aujourd’hui, en France, au XXIe siècle, ne mangent pas à leur faim.

Les prix de l’électricité vont augmenter jusqu’à 9,8% au 1ᵉʳ février. Ce n’est pas le bon moment ?

C’est une très grosse inquiétude pour nous. D’abord, il faut rappeler que c’est un choix politique. Ce n’est pas du tout imposé par l’Europe. Cette taxe, elle existe au niveau européen. Maintenant, il appartient aux États de fixer son taux. Donc la France a décidé dans un moment où les budgets des ménages sont extrêmement contraints d’augmenter l’accès à un service essentiel. Qu’est-ce qui va se passer si l’électricité augmente de 9,8% ? La seule variable d’ajustement qu’on a aujourd’hui, quand on est un consommateur, c’est précisément l’alimentation. On ne s’alimente déjà pas correctement. Qu’est-ce que ça va donner demain ?

“Le gouvernement aurait dû faire d’autres choix, aller chercher de l’argent ailleurs et pas sur le dos des consommateurs.”

Nadia Ziane

à franceinfo

Le ministre de l’Économie dit qu’on subventionne par ces baisses de taxes très importantes les prix de l’électricité et qu’il était temps d’en sortir. Vous n’êtes pas d’accord ?

Pas au pire moment pour les consommateurs. L’État a joué son rôle. À Familles rurales, on l’a reconnu dès le départ, en protégeant, en sacralisant l’accès à ce bien essentiel qu’est l’électricité. Il ne le fait plus aujourd’hui au moment où on a deux ans de crise derrière nous, on a une inflation alimentaire qui n’a jamais atteint de tels niveaux. Clairement, ça n’était pas le moment. Où chercher l’argent ? Au même moment, l’industrie agroalimentaire enregistre des records qualifiés d’excessifs par l’Autorité de la concurrence. On aurait pu aller taxer ces profits excessifs qui plongent les consommateurs dans une détresse très inquiétante.

Sans compter que les franchises médicales vont être doublées à partir du mois de mars. Là aussi, ça arrive au mauvais moment pour les ménages ?

C’est un très mauvais signal qu’envoie le gouvernement. Il y a deux priorités pour les familles aujourd’hui, c’est le pouvoir d’achat et la santé. On n’a pas de ministre qui soit en charge directement du pouvoir d’achat et la santé a été noyée dans le ministère du Travail. Aujourd’hui, on préfère dépenser 20 milliards d’euros à soigner des pathologies qu’on pourrait éviter si on s’alimentait mieux plutôt que d’investir dans une politique de prévention. Le chèque alimentaire a été abandonné, c’est une mauvaise idée. La modération des marges excessives, on n’en parle plus, alors que c’est un sujet. On pourrait accessoirement mettre en place ce qu’on appelle le bouclier qualité prix, c’est-à-dire sacralisé une cinquantaine de produits dont on sait qu’ils sont sains et compatibles avec l’environnement. On plafonnerait ces prix de 50 produits et ce serait aidant pour les consommateurs.

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