Assemblée nationale, palais bourbon, paris
Derrière sa façade de style antique se cachent bien des secrets? À commencer par son origine : le Palais-Bourbon fut commandé par une princesse, Mademoiselle de Nantes, duchesse de Bourbon puis princesse de Condé, la fille légitimée de Louis XIV et de sa maîtresse Madame de Montespan? Les architectes s’inspirent du Grand Trianon de Versailles, le palais reste chez les Condé jusqu’à la Révolution, l’assemblée du Directoire y siège, puis la famille le récupère sous la Restauration et le loue au gouvernement pour y installer la Chambre des députés ? l’État finit par l’acheter en 1827 et aménage le fameux Hémicycle que l’on connaît.
Quant à sa façade à colonnade, elle est purement décorative : c’est Napoléon qui l’a commandée, soucieux de faire écho à celle de la Madeleine, alors Temple de la gloire, édifié juste en face. À la fin du XIXe siècle, l’ancien palais devient le centre névralgique de la IIIe République triomphante et connaît un destin mouvementé, que le journaliste Wally Bordas retrace avec délice dans les Histoires secrètes de l’Assemblée nationale (éditions du Rocher). Florilège?
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Cachot. À la fin du XIXe siècle, la IIIe République ne plaisantait pas avec les députés récalcitrants. Comme le royaliste Léon Armand Charles de Baudry d’Asson, qui a interrompu à de nombreuses reprises les débats en octobre 1880, écopant d’une sanction du président Gambetta : il est exclu pour quinze séances et doit quitter l’Hémicycle.
Une bombe dans l’Hémicycle
Mais le député vendéen refuse, on envoie donc les gardes pour l’enfermer, non sans bousculade, dans un petit cachot prévu à cet effet : il s’agit d’une pièce simplement meublée, sans chauffage, avec sanitaire. Du jour au lendemain, le député devient une star de l’opposition, les républicains s’en souviendront et oublieront le cachot de l’Assemblée? Reconverti depuis en simple bureau, il accueille aujourd’hui des membres du service de com’ du groupe Renaissance, soutien du président Macron.
Attentat. Le 9 décembre 1893, l’anarchiste Auguste Vaillant lance une bombe dans l’Hémicycle depuis les tribunes du deuxième étage : l’engin est rempli de ferraille et de clous qui blessent une cinquantaine de personnes, députés et citoyens venus assister à la séance du jour, sans faire de mort. Le Palais-Bourbon se transforme en hôpital de fortune, avec l’aide des internes de l’Hôtel-Dieu. Une demi-heure plus tard, les députés tiennent à reprendre la séance, en réponse à l’attaque. Vaillant sera guillotiné et le Parlement votera une série de lois anti-anarchistes, pour interdire la diffusion de la pensée contestataire.
Symbole de la défaite française
Inondation. En janvier 1910, c’est la panique à l’Assemblée : le Palais-Bourbon est envahi par les eaux de la Seine, qui ne cessent de grimper. La cour intérieure ressemble à un petit lac, l’imprimerie et la chaufferie du sous-sol sont submergées, les provisions de vin, charbon et pommes de terre du personnel sont perdues. Le 27 janvier, certains députés, piégés par la soudaine crue, ont même été obligés de grimper sur le socle de la statue de la Loi au c?ur de la petite place ? les égoutiers viendront finalement les évacuer. L’Assemblée refuse d’interrompre les séances : des planches sont posées, un service de bateaux mis en place, des poêles installés dans les couloirs et les élus déjeunent sur place à la buvette?
Croix gammée. Dès l’occupation allemande, en juillet 1940, l’Assemblée nationale devient le symbole de la défaite française : les nazis installent sur le fronton un immense « V » de « victoire » et accrochent une banderole : « L’Allemagne gagne sur tous les fronts ». Le 19 juillet, un buste de Hitler est même installé sur le Perchoir dans un hémicycle où se déploient des drapeaux ornés de croix gammée. Militaires et dignitaires allemands écoutent alors religieusement un discours officiel que le Führer prononce au Reichstag, à Berlin. Des images évidemment largement diffusées? Le Palais-Bourbon est libéré en août 1944 par Philippe de Gaulle, le fils du Général, qui obtient la reddition de 400 soldats.
Du rince-cochon au Kir
Soutane. Les hommes d’Église ont aussi marqué l’histoire de l’Assemblée en siégeant comme députés, à l’image de l’abbé Sieyès, l’abbé Grégoire, Mgr Dupanloup ou encore l’abbé Pierre? Mais le plus truculent d’entre eux fut sans aucun doute le chanoine Félix Kir, élu en 1945 : ancien résistant, maire de Dijon, il siège en soutane et se fait vite connaître pour son amour du bon vin ? il trimbalait souvent du Montrachet sur lui pour son déjeuner.
Le chanoine entre définitivement dans l’Histoire en popularisant un apéritif de Bourgogne, appelé « rince-cochon » : du vin blanc avec une crème de cassis, qu’il sert à ses collègues entre deux séances. Et finit par lui donner son nom, le fameux Kir?
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Trésor. Dans les sous-sols du Parlement dorment des documents et artefacts inestimables, conservés dans une chambre forte jalousement gardée : une bible du IXe siècle, les minutes du procès de Jeanne d’Arc, un codex aztèque, des manuscrits de Jean-Jacques Rousseau, l’acte d’abdication de Napoléon, le pistolet avec lequel Gambetta s’est gravement blessé, des affiches révolutionnaires, le procès du roi Louis XVI ainsi que l’original du serment du Jeu de Paume, signé par Mirabeau, Bailly, Robespierre? Au total : douze kilomètres de rayonnages plongés dans une température qui oscille entre 18 et 20 degrés, avec un niveau d’humidité surveillé de très près. En cas de danger, les gendarmes ont ordre d’évacuer ces documents dans l’urgence?
À lire : Histoires secrètes de l’Assemblée nationale, par Wally Bordas, éditions du Rocher, 17,90 euros. News Related-
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