Le procès du meurtrier présumé de Shaïna s’est ouvert lundi, dans l’Oise. Selon le collectif “Féminicides par compagnons ou ex”, un à deux mineurs commettent des féminicides chaque année.
Un rassemblement en mémoire de Shaïna Hansye, assassinée en octobre 2019 à Creil (Oise).
“Le meurtre de Shaïna n’est pas un crime isolé, où l’on tombe au mauvais endroit au mauvais moment.” C’est un procès très attendu qui s’est ouvert lundi: celui de l’assassin présumé de Shaïna Hansye, morte poignardée et brûlée vive à Creil (Oise) en 2019. Une histoire terrible tant pour la cruauté des faits que pour l’âge de la victime, qui avait 15 ans, et celui de l’accusé, son petit ami de 17 ans à l’époque des faits.
Bien avant d’être tuée, Shaïna avait déjà fait l’objet de la haine des jeunes hommes de son âge. Agressée sexuellement à 13 ans, puis physiquement lorsqu’elle a osé porter plainte, elle était depuis la cible de rumeurs adolescentes qui la décrivaient comme une “fille facile”.
Un enchevêtrement de situations qui ont conduit au meurtre de la jeune fille, un crime “réunissant” toutes les conditions d’un féminicide, selon Me Negar Haeri, avocate de la famille de la victime.
“On dit souvent qu’un féminicide, c’est quand une femme est tuée parce qu’elle est femme. Oui, mais aussi parce qu’on la méprise. Et le mobile du crime, c’est précisément que Shaïna était une ‘fille facile'”, explique l’avocate auprès de RMC Crime, convaincue de la culpabilité de l’accusé dans le dossier.
“On la tue et on la brûle vive parce qu’on la méprise”, résume-t-elle.
Un à deux féminicides par an commis par des mineurs
Selon les relevés effectués par le collectif “Féminicides par compagnons ou ex”, on compte en général un à deux féminicides commis par des mineurs chaque année. “On voit des féminicides advenir dès le moment où il y a formation d’un couple”, souligne Julia, membre du collectif. Or, ajoute-t-elle, les mineurs se disent aujourd’hui “en couple” de plus en plus tôt.
Une adolescente de 15 ans en 2018 dans le Rhône. Shaïna, du même âge, dans l’Oise en 2019. Emma, 13 ans, l’an dernier en Saône-et-Loire. “Ça nous choque parce que ce sont des adolescents dont on parle, et qu’on a du mal à imaginer”, avance de son côté Marjorie Sueur, expert psychologue intervenant à la Cour d’appel d’Aix-en-Provence. “Mais le fond du problème est le même” que pour des personnes majeures, explique-t-elle.
À ceci près que viennent s’ajouter des motifs propres à l’adolescence. “En passant de l’enfance à l’âge adulte, on peut percevoir une perte de repères et une certaine importance de l’image. On veut appartenir à un groupe, se sentir valorisé.”
Dans la plupart des cas, “une relation de pouvoir se crée. Le fait d’être en couple vient combler des failles narcissiques” typiques de l’adolescence, détaille-t-elle. Des failles qui peuvent se rouvrir notamment lors de la séparation, aboutissant dans certains cas à une violence extrême.
“C’est une façon de nier l’autre, de ne pas la reconnaître comme un individu à part entière.”
“La loi doit dissuader”
Ces mécanismes psychologiques se superposent à des facteurs sociétaux: d’abord, les adolescents ont accès très tôt à la pornographie et aux images de violences sexuelles, explique Julia du collectif “Féminicides par compagnons ou ex”. Pour certains, ils ont aussi été confrontés à cette violence dans un cadre familial.
“Ils sont parfois témoins de violences conjugales et vont à leur tour reproduire ce qu’ils ont vu chez leurs parents”, détaille-t-elle.
Pour Julia, au-delà du contexte familial, c’est surtout le traitement judiciaire des violences faites aux femmes qui doit être pointé du doigt pour expliquer le passage à l’acte chez les mineurs. “La loi doit dissuader. Or, les enfants voient des adultes qui ne sont pas sanctionnés. Ils se disent ‘c’est ça, être en couple’, que ces violences sont autorisées, normales.”
“Chercher le problème à la base”
S’attacher à montrer le contraire aux plus jeunes, c’est ce que Daniel Dupuy tente de faire depuis maintenant quatre ans. Sa fille Marine avait, elle, 28 ans lorsque son compagnon dont elle voulait se séparer lui a ôté la vie de manière extrêmement violente, dans l’Aude en 2014. “La terre s’est écroulée, le monde nous est tombé sur la tête”, se rappelle-t-il. “On plonge un peu, on a l’impression d’être seul au monde.”
Encouragé par sa seconde fille, Léa, Daniel Dupuy décide de mettre à profit le drame qui a marqué sa vie pour tenter d’enrayer le fléau des féminicides. Vaste projet, pour lequel il commence à se renseigner sur ce qui est fait en matière de prévention.
“Il y a beaucoup d’associations pour mettre ces femmes en sécurité. Mais il manque quelque chose au niveau de l’éducation. Pourtant, si l’on ne va pas chercher le problème à la base, on ne peut pas le résoudre”, précise cet ancien éducateur.
Des interventions auprès de jeunes violents
Il crée donc l’association “De Cor e d’Oc” avec l’ambition de rencontrer des élèves au sein des établissements scolaires pour leur parler de son expérience et de faire de la prévention. Au lendemain du meurtre d’Emma à Clessé, il intervient notamment dans des collèges de Saône-et-Loire. “J’essaie de leur faire comprendre qu’ils n’appartiennent qu’à eux-mêmes, jamais à quelqu’un d’autre.”
Il anime également des conférences lors de stages de citoyenneté avec des jeunes au profil violent avec la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Châlon-sur-Saône. Un projet dont, rapporte-t-il, le meurtrier présumé de la jeune Emma fait partie.
Là, il revient sur les formes que peut prendre la violence, des menaces aux coups en passant par l’humiliation et le non-respect du consentement. “Je leur parle de ma fille, de comment cette violence s’est mise en place pour elle, de l’isolement. Il y avait des signaux. Et ça leur parle, ils sont aussi émus que moi.” “Mon but, même s’il reste beaucoup de travail ensuite, c’est de les faire commencer à évoluer. Faire en sortes qu’ils soient sur le bon chemin”, résume le père.
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