Des militaires de la 65e brigade mécanisée près de Robotyne, dans le sud-est de l’Ukraine, le 21 février 2024.
«Nous manquons de volonté parce que nous avons peur. Et nous avons peur parce que nous nous laissons intimider par les menaces de Vladimir Poutine», remarque Jeanne-Emmanuelle Hutin, directrice de la recherche éditoriale àOuest-France.
«Â Ne demandez pas à l’Ukraine quand se terminera la guerre. Mais demandez-vous à vous-mêmes pourquoi Poutine est toujours capable de la continuer. » Cette question, Volodymyr Zelensky l’a posée aux chefs d’États à Munich lors de la conférence sur la sécurité du monde.
Pourquoi donc le régime de Poutine peut-il poursuivre cette guerre criminelle ?
Est-ce grâce aux avancées de l’armée russe ? Non. La ligne de front est stable pour l’instant. Des dizaines de milliers de jeunes russes ont été envoyées à la mort pour d’insignifiantes victoires.
Est-ce à cause du découragement des Ukrainiens ? Non. Ils tiennent malgré les souffrances, la fatigue, le manque d’armes. Ils érigent leurs corps en rempart contre la barbarie. L’esprit de liberté guide leur courage.
Est-ce à cause de nos hésitations à fournir l’aide militaire nécessaire ? Oui. Car malgré nos promesses, elle arrive en retard ou pas du tout. L’Ukraine est tragiquement démunie. Elle réclame des missiles à longue portée ? L’Allemagne n’en livre pas. L’aide américaine est bloquée. La France parle mais agit peu. Nous pourrions puiser dans nos stocks sans les démunir et aider l’Ukraine à plus de 0,06 % du PIB, parmi les derniers des alliés !
Poutine a su en profiter. L’armée russe a eu le temps de se réorganiser, de mobiliser, de construire ses défenses en Ukraine occupée, de poursuivre ses crimes de guerre et contre l’humanité, de préparer une offensive. « Nous sommes responsables du manque de munitions de l’Ukraine qui donne à la Russie l’occasion d’avancer » , dit le Secrétaire général de l’OTAN.
Lire aussi : Après deux ans de guerre, continuons à aider l’Ukraine
Cessons d’avoir peur
Le régime de Poutine est fort de notre faiblesse. Pourtant, « les démocraties disposent […] des moyens d’action les plus considérables, mais elles surestiment […] ceux de leurs ennemis. » Elles n’ont pas « la volonté de leur capacité » , explique Nicolas Tenzer (1).
Nous manquons de volonté parce que nous avons peur. Et nous avons peur parce que nous nous laissons intimider par les menaces de Vladimir Poutine. Nous étions pourtant avertis de ses méthodes. En 2006, il coupait l’approvisionnement de l’Europe en gaz transitant par l’Ukraine : « Comme au temps de l’URSS, inspirer la peur reste un moyen de la diplomatie russe » , écrivait François Régis Hutin, appelant à « ne plus se laisser intimider » et à la fermeté (2).
Mais faute de fermeté des démocraties, Moscou n’a cessé de renforcer sa « diplomatie de la peur » : chantage à la famine, aux frappes nucléaires, menace d’armes nucléaires dans l’espace. « C’est en Europe que ce pouvoir criminel cherche le maillon faible de notre résistance. […] Réussira-t-il ainsi à rompre la chaîne de notre solidarité ? » , interroge le philosophe ukrainien Constantin Sigov. (3).
Sauver la vie des Ukrainiens et la paix en Europe nécessite de fournir à l’Ukraine l’aide militaire, à temps et en quantité suffisante. « Nous sommes à un tournant historique. Si nous le prenons mal, des décennies de peine et de guerre sont devant nous, » alerte M. Pavilionis, président de la Commission des Affaires étrangères du parlement Lituanien. Resterons-nous sourds à ces alertes répétées comme avant l’invasion de l’Ukraine ?
Cessons d’avoir peur. Car c’est cela qui permet au régime de Poutine de continuer sa guerre criminelle, de déstabiliser méthodiquement l’Europe et le monde. La volonté naît du courage. C’est bien le moins que nous devons au courage des Ukrainiens.
(1) « Notre guerre », éd. L’Observatoire (2) Ouest-France 7-1-06 (3) L’Obs 15-2-24
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