Oleg Orlov, 70 ans, vétéran de l’opposition russe, a été condamné mardi à deux ans et demi de prison pour avoir dénoncé l’offensive russe en Ukraine à de multiples reprises. Reuters/Tatyana Makeyeva
Un vétéran de l’opposition russe désormais en prison. Mardi, le dissident Oleg Orlov a été condamné à deux ans et demi de prison dans une colonie pénitentiaire par un tribunal russe pour avoir dénoncé à plusieurs reprises l’offensive russe en Ukraine.
Au terme d’un premier procès, il avait été jugé coupable en octobre 2023 d’avoir « discrédité » l’armée et condamné à une faible amende. Le parquet, qui avait requis cette peine, avait ensuite changé d’avis puis fait appel, entraînant un nouveau procès.
Que lui est-il reproché ?
Dans le détail, il lui est reproché d’avoir manifesté contre la guerre en Ukraine et d’avoir signé une tribune contre le Kremlin, publiée sur le site de Mediapart. Il y accusait les troupes russes du meurtre de « masse » de civils ukrainiens et déplorait la « victoire » en Russie des « forces les plus sombres », celles qui « rêvaient d’une revanche totale » après la dislocation de l’URSS en 1991. Oleg Orlov a également qualifié la mort d’Alexeï Navalny de « meurtre » et a appelé les opposants à « ne pas perdre courage et optimisme ».
Lors de sa dernière prise de parole lundi, il a maintenu l’ensemble de ces propos. « Je ne me repens de rien et je ne regrette rien », a-t-il déclaré. Il est sorti menotté du tribunal et entouré de policiers aux cris de « nous vous aimons ! » lancés par une dizaine de ses soutiens, présents à l’audience.
Un engagement précoce
Oleg Orlov, 70 ans, est une figure de la défense des droits humains en Russie. Né en 1953 d’un père ingénieur et d’une mère philologue, spécialiste de l’étude historique des textes, il étudie la biologie à l’Université d’État de Moscou avant de s’engager dans la dissidence. Il tracte notamment contre l’invasion soviétique en Afghanistan, en 1979.
Il rejoint Memorial, principale organisation qui lutte pour préserver la mémoire des répressions soviétiques et qui documentent celles qui sont en cours, à la fin des années 1980. Et se démarque dans les années 1990, enquêtant sur les violations des droits humains dans la Russie de cette époque. Il travaille comme observateurs dans plusieurs conflits qui débutent lors de la chute de l’URSS, notamment en Tchétchénie. Ce conflit entre Moscou et des séparatistes dévaste le pays à partir de 1994.
Deux fois otages
En 1995, il fait partie d’un groupe d’otages volontaires lors des négociations pour la libération de près de 2 000 personnes détenues par un groupe de séparatistes tchétchènes dans un hôpital du sud-ouest de la Russie. La crise s’achève par la libération de la majorité des otages, mais reste marquée par les assauts meurtriers des forces russes et constitue un tournant dans cette première guerre de Tchétchénie.
Fin 2007, il est à nouveau pris en otage avec des journalistes en Ingouchie, république voisine de la Tchétchénie. Ils sont menacés d’être exécutés dans un champ puis abandonnés pieds nus dans la neige.
« Je suis plus efficace ici »
Malgré la dissolution de Memorial par la justice russe, Oleg Orlov a juré de continuer le combat, quitte à travailler dans « une semi-clandestinité ». Le militant, actif depuis 45 ans, a toujours souhaité rester en Russie, malgré les risques encourus par les opposants à Vladimir Poutine. « Je suis plus efficace ici », disait-il à l’AFP mi-février, en jugeant qu’il était « important » que des voix critiques restent en Russie en dépit d’une répression systématique.
Durant ces deux dernières années, il était apparu comme l’une des dernières voix antiguerre à s’exprimer ouvertement. Début février, il avait été qualifié « d’agent de l’étranger », comme la plupart des opposants du Kremlin.
«Ã‚ Se repentir reviendrait àrenier toute ma vie (…) il faut donc continuer le combat », expliquait-il àl’AFP, prenant comme exemple les dissidents de l’époque soviétique. Il s’agit de résister, poursuivait-il, autant que ses « brillants prédécesseurs ». Un combat qu’il partage avec sa compagne, Tatiana Kasatkina, également membre de Memorial, l’ONG colauréate du prix Nobel de la paix en 2022.
La France a qualifié de « révoltante et profondément injuste » cette condamnation, déplorant qu’Oleg Orlov ait « clairement fait l’objet d’un acharnement judiciaire au cours de son procès ».
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