« Fallout » : que vaut l’adaptation en série du célèbre jeu vidéo ?

« fallout » : que vaut l’adaptation en série du célèbre jeu vidéo ?

«Ã‚ Fallout » : que vaut l’adaptation en série du célèbre jeu vidéo ?

Rangez les manettes, sortez les télécommandes : la série Fallout débarque sur Prime Video le 11 avril. Inspirés de l’univers du jeu vidéo éponyme, créé en 1997, ces huit épisodes très attendus par les fans constituent l’événement série du printemps. Après l’énorme succès de The Last Of Us en 2023, elle aussi tirée d’un jeu, Jonathan Nolan (le frère de Christopher Nolan), son showrunner, sait qu’il est attendu au tournant, comme il nous l’a expliqué lors du festival Canneséries qui présentait la série en avant-première. La barre était placée haut, mais Fallout ne déçoit pas. Que l’on soit néophyte ou fan de la première heure.

Les amateurs d’ambiances postapocalyptiques vont être comblés. Car oui, Fallout se déroule plus de 200 ans après que des explosions atomiques ont balayé les plus grandes villes rétrofuturistes des États-Unis. Pas très original dans l’univers actuel des séries, nous direz-vous, mais Jonathan Nolan, déjà producteur avec son épouse Lisa Joy de la série Westworld, s’amuse de cet attrait du public pour une période a priori très noire : « On vit dans une ère très anxiogène. On a tous l’impression d’être la dernière génération de notre civilisation, on sent presque comme une envie d’assister à cette apocalypse, de pouvoir dire “j’y étais”. Peut-être que s’imaginer dans une ère postapocalyptique permet d’exorciser notre peur. »

Fallout la série, ce n’est pas Fallout le jeu

Ici, pas de copié-collé bête et méchant mais des emprunts à l’univers, aux codes, aux décors et aux grandes lignes du jeu. Non, Fallout la série n’est pas Fallout le jeu. La série commence sur le quotidien ultra-organisé, presque au sens Bree Van De Kamp du terme, d’une poignée de citoyens, que l’on imagine volontiers issus des classes aisées. Réfugiés dans des abris souterrains, ils attendent que l’air soit à nouveau respirable à l’extérieur pour remonter à la surface, tous mus par la fierté de devoir y créer une nouvelle société.

Mais c’est sans compter avec tout le reste de l’humanité composé de ceux qui, eux, ont survécu aux radiations mortelles et se sont (dés)organisés dans un monde barbare où se décanillent rebelles, mutants et cafards géants pas bien jojos, en obéissant à une seule loi : celle du chacun pour soi.

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Le tour de force de Fallout est de parvenir à faire cohabiter trois arches narratives autour de trois personnages clés dont les destins vont se croiser. Le premier d’entre eux est une jeune femme au visage angélique. La série semble bien décidée à se départir des nouvelles mauvaises habitudes des scénaristes hollywoodiens, car, ici, notre demoiselle n’est pas une dure à cuire, moulée dans des débardeurs tendance kakis-crasseux. Oubliez donc le profil badass façon Millie Bobby Brown, égérie monolithique de Netflix, ou la Michonne de The Walking Dead,experte en tirage de tronche de trois mètres de long?

Imaginez plutôt Lucy MacLean comme une Miss America, affûtée dans le costume bleu et jaune iconique du jeu. Tout droit sortie d’un film de Douglas Sirk, guidée par son indécrottable idéalisme et son sens des conventions, elle n’hésite pas à mettre en pratique ses cours de self-defense à coups de bourre-pif, dans les cas où on viendrait lui chercher des poux dans ses cheveux de poupée.

Une ambiance de western

C’est Ella Purnell découverte dans la première saison de la série Yellowjackets qui donne vie à cette héroïne semi-girly dans un univers habituellement sévèrement burné : « Elle est un mélange de Leslie Knope [l’éternelle optimiste de la sitcom Parks and recreation] et de Ned Flanders [le voisin coincé et père-la-morale des Simpsons] », explique la comédienne.

Sortie de l’abri dans lequel elle vivait avec son père (impeccable Kyle MacLachlan) et sa communauté, Lucy (qui porte forcément le prénom de l’héroïne de l’une des sitcoms mythiques des États-Unis I Love Lucy) va devoir se frotter à un monde dont elle ne maîtrise ni les codes ni les (mauvaises) manières.

Deuxième héros, peut-être le moins surprenant après visionnage des premiers épisodes : Maximus, une jeune recrue de la confrérie de l’acier, une faction militariste ultra-violente bien décidée à prendre le contrôle des Terres désolées et à la nettoyer de ses mutants et autres ersatz incontrôlables, en récupérant la technologie d’avant-guerre. Enfermé dans son infernale armure de métal, guidé par une ambition dévorante, il se retrouve souvent aux prises avec sa conscience et ses doutes.

Un personnage qui n’existe pas non plus en tant que tel dans la franchise des jeux vidéo, ce qui convient parfaitement à son interprète Aaron Moten, qui malgré son jeune âge reconnaît volontiers n’avoir jamais joué à Fallout de sa vie et avoir découvert son univers en lisant le scénario.

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Pour autant, sur le plan visuel, c’est celui qui se rapproche le plus de la franchise ludique détenue aujourd’hui par l’éditeur Bethesda Softworks, qui s’est écoulée à plus de 50 millions d’exemplaires. Dans la série, le visage du héros est filmé en gros plan dans son armure, comme en son temps Robert Downey Jr dans Iron Man. « Maximus est vraiment déchiré entre la recherche de sa gloire personnelle et son ascension dans les rangs de la Confrérie, ce qui le rend parfois difficile à suivre. On ne peut jamais deviner les décisions qu’il va prendre. C’est un personnage qui va grandir », s’enthousiasme le comédien vu dans la série de Netflix Disjointed.

Enfin, troisième figure de la série, et pas des moindres, La Goule, un mutant déterré en début de saison (incarné par le charismatique Walton Goggins), seul protagoniste à avoir traversé 200 ans d’histoire et qui permet de faire le lien avec le monde d’avant-guerre, mais dont les motivations restent troubles, son extrême violence prenant le pas sur tout le reste.

Une sorte d’indéchiffrable héros solitaire façon Clint Eastwood dans L’Homme des hautes plaines, comme les chérit tant Jonathan Nolan, 47 ans, dont l’enfance a été bercée par les westerns. « J’ai toujours adoré les films de Sergio Leone et le western spaghetti dans son ensemble », raconte celui qui a réalisé lui-même les trois premiers épisodes de la série. « Le western a longtemps été considéré comme un genre disparu, mais Westworld l’a remis au goût du jour. Et il renaît aujourd’hui d’une autre façon : il n’y a qu’à voir le succès de la série Yellowstone avec Kevin Costner. C’est une grande liberté qui nous est offerte : dans Fallout, on retrouve non seulement les codes du western, mais également ceux des films d’horreur, en jouant avec l’humour ou la violence. »

Fourchette dans l’?il ou pied arraché

La violence ! Oui, c’est vrai, elle s’invite de temps à autre, jouant avec un gore à la fois esthétique mais surtout cartoonesque, gentiment inspiré de la série The Boys qui, depuis quatre saisons, dézingue au chalumeau le mythe des superhéros sur Prime Video. On préfère vous prévenir, Fallout ne fait pas dans la dentelle : les premiers épisodes vous offrent ainsi un large panel de tortures et actes barbares en tout genre, allant du pied arraché à la fourchette dans l’?il, en passant par la tête tronçonnée, suscitant un mix plus ou moins savoureux de dégoût et de rire.

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Reste à savoir si cette version en prises de vue réelles va satisfaire les férus du jeu. Même si l’on y retrouve le même humour noir et le même second degré. Le passage du pixel à la pellicule a longtemps été synonyme d’échec ? Super Mario Bros en 1993 ?, seules les aventures cinématographiques de Lara Croft ont su tirer leur épingle de la tenue camouflage au début des années 2000, sans pour autant briller par leur qualité.

«Ã‚ En réalité, on n’invente jamais rien ; on se contente de réinventer. Les jeux vidéo se sont longtemps inspirés des films de série B, ils en ont tiré de nouveaux univers, finalement bien plus audacieux, plus punks que ce que proposait le cinéma. Aujourd’hui, les séries qui reprennent ce matériau sont faites par des créateurs qui ont grandi avec des jeux vidéo », explique Jonathan Nolan, qui raconte, sourire aux lèvres, combien il trouvait révolutionnaire de jouer avec son frère au début des années 1970 au jeu minimaliste Pong qui simulait une partie de ping-pong. « C’est comme d’être né à la fin du XIXe siècle et d’assister à la naissance du cinéma. »

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Ce qui est certain, c’est que Fallout s’est fait damer le pion par The Last of Us lancée début 2023, déjà sur Prime Video (mais sur HBO aux États-Unis), plaçant la barre très haut en matière de qualité et de finesse d’écriture. Jonathan Nolan reste fair-play sur la question. « Cela nous a énormément aidés que cette série sorte en premier, qu’elle soit si brillante et si bien reçue, parce que cela enlève beaucoup de pression », assure-t-il dans un sourire. « ll y a quelques années, Hollywood s’est jeté sur les comics-books pour en faire des films et des séries. C’est un business model qui marchait mais qui commence à montrer ses limites, explique celui qui a coécrit avec son frère The Dark Knight et The Dark Knight Rises autour des aventures de Batman. Le jeu vidéo offre aujourd’hui tous les ingrédients pour construire de bons scénarios avec un cadre, des personnages et de nouveaux univers. Ça a mis du temps pour trouver le meilleur moyen de transposer tout ça à l’écran. »

Une deuxième saison serait déjà en chantier, avant même que le public ne découvre la série. Ce qui devrait réjouir Jonathan Nolan, qui durant notre interview préférait imaginer Fallout comme une franchise à développer comme on l’a fait au cinéma avec nombre de superhéros. Une prudence toute légitime quand on sait que sa série Westworld a été subitement annulée par HBO sans même laisser le temps aux équipes de lui imaginer une fin.

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