La centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche). Le taux de marge des énergéticiens a atteint 70,9%, un niveau historique, depuis fin 2022.
Un paradoxe. Alors que l’économie française stagne, les marges des entreprises ont, pour la deuxième fois consécutive, augmenté au premier trimestre 2023, selon les données publiées par l’Insee le 31 mai. Le taux de marge – indicateur qui permet de connaître la rentabilité des sociétés non-financières – a atteint 32,3 % de la valeur ajoutée entre janvier et mars, contre 31,9 % au troisième et quatrième semestre 2022. Même chose pour l’excédent brut d’exploitation – correspondant au niveau de richesse dégagée –, qui s’est amélioré de 3,2 milliards d’euros (+2,8 %) sur la même période.
En ce début d’année, les bénéfices ont été stimulés par les mesures prises par le gouvernement, comprenant la réduction des impôts de production grâce à la suppression de 50 % de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) – votée dans le dernier budget et évaluée à 4 milliards d’euros –, ainsi que les aides mises en place pour atténuer l’impact de la hausse des prix du gaz et de l’électricité sur les sociétés. Il y a bien un indicateur qui n’est pas au vert : la baisse de la productivité. Mais les entreprises en ont fait porter le poids sur les employés. Cette décrue sur trois semestres consécutifs a été compensée par la compression des salaires réels dans la valeur ajoutée, balayant l’idée d’une quelconque spirale prix-salaire (la hausse des prix nourrit la hausse des salaires qui nourrit la hausse des prix) agitée par le gouvernement, le patronat et de nombreux économistes.
«Environnement inflationniste»
La volonté des entreprises de préserver leur marge a alimenté la hausse des prix, comme au dernier trimestre 2022. «Cela marque une rupture avec ce qu’on a pu voir auparavant, assure Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, un institut proche des organisations patronales. Mais il faut rappeler que la contribution des marges à l’inflation a été légèrement négative, de l’ordre de -0,2 %, sur l’année 2022, selon nos calculs.» L’économiste pointe un «phénomène de rattrapage», suite à une compression de la rentabilité en début d’année passée, couplé à une «anticipation de hausse des coûts pour 2023». «Ce que j’analyse au niveau de la macroéconomie m’apparaît du domaine de la logique, de ce que l’on connaît du comportement des prix avec un décalage entre la hausse des coûts et sa répercussion sur le prix final», assure-t-il.
Cette grille de lecture reste toutefois contestée. «Normalement, la demande s’effondre en période de forte inflation. Mais les politiques publiques ont permis d’amortir le choc pour les consommateurs, explique Valérie Riches-Flores, économiste indépendante. Certaines entreprises ont profité de cet environnement inflationniste pour augmenter leurs prix dans des proportions sans doute supérieures à la hausse de leurs coûts, à partir du moment où la demande a mieux résisté que prévu, sauf dans l’alimentaire.» L’experte évoque un phénomène de «boucle prix-profit». Les deux économistes parlent de tendance générale, et sont d’accord pour dire que leur analyse est à nuancer secteur par secteur voire entreprise par entreprise, la grande société avec un important pouvoir de marché n’étant pas à mettre sur le même pied qu’une PME.
Fin avril, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, évoquait cette spirale marge-prix lors d’une conférence de presse : «Globalement les marges des entreprises ont diminué depuis 2021 [35,8 %, à un niveau jamais atteint depuis 1949, ndlr]. Pour autant (…) il y a un certain nombre de points d’attention que nous signalons, d’abord plus du côté des grandes entreprises que des PME, et plus dans certains secteurs, l’énergie, les transports, et certains secteurs de service ou certains secteurs industriels.»
L’industrie agroalimentaire surveillée par Bercy
Les chiffres présentés par l’Insee marquent, en effet, de grandes disparités sectorielles. Quand le secteur de l’hôtellerie-restauration présente un petit 14,4 % de taux de marge, la moyenne totale est tirée vers le haut par les énergéticiens (70,9 %, à un niveau historique depuis fin 2022), les services de transport (37,8 %) et l’industrie agroalimentaire (48 %). C’est sur cette dernière que Bercy a décidé de porter toute son attention alors que l’inflation est désormais portée par les produits alimentaires.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a réaffirmé, ce vendredi 9 juin sur BFM TV, son intention de recourir au «name and shame», ainsi qu’à une potentielle taxe sur les plus gros industriels, s’ils ne répercutaient pas la baisse des prix de certains intrants dès le mois de juillet. «Il y a eu un important effet de rattrapage dans le secteur, qui avait pendant plusieurs trimestres comprimé ses marges face à la hausse des coûts des intrants, rappelle Julien Pouget, chef économiste à l’Insee. Il faut voir si cela se limite à cet effet ou si c’est l’amorce d’un nouveau processus plus inflationniste. Cela reste un point de vigilance.»
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