Clément Beaune : « Ça ne sert à rien d’être aigri »
Quand on arrête de pédaler, on tombe. Il ne faut pas y voir de parallèle tordu avec sa situation politique mais Clément Beaune, qui n’a pas été nommé dans le gouvernement de Gabriel Attal, vient de subir coup sur coup deux accidents de vélo. La faute à la pluie, justifie-t-il, qui a arrosé abondamment les Parisiens ces derniers jours. L’ancien ministre des Transports s’en sort bien : pas la moindre égratignure, juste une attelle pour réparer l’auriculaire de la main gauche.
Le député macroniste n’est de toute façon pas venu pour qu’on s’apitoie sur son sort. Il va bien, merci ! Et d’ailleurs, il commande un demi de bière IPA. Certes, la politique est une discipline à la fois cruelle et ingrate, et Clément Beaune vient de l’apprendre à ses dépens. Accusé d’avoir ourdi un complot contre son camp au moment de la pénible loi immigration, l’élu pourtant engagé auprès d’Emmanuel Macron depuis la première heure s’est vu aussitôt mis au ban. L’entourage du président, sans doute sur commande, n’avait alors pas de mots assez durs pour vilipender le « puputschiste » [terme employé à l’époque par Jean-Marie Le Pen à l’endroit de Bruno Mégret, NDLR] et sa « nuits des petits canifs ».
Un crime de lèse-majesté
L’objet du courroux élyséen ? L’initiative prise par Clément Beaune, alors ministre des Transports, d’inviter ses collègues de l’aile gauche, un 19 décembre au soir, et de le faire immédiatement savoir. Lui pensait engager un rapport de force en pleine droitisation de la loi immigration, le Château y a vu un crime de lèse-majesté. Dans la foulée, la Première ministre Élisabeth Borne les avait pourtant reçus, sans rappel à l’ordre aucun. D’autant que les ministres Patrice Vergriete et Sylvie Retailleau, présents à ses côtés ce soir-là, ont été depuis reconduits au gouvernement. Clément Beaune le sait, il a payé le prix fort. Ses relations notoirement compliquées avec Gabriel Attal n’ont pas dû arranger son cas.
Devenir parlementaire, c’est un apprentissage. Il faut savoir se réinventer ! Et si je ne suis pas manchot, je devrais y arriver
Mais passons sur cet épisode désagréable, et la « période chargée émotionnellement » qui s’ensuivit. Plusieurs figures de la macronie ? Julien Denormandie, Richard Ferrand, Philippe Grangeon ? ont su se manifester pour le soutenir. Un rendez-vous doit bientôt être fixé avec Emmanuel Macron. « Ça ne sert à rien d’être aigri, il faut avancer », nous éconduit-il, pudique, dans cette brasserie de la très bobo rue des Martyrs, dans le 9e arrondissement, où il a ses habitudes.
L’ex-ministre ne veut plus ressasser le passé mais se projeter dans sa nouvelle vie à l’Assemblée nationale, où il siège pour la première fois. « Devenir parlementaire, c’est un apprentissage. Il faut savoir se réinventer ! Et si je ne suis pas manchot, je devrais y arriver », assure le quadragénaire, qui siège à la commission des Lois. Et d’ailleurs, l’ex-conseiller d’Emmanuel Macron a déjà mille projets en tête : un tour de France des régions, un livre de « propositions audacieuses » qu’il prépare pour la rentrée de septembre, la campagne des élections européennes et celle des municipales à Paris?
À LIRE AUSSI Européennes : la mission impossible de Valérie HayerÀ ce propos, cet admirateur de François Mitterrand n’ignore pas que la nomination surprise de Rachida Dati au gouvernement a rebattu les cartes. Beaucoup, surtout l’intéressée, ont voulu y voir le signe d’un adoubement présidentiel en vue du scrutin de 2026 face à Anne Hidalgo. Mais Clément Beaune, qui connaît la psychologie d’Emmanuel Macron sans doute mieux que sa rivale pour avoir travaillé étroitement avec lui depuis l’époque de Bercy en 2014, n’entend pas abdiquer. Après tout, qui c’est ce que sera la situation politique dans deux ans ? « Je ne lâche rien? D’autant que j’ai maintenant plus de temps ! », sous-entendu par rapport à Rachida Dati, pour préparer une éventuelle candidature, nous dit-il avec malice.
On perçoit bien à l’écouter que Clément Beaune ne loupe pas une miette des émissions politiques et des déclarations de ses congénères. Même pendant ses trois jours de repos passés avec des amis à Bruxelles, on devine qu’il n’a pas su déconnecter. Cet ancien « sherpa » d’Emmanuel Macron à l’Élysée puis secrétaire d’État aux Affaires européennes observe le début de campagne pour le scrutin de juin et promet de mouiller le maillot, quand bien même la liste de la majorité est devancée de dix points par celle de Jordan Bardella dans les sondages. « On doit défendre notre ADN de réformateurs de l’Europe, retourner le discours du RN », trépigne-t-il.
Dernier macroniste de gauche
Lui a toujours été constant sur le sujet : face à la progression de Marine Le Pen, il faut d’autant plus assumer un discours modéré, équilibré. Quitte à prendre le contre-pied de ceux qui, dans son camp, sont convaincus que c’est en s’engageant sur le terrain et les thématiques privilégiés du parti à la flamme qu’on le combat le mieux. À rebours d’un président qui glisse volontiers vers des positions conservatrices, Clément Beaune prêche ainsi depuis longtemps pour davantage d’engagements sur des réformes sociétales, sur l’écologie. Il a d’ailleurs pris position en faveur de la légalisation de la GPA.
L’énarque est l’un des derniers à se revendiquer encore de l’aile gauche et de la sociale-démocratie en macronie. Ce qui ne l’empêche pas de cultiver des liens avec certaines personnalités de droite. Il doit déjeuner prochainement en tête-à-tête avec Valérie Pécresse, patronne de la région Île-de-France. Entre les deux, les choses avaient pourtant mal commencé. Ils se sont trouvés à la faveur de dossiers sur le financement des transports et la préparation des Jeux Olympiques. Au point que l’ex-candidate à la présidentielle, découvrant que le macroniste ne serait pas reconduit au gouvernement, lui envoie un message pour lui disant qu’elle allait le regretter. Passer de zélé ministre à paria rebelle a parfois du bon.
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