Handicap, manque d’enseignants, pas de téléphone… Ce qu’il faut retenir de l’interview de Nicole Belloubet
Invitée de franceinfo ce jeudi 9 mai, la ministre de l’Education nationale Nicole Belloubet a estimé qu’il fallait mieux « réfléchir » à l’utilisation des outils numériques en classe. LP/Fred Dugit
Handicap, place des nouvelles technologies à l’école, recrutement… La ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet s’est exprimée ce jeudi, au micro de franceinfo, sur différentes thématiques liées à l’école. On fait le point.
Pas de téléphone dans certains établissements à la rentrée
La ministre a indiqué souhaiter « expérimenter », dès la prochaine année scolaire, l’obligation pour les collégiens de déposer leur téléphone portable à l’entrée de l’établissement, possiblement dans des casiers dédiés. « J’ai eu l’occasion de dire à plusieurs reprises que (…) je souhaitais vraiment que nos élèves arrivent dans le collège sans le téléphone portable, parce qu’on sait les effets néfastes que cela peut produire », notamment en termes de harcèlement, a-t-elle déclaré.
Interrogée sur la forme que cette mesure pourrait prendre, la ministre a dit envisager l’installation de casiers dédiés. « C’est ce que j’imagine, je voudrais qu’on l’expérimente dès l’année prochaine », a-t-elle dit. Cela supposera « un travail avec les collectivités territoriales puisque c’est avec elles que nous construisons ce type d’objets », a-t-elle ajouté.
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Réflexion sur les outils numériques
La ministre a par ailleurs estimé qu’il fallait mieux « réfléchir » à l’utilisation des outils numériques en classe, notamment les tablettes et ordinateurs parfois mis à disposition des élèves. « On a besoin d’un numérique pédagogique accompagné (…) Je ne vais pas ici dire’arrêtons tout, repartons en arrière’, mais il faut réfléchir. On ne peut pas balancer du numérique sans savoir quelles utilisations, quels usages pédagogiques on va lier à cela », a déclaré la ministre.
«Ã‚ L’un des objectifs de l’école c’est tout de même de préparer nos élèves au monde de demain et donc il faut leur donner la connaissance de l’intelligence artificielle, du numérique, mais accompagnée par le professeur », a-t-elle insisté, souhaitant aussi « garder du papier, parce que cela donne un rapport àla lecture notamment qui est indispensable ».
Le Premier ministre Gabriel Attal avait invité la semaine dernière l’Éducation nationale à « balayer devant sa porte » sur l’utilisation des écrans, après la remise d’un rapport remis par des experts chargés de plancher sur l’usage des écrans par les jeunes.
La ministre présente ses excuses
«Ã‚ Je présente très simplement mes excuses aux familles qui ont été blessées » a-t-elle déclaré après ses propos controversés sur les élèves en situation de handicap. Invité de France 2 dans l’émission « Les 4 Vérités » le 22 avril, la ministre avait répondu : « un élève perturbateur, il peut être perturbateur parce qu’il est en difficulté physique ou parce qu’il y a un handicap », àla question du journaliste : « C’est quoi, un élève perturbateur ? ».
«Ã‚ Très clairement, c’était de la maladresse », a-t-elle regretté, près de quinze jours après cette déclaration, qui avait fait réagir les associations et les familles concernées. « C’est d’autant plus maladroit que l’une de mes préoccupations premières (…) c’est vraiment de mettre en place l’école pour tous, c’est-à-dire l’école qui accueille tous les élèves », a-t-elle poursuivi.
Manque d’enseignants dans certaines académies
Après l’alerte du syndicat majoritaire Snuipp-FSU, Nicole Belloubet a admis rencontrer des « difficultés » pour le recrutement des enseignants du premier degré à certains endroits du territoire, notamment dans les académies de Versailles et Créteil. « Dans ces académies-là, bien entendu, nous allons devoir recruter des personnels contractuels pour la rentrée prochaine », a-t-elle d’ores et déjà prévenu.
Pour tenter de résoudre le problème, « nous allons modifier la formation initiale de nos professeurs », a-t-elle également rappelé, dans la continuité des annonces du président Emmanuel Macron du 5 avril. Il sera ainsi possible de passer le concours de recrutement de professeurs des écoles à Bac + 3 « à partir du mois de mai prochain », contre bac + 5 jusqu’à présent. Les professeurs en formation seront « indemnisés ou rémunérés, 900 euros la première année et 1 800 euros la deuxième année, et en passant un master », a-t-elle détaillé.