En Ukraine, 3,6 millions de personnes ont un besoin urgent de services de lutte contre les violences sexistes et sexuelles
Des femmes parlent après l’évacuation d’un immeuble à Kiev, suite à un bombardement russe le 7 février 2024, en Ukraine.
Inégalités – En Ukraine, 3,6 millions de personnes ont un besoin urgent de services de lutte contre les violences sexistes et sexuelles
En juillet 2021, Kiev avait suscité une vague d’indignation en proposant un uniforme féminin de parade militaire avec des talons. Depuis, l’invasion russe à grande échelle, lancée il y a tout juste deux ans, a rebattu les cartes de la colère ukrainienne. Plus de 41.000 femmes servent au sein de l’armée, un nombre qui n’a cessé d’augmenter depuis la première invasion russe en 2014. D’autres ont été immortalisées en train de confectionner des cocktails Molotov maison.
Mais, au-delà de cette image d’Epinal, de nombreuses Ukrainiennes se trouvent confrontées à une recrudescence des violences sexistes alors que le pays tout entier joue sa survie. D’après l’ONU Femmes et l’association Care, 3,6 millions de personnes ont un besoin urgent de services de lutte contre les violences sexistes et sexuelles en Ukraine.
La lutte contre le sexisme, tout en bas de la liste
En Ukraine, « toute l’attention se concentre sur la guerre, et les efforts d’égalités apparaissent aujourd’hui complètement secondaires », explique Diane Richard, porte-parole de l’ONG Plan International France. D’après une enquête conduite par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), les jeunes Ukrainiens ne sont aujourd’hui que 2 % à considérer l’égalité de genre comme une priorité nationale, contre 9 % en 2021. Difficile pour Kiev de concentrer ses efforts sur le sexisme alors que, selon les estimations américaines, environ 70.000 soldats ukrainiens ont perdu la vie depuis le début de la guerre et au moins 10.000 civils, un bilan que l’ONU estime en réalité « considérablement plus élevé ».
«Ã‚ L’Ukraine n’est pas une exception. Partout dans le monde, quand il y a une crise, les égalités de genre deviennent encore plus secondaires, c’est presque mécanique », note la porte-parole de l’ONG Plan International France, qui se concentre sur le droit des enfants et notamment l’égalité filles-garçons. « On sait que les violences envers les femmes augmentent toujours en cas de conflit. Pourtant, la réponse de la communauté internationale ne tient pas du tout compte de cet aspect. Seuls 4 % des financements internationaux y sont dédiés », fustige Diane Richard.
« Les hommes à la guerre, les femmes à la maison »
Les deux dernières semaines de janvier 2024, Plan International France a conduit des dizaines d’entretiens en Ukraine mais aussi en Pologne, en Moldavie ou encore en Roumanie. « Les personnes interrogées notent que la guerre accentue les stéréotypes de genre. Le conflit renforce les perceptions militarisées de la masculinité, explique Diane Richard. Les hommes doivent être forts, ils sont perçus comme les défenseurs de l’Ukraine et, quand ils ne participent pas à l’effort de guerre, ils ont l’impression d’être lâches ».
Les femmes, elles, se retrouvent souvent en charge du foyer et des enfants. « Ça renforce les stéréotypes selon lesquels les hommes vont à la guerre et les femmes restent à la maison », note la porte-parole. Pour l’ONG, déconstruire ces stéréotypes permettrait non seulement une meilleure émancipation des femmes, mais aussi une meilleure santé pour les hommes. Car alors qu’ils sont enfermés dans un rôle d’homme « fort », ils sont d’autant plus nombreux à refuser tout soutien psychologique.
« Tous les types de violences de genre augmentent »
Entre manque d’intérêt et renforcement des stéréotypes, les femmes et filles sont donc confrontées à de plus en plus de violence en Ukraine. « Tous les types de violences de genre augmentent, des violences conjugales – qui représentent toujours la majorité – jusqu’aux violences en ligne », note Diane Richard. Une situation exacerbée par le manque de structures et d’accès à des ressources de base. Ainsi, 34 % des femmes en âge de procréer n’ont plus accès à la contraception, une situation « qui s’est aggravée depuis le début de la guerre en février 2022 », notent l’ONU Femmes et l’association Care.
Les Ukrainiennes réfugiées dans d’autres pays européens retrouvent souvent un meilleur accès à des services de garde ou de soin. Toutefois, la plupart d’entre elles sont dans une grande précarité et d’autant plus vulnérables, notamment lors de leur fuite. « En novembre 2023, une réfugiée ukrainienne sur quatre a subi des violences sexuelles après avoir fui son pays », rapporte la porte-parole de Plan International France, qui dénonce un problème « systémique » et encourage à un sursaut international.
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