Giro 2024. Ancien biathlète et nouvel espoir de l’Allemagne, Florian Lipowitz se révèle
Deuxième de la 4e étape du Tour de Romandie, Florian Lipowitz (à gauche) commence à se faire un nom après avoir fait ses armes en biathlon.
Révélé aux yeux du grand public lors du dernier Tour de Romandie, Florian Lipowitz (23 ans) a confirmé ses talents de grimpeur sur les pentes du sanctuaire d’Oropa en prenant la 5e place de la deuxième étape du Tour d’Italie. L’Allemand de BORA-Hansgrohe ne sort pourtant pas du moule cycliste, mais du biathlon.
Voilà maintenant près d’une vingtaine d’années que l’Allemagne se cherche un successeur à Jan Ullrich, dernier vainqueur du Tour de France venu d’outre-Rhin en 1997. Si Andreas Klöden a donné l’illusion de pouvoir reprendre le flambeau, il a vite coulé avec des affaires de dopage comme boulet à la cheville. Emanuel Buchmann a fait illusion le temps d’un Tour de France en prenant la 4e place en 2019, mais sans suite. Dégoûtée par les années Ullrich et les scandales qui vont avec, l’Allemagne entrevoit peut-être le bout du tunnel. Et cette mince lueur est tout droit sortie du biathlon.
À 23 ans, Florian Lipowitz symbolise le nouvel espoir de l’Allemagne, en quête de son nouveau cador en montagne. Encore méconnu avant le Tour de Romandie, le longiligne grimpeur s’est révélé en Suisse et semble poursuivre sur sa lancée lors du Giro, en témoigne sa 5e place à Oropa, lors de la deuxième étape du Tour d’Italie. Pourtant, c’est bien une carrière de biathlète que l’Allemand aurait pu embrasser. Dès l’âge de 8 ans, il chausse des skis et charge sa carabine. Ce n’est qu’à 20 ans qu’il se met au vélo après une blessure. « À ce moment-là, je ne pouvais faire que du vélo pour m’entraîner, explique-t-il pour Direct Vélo . Progressivement, j’en ai fait de plus en plus. Par la suite, j’ai eu quelques contacts notamment avec Dan Lorang, le directeur de la performance de l’équipe BORA-Hansgrohe. Il m’a fait passer des tests sur le vélo. Tirol KTM Cycling Team m’a ensuite offert la possibilité de courir avec eux. J’ai alors dû choisir dans quelle direction j’allais me diriger. Je me suis dit que je pouvais essayer le cyclisme en compétition. »
Le World Tour dès 2022
Un choix qui se révèle aujourd’hui payant, d’autant que, si Lipowitz était un bon biathlète, il n’aurait sans doute jamais atteint le sommet, comme l’expliquent les spécialistes du biathlon d’ Eurosport Allemagne : « Il était fort en tant que biathlète, champion national du sprint et de l’individuel dans la catégorie U16, mais ce n’était pas un fuoriclasse ». En 2021, lors de sa deuxième année compétitive en cyclisme, il se classe à une encourageante 15e place du Tour de l’Avenir. De quoi lui ouvrir les portes de BORA-Hansgrohe dès 2022. La formation allemande dirigée par Ralph Denk, habituée à façonner des athlètes, n’est pas effrayée par ce prototype. Bien au contraire. Primoz Roglic est ainsi passé de sauteur à ski en triple vainqueur de la Vuelta, et Anton Palzer a mis de côté sa carrière de ski alpiniste pour également devenir un grimpeur.
Celui qui a longtemps partagé sa vie entre l’Allemagne et l’Autriche, comme symbole du tiraillement entre deux disciplines, est maintenant bien lancé dans une carrière cycliste, à l’assaut de la montagne. Dès 2021, il se savait « grimpeur, avec une préférence pour les longues ascensions », mais reconnaissait ses lacunes en contre-la-montre. L’apanage des purs grimpeurs.
Sur la première étape du Giro, il a également pu s’apercevoir de ses difficultés sur les ascensions courtes et montées à un rythme élevé en perdant près de deux minutes sur la route de Turin. Mais vers le sanctuaire d’Oropa, où la légende de Marco Pantani s’est en partie forgée, l’Allemand a fait honneur à sa nature de grimpeur en tenant tête à Tadej Pogacar, à distance du moins. Dès que l’Allemand a pris les choses en main pour son leader Daniel Martinez, l’écart s’est figé autour des 30’’ par rapport au Slovène, qui ne creusait plus.
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Alors qu’il devrait continuer ce Giro dans la peau d’un lieutenant pour Martinez, notamment la faute aux deux minutes concédées vers Turin et à celles qui devraient défiler lors du chrono de vendredi, Lipowitz pourrait faire des étincelles en montagne. Avant, peut-être, d’en faire plus en tant que leader, pour le grand bonheur de l’Allemagne, peut-être plus orpheline pour longtemps.