Dans cette vie où l’on doit toujours être utile ou efficace, on a tous ce petit moment de kiff qui nous remplit de joie mais qui ne nous rend pas hyper fiers
S’enfiler tout un cornet de pop corn devant une série romantique, voilà l’un des plaisirs coupables souvent cités. (illustration)
#20Minutesdeplaisir – Dans cette vie où l’on doit toujours être utile ou efficace, on a tous ce petit moment de kiff qui nous remplit de joie mais qui ne nous rend pas hyper fiers
Depuis vendredi, 20 Minutes se consacre au plaisir sous toutes ses formes. Oui, on parle de sexualité, mais aussi de plaisirs gustatifs, olfactifs ou sportifs.
Commençons par une confession. J’adore mater… les bateaux de croisière. Vous savez, ceux qui ressemblent à des immeubles flottants, toujours plus énormes, plus dégoulinants de superlatifs, mais aussi plus critiqués par les assos environnementales… Alors que je flippe quand je pense à l’état de la planète, pourquoi continue-je à vouer un culte à ces géants des mers, où j’ai même eu la chance (oui, la chance) de séjourner pour un reportage ? Voilà un exemple de plaisir coupable, dont j’ai voulu tenter de percer les mystères.
Explorons celui qui semble arriver loin devant les autres. Un canapé, un écran, et c’est parti : comédies romantiques, séries d’ados, téléréalité… « Je suis CSP + et pourtant je regarde toutes les merdes qui passent, à la télé ou sur Netflix », résume l’une de mes amies, qui n’a rien loupé de Love is blind. Un paradoxe qui n’étonne pas Mélissa Thériault, professeure au département de philosophie et des arts à l’université du Québec à Trois-Rivières.
« Je kiffe la mimolette extra vieille, surtout la croûte »
«Ã‚ Voilàce qui se cache derrière le plaisir coupable : une obligation morale, marquée hiérarchiquement, qui dit que l’on devrait forcément aller vers des Å“uvres ou des pratiques qualifiées de supérieures. » Et qui expliquerait pourquoi Marion attend d’être seule dans sa voiture pour balancer du Vitaa & Slimane àfond. « Dans une société où l’on doit être performant ou efficace, c’est parfois compliqué d’avouer ces comportements, pourtant inoffensifs, mais qu’on sait ne pas être les meilleurs, estime Mélissa Thériault. C’est confesser une sorte de vice, qui nous apporte pourtant du jeu, du défoulement ou de la détente. »
Un mécanisme qui se retrouve aussi au rayon nourriture. Même si j’ai promis de ne pas juger mes collègues, impossible de cacher mon air dégoûté quand Floréal m’avoue son petit faible pour… le gras du jambon à récupérer dans l’assiette de ses filles. Idem avec cette drôle de manie d’un collègue lillois : « En fait, je kiffe la mimolette extravieille, vraiment vieille, surtout la croûte, me raconte Mikaël. Je la bouffe en étalant du beurre salé dessus, sans pain. » Pour mon beau-frère, le bonheur se trouve dans une canette de boisson énergisante. « Je sais, je devrais pas, lâche-t-il. On sait pas ce qu’il y a dedans, c’est sucré, ça fait accélérer le cœur… Mais de temps en temps, je ne peux pas m’en empêcher. » Toujours ce point de rupture, entre ce qu’on devrait faire et ce dont on a envie.
Le plaisir, une mauvaise chose ?
Mais y a-t-il vraiment du mal à se faire du bien ? Si on veut éclater ce bouton devant la glace, ou s’enfiler tout un paquet de crocodiles ou de pop-corn, pourquoi devrait-on culpabiliser derrière ? « C’est révélateur de la prégnance latente de l’influence judéo-chrétienne, répond Mélissa Thériault. Nous sommes encore marqués par cette espèce de chape morale où le plaisir quel qu’il soit est vu comme une mauvaise chose. » Mais il y aurait une raison cachée à continuer à se flageller : doubler la dose de kiff, en osant tenter l’interdit. « L’élément transgressif permet de sortir d’un cadre strict, estime notre experte. Pour assumer quelque chose qui nous est cher, qui nous renvoie à nos origines, peut-être à notre famille. »
Les enfants de ce collègue qui a souhaité rester anonyme perpétueront peut-être sa manie un peu chelou : « Me réchauffer au sèche-cheveux quand j’ai froid. A la sortie de la douche mais pas que : le matin devant mon bureau [en télétravail évidemment] ou le soir afin de réchauffer le lit ! Ma femme se moquait de moi au début mais adore aussi maintenant ! » Et on dirait qu’il n’est pas le seul à se sentir bizarre quand on parle confort. Caroline, par exemple, ne part jamais en vacances sans ses TROIS oreillers. Camille, lui, teste secrètement les gels douches de ses potes quand il passe la nuit chez eux…
« Rendre fou » ses proches
S’il peut être un moyen de montrer que « l’on connaît les hiérarchies, mais qu’on décide de s’en passer momentanément », le plaisir coupable aurait enfin une « dimension cathartique », qui permet une « régulation émotionnelle », estime notre experte. C’est pour cela qu’il n’est pas rare qu’il se pratique aussi en couple ou en famille. Quand elle a terminé sa vaisselle, ma copine Léa, par exemple, ne « lave jamais l’évier » car elle sait que ça va « rendre fou » son conjoint et qu’elle va jubiler. Marion, la fan cachée de Vitaa, mange le jaune d’œuf de ses petits-neveux, leur truc préféré, pour se « ravir de les voir hurler ».
Quant à moi, je vous avoue une dernière chose : quand je monte dans l’ascenseur et qu’une personne arrive au loin dans le hall, j’appuie vite sur le bouton en faisant mine de ne pas l’avoir vue. Pas cool, mais voilà : ça fait du bien, on vous dit.
TempoNutella : Quand c’est radicalement « fini » pour certains, ça reste un plaisir « jouissif » pour d’autresSociétéQuelle est l’origine du mot « kiffer » ?
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