Gaza : « Israël ne peut accepter » les demandes du Hamas, prévient Netanyahou, en pleine reprise possible des négociations
Samedi soir, dans les villes d’Israël, notamment à Tel Aviv, des milliers de personnes ont manifesté pour la libération immédiate des otages du Hamas. REUTERS/Ronen Zvulun
Bien plus nombreux que les autres samedis. Des dizaines de milliers d’Israéliens ont manifesté samedi soir dans les principales villes du pays pour réclamer la libération de tous les otages encore aux mains du Hamas et la tenue d’élections anticipées en Israël. Une pression supplémentaire, avec celle des Américains, sur les négociations qui devraient reprendre ce dimanche au Caire (Égypte).
Le directeur du Mossad, David Barnea, resté en Israël, se tiendrait prêt à partir en Égypte rejoindre sa délégation dès que le Hamas aura accepté le cadre des discussions. Mais il n’y a eu « aucune évolution » samedi dans les discussions entre l’émissaire du Hamas Khalil al-Hayya et les médiateurs d’Égypte, du Qatar et des États-Unis qui attendaient la réponse du mouvement palestinien.
L’espoir d’une trêve semble s’éloigner encore plus ce dimanche : Israël « ne peut accepter » la demande du Hamas exigeant que l’accord en projet prévoie la fin définitive des hostilités dans la bande de Gaza, a annoncé dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Le Hamas s’obstine dans ses positions extrêmes »
«Ã‚ Quand Israël montre sa bonne volonté, le Hamas s’obstine dans ses positions extrêmes, en tête desquelles sa demande de retrait de nos forces de la bande de Gaza, la fin de la guerre et la préservation du Hamas. Israël ne peut accepter cela », a-t-il fustigé, lors d’un Conseil des ministres.
Par ailleur, selon le journal israélien Haaretz, le document exprimant l’accord du Hamas, et qui était censé avoir déjà été soumis à l’Égypte, créant un petit vent d’optimisme, n’aurait en fait pas été envoyé. Les négociateurs contactés par CNN affirment que des progrès sur les aspects techniques ont été réalisés samedi, mais qu’il faudra encore plusieurs jours, peut-être une semaine, pour parvenir à un accord final entre les deux parties.
Signe que la situation reste sous haute tension, le gouvernement israélien a « décidé à l’unanimité » que la chaîne qatarie Al-Jazeera serait « fermée en Israël », a annoncé le Premier ministre Benyamin Netanyahou dans un message sur le réseau X. Il avait déjà accusé précédemment le média d’être « un organe de propagande du Hamas et d’avoir participé au massacre du 7 octobre ». Le pouvoir israélien a d’ores et déjà ordonné la saisie du matériel de la chaîne dans le pays.
Le projet israélien d’assaut sur Rafah au centre des enjeux
Quant au contenu des tractations, la question de Rafah est au cœur des discussions : le mouvement palestinien veut avoir la garantie que l’armée israélienne n’entrera pas dans la grande ville du sud de la bande de Gaza, où 1,2 million de personnes s’entassent dans des conditions de vie épouvantables. « Nous ferons ce qui est nécessaire pour gagner et vaincre notre ennemi, y compris à Rafah », a redit cette semaine le chef de l’État hébreu, en soulignant qu’il lancerait cette offensive « avec ou sans accord » de trêve. Les États-Unis, principal allié d’Israël, ont maintes fois manifesté leur opposition à un assaut sur Rafah « car les dommages qu’elle causerait seraient au-delà de ce qui est acceptable », a affirmé le secrétaire d’État Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine.
Dès lors, la durée de la trêve est aussi essentielle : temporaire, comme le veut Netanyahou, ou définitive, comme l’exige le Hamas ? Un responsable du mouvement palestinien a répété samedi à l’AFP que son mouvement n’accepterait « en aucun cas un accord ne prévoyant pas explicitement un arrêt de la guerre ». « Nos informations confirment que Netanyahou en personne freine un accord par calculs personnels », a-t-il ajouté, sans donner de précisions.
Selon les autorités israéliennes, il reste à Gaza 128 otages israéliens, dont 34 au moins sont morts. Israël considère officiellement les gens comme des otages, même s’ils sont morts, jusqu’à ce que leurs dépouilles soient restituées. L’armée israélienne a annoncé vendredi que la dépouille d’Elyakim Libman, classé otage à Gaza, avait été retrouvée en territoire israélien. Plus de 1 170 personnes sont mortes dans les attaques sanglantes perpétrées par le Hamas en territoire israélien le 7 octobre. En réponse, le gouvernement israélien a juré d’anéantir le mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007, et enclenche une riposte sans merci, qui dure depuis 211 jours. Samedi, le ministère de la Santé de Gaza affirmait que le bilan s’élève à au moins 34 654 morts dans l’enclave gazaouie.