Frédéric Vasseur face aux lecteurs de « L'Équipe » : « Lewis Hamilton nous poussera à la limite »

frédéric vasseur face aux lecteurs de « l'équipe » : « lewis hamilton nous poussera à la limite »

Frédéric Vasseur a répondu aux questions des lecteurs. (P. Lahalle/L’Équipe)

Frédéric Vasseur, team principal de Ferrari, est venu à la rencontre des abonnés de L’Equipe, particulièrement curieux de découvrir sa méthode de travail à la tête de la Scuderia mais aussi d’en savoir plus sur sa relation avec son ancien et désormais futur pilote Lewis Hamilton.

C’est moins de 24 heures après avoir guidé Ferrari depuis la murette du circuit de Shanghai (Chine) que Frédéric Vasseur était de passage dans les locaux de L’Équipe, le 22 avril. L’occasion pour dix de nos lecteurs de le rencontrer et de lui poser toutes les questions qu’ils souhaitaient. Tout juste descendu de l’avion après son vol de nuit, en plein décalage horaire, il a pourtant répondu à toutes les questions avec franchise et précision, faisant l’effort de glisser autant d’exemples concrets que possible pour rendre son propos accessible.

Ses interlocuteurs ont été conquis, ravis de retrouver en chair et en os un Frédéric Vasseur tel qu’ils l’imaginaient devant leur télé. Avec son style teinté d’humour, le Team Principal de la Scuderia (55 ans) a aussi donné un aperçu sur sa manière de gérer un (petit) groupe. Lançant un « on va se tutoyer » à l’auditoire après cinq minutes d’échanges puis demandant « levez pas la main, ça fait hyper école ! » un peu plus tard, il a mis tout le monde à l’aise, donnant un ton convivial et complice à ces 80 minutes d’une discussion aussi intense que riche.

Sa vie chez Ferrari

La Scuderia vue de l’intérieur, c’était l’un des sujets les plus attendus par nos dix lecteurs. Kevin était curieux d’en savoir plus sur la « méthode Vasseur » et cette confiance nouvelle affichée par son écurie. « Il y avait une culture de la retenue chez Ferrari, a expliqué le patron de l’équipe pesant chacun de ses mots. Notamment parce que la presse en Italie est assez agressive. Mon job, c’est de soutenir les 1 500 personnes de l’équipe, de dire qu’on prend une décision et que celui qui doit l’assumer, c’est moi. Si à la stratégie, par exemple, il faut demander l’avis de quatre personnes avant d’appuyer sur le bouton, ben la voiture elle est déjà passée… Aujourd’hui, on a un stratège qui prend les décisions et si un jour il fait une faute, il sait que je le soutiendrai. Historiquement, on avait aussi l’habitude de se garder une marge technique. Mais s’il y a cinq choses où on se garde une marge qui coûte trois centièmes à chaque fois, ça fait un dixième et demi de différence au tour. En faisant ça, on se fait des week-ends faciles à gérer mais garés. C’est pour ça que parfois on a pris trop de risques (depuis son arrivée) mais on est dans l’apprentissage de la prise de risque et j’aime ça. »

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Tour à tour, Harmony, Florent et Enzo sont revenus sur la passion chez et autour des Rouges. À ce dernier, tifosi de toujours avec son papa italien, remarquant « qu’un mécanicien de Ferrari est fan de son équipe et un mécanicien de Mercedes, ben… il est fan de Ferrari aussi », Vasseur a partagé un éclat de rire avant de préciser : « Il y a des passionnés dans toutes les équipes ! Le risque chez Ferrari, c’est que les gens soient surmotivés, surréagissent. Les pilotes m’ont dit : “Des fois, on n’ose pas dire qu’on a eu un petit truc parce qu’on sait que tout le monde va se concentrer là-dessus et arrêter tout le reste.” Mais cet excès d’enthousiasme est plus beaucoup plus facile à gérer que l’inverse. »

Fan récente de F1, Harmony voulait connaître sa façon de gérer l’environnement particulier à Maranello. « J’ai l’avantage de ne pas avoir Instagram, Twitter, Facebook, etc., de ne pas lire la presse et de ne pas parler italien, donc je suis assez protégé de tout ça », détailla Vasseur avant de reprendre : « Par contre, les gens à l’usine ne le sont pas. Beaucoup vivent la course via « Sky », la Gazzetta, qui donnaient un peu à l’entreprise l’image qu’elle avait de son propre travail, ce qui était assez bizarre… Donc j’essaye de communiquer beaucoup plus. Maintenant, une demi-heure après la course, on envoie un message des pilotes à tout le monde pour les remercier et qu’ils ne vivent pas la course à travers des tiers. »

Quant à Florent, c’est la pression mise par les fans qui l’intriguait, surtout pour un team principal français, forcément vu comme l’héritier de Jean Todt, patron de Ferrari entre 1993 et 2007 qui menait la dernière période dorée avec Michael Schumacher (5 titres consécutifs). « Quand je vais au restaurant en bas de chez moi à Bologne (Italie), je sens l’attente des fans, a confirmé Vasseur, mais les gens sont toujours hyper gentils. Même après nos moments compliqués l’an dernier, ils étaient devant l’usine le lundi et disaient : “Allez, il faut y aller, ça va le faire.” Et de la part des personnes au-dessus de moi, il y a un côté constructif qui fait que je ne ressens pas négativement la pression. »

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Mais en réponse à Olivier, qui se projetait vers l’avenir et avait fini par résumer sa longue question par « Où te vois-tu dans dix ans ? », Vasseur a convenu qu’il ne disposait pas d’un temps illimité pour réussir. « Peut-être aussi que le monde d’aujourd’hui veut aller plus vite qu’avant. Et je suis persuadé que Jean (Todt) aurait eu plus de mal à rester en place de 1993 à 2000 avant de gagner pendant huit ans. Si on ne gagne pas pendant trois ou quatre ans, on changera. »

Ses débuts de patron d’équipe

Au milieu d’une réponse sur Ferrari, Frédéric Vasseur avait évoqué ART Grand Prix, dont il fut l’un des cofondateurs dans les années 90. « Je ne pense pas avoir plus de pression aujourd’hui que j’en avais chez ART, il y a 30 ans, quand le résultat du dimanche faisait que je déposais le bilan ou pas le lundi », a-t-il rappelé.

Une remarque qui a donné à Théophile l’envie de comprendre pourquoi il s’était lancé si jeune dans une telle aventure et avait eu autant de succès. « Honnêtement, il y a eu plein de fois dans ma vie où j’ai eu l’impression que la pièce était sur la tranche et qu’elle aurait très bien pu tomber du bon ou du mauvais côté, a-t-il avoué. Quand j’ai commencé ASM, avant ART, il y a plein d’occasions où ça aurait pu très mal se passer. Je me suis lancé parce que j’étais passionné de courses, parce que je viens d’une famille d’entrepreneurs, même ça ne s’est pas toujours bien passé pour mes parents… On a connu des débuts très compliqués avec ASM et puis David Saelens (pilote belge) a décidé de venir chez nous… Il avait le budget de PetroFina avec lui et il nous a fait confiance alors qu’on était encore dans une grange ! Mais on a gagné le Championnat d’Europe (de F3) avec lui et puis voilà. Renault, aussi, m’a fait confiance pour faire le moteur F3 en 1991 alors que je rentrais à l’école d’ingénieur ! »

Après s’être arrêté une seconde pour repenser à la folie de la situation, il a repris, rigolard : « C’est pas moi le dingue sur ce coup-là ! Il faut être archi-gonflé quand on est Christian Contzen (directeur de Renault Sport de 1990 à 2002) pour dire qu’on va donner le projet à un gars qui sort de l’école et un autre qui y est encore ! Il y a trois ou quatre trucs dans ma vie où tu te demandes comment c’est possible avec le recul. Même le coup de Lewis Hamilton chez ART… Jean Alesi m’a d’abord pris par la main pour aller voir Mercedes, en 2002, pour qu’ils nous fournissent les moteurs en F3 Euro Series. Puis on a gagné en 2004 (avec Jamie Green) et là, McLaren m’appelle pour faire rouler Lewis en 2005. Je me revois encore, j’étais au Mans pour une course de Formule Renault et ça sort de nulle part ! Surtout à l’époque. Qu’une équipe anglaise appelle une équipe française pour faire rouler un pilote anglais dans un Championnat d’Europe… Ça n’existait pas ! »

Le cas Lewis Hamilton

Bizarrement, ce n’est pas un des lecteurs mais Vasseur lui-même qui a le premier évoqué le nom de Lewis Hamilton. Après 15 minutes d’échanges, pour montrer que la Scuderia était plus étanche aux fuites dans la presse qu’auparavant. Plus tard, Enzo a fait part de son rêve de voir se reproduire le schéma de 2013 où Hamilton est arrivé chez Mercedes un an avant la mise en place d’un nouveau règlement ouvrant une ère de domination des deux. « Mais si on reprend L’Équipe de 2012, plaisanta Vasseur, on trouvera des articles ou des commentaires de tiers qui disent que Lewis va chez Mercedes pour l’argent… C’est aussi un des attributs du pilote de bien choisir son équipe, d’imaginer ce que va être la réglementation. »

Tous ont tendu l’oreille au moment d’évoquer les « garanties » données à Hamilton avant sa signature. « On a parlé du projet en long, en large et en travers mais des garanties, il ne peut pas en avoir parce que personne ne sait si le moteur Mercedes sera meilleur que l’Audi ou un autre… La meilleure garantie pour un pilote, c’est de se dire qu’il est légitime que Ferrari mette tout en place pour gagner. Vu la passion, vu qu’on n’a pas gagné depuis trop d’années, s’il y a des efforts à faire, on les fera ! »

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Vasseur avait vu en Hamilton un compétiteur né dès les années ART, en 2005-2006, et a détaillé, pour Emmanuel, tout ce que le Britannique pouvait encore apporter à 40 ans l’an prochain. « J’ai deux très bons pilotes cette année, j’en suis persuadé, mais qui à eux deux ont gagné 12 Grands Prix (8 en réalité, 5 pour Charles Leclerc, 3 pour Carlos Sainz). Or dans certains moments, le palmarès offre des certitudes, des références et des façons de travailler. Même pour Charles (Leclerc), ce sera hyper bénéfique d’avoir un Lewis à côté qui est un monstre d’organisation et d’approche de la course. Il va nous tirer vers le haut sur le niveau d’exigence, de préparation… J’avais arrêté de discuter technique avec lui pour des raisons de confidentialité mais on ne s’est pas perdus de vue depuis 20 ans. Je sens qu’il a une telle envie de gagner… Lewis, c’est un super motivateur et il poussera tout le monde jusqu’à la limite. C’est pas juste une histoire d’être capable de faire 1’18”8 ou 1’18”9 dans la voiture. C’est aussi de savoir qu’on a 1 500 personnes qui s’arrachent parce qu’il est là, parce qu’il pousse, qu’il va poser la question qui pique, parce qu’il ne se satisfera pas de la première réponse… C’est ce qui fait que les systèmes marchent. Et c’est encore plus vrai chez nous. »

Sa gestion du duo Leclerc-Sainz

La question de Carlos Sainz, auteur d’un excellent début de saison (1 victoire à Melbourne le 24 mars, 2 podiums à Barheïn et au Japon), seul vainqueur de Grand Prix hormis Max Verstappen depuis plus d’un an désormais, est forcément venue sur le tapis. Olivier se demandait simplement la réflexion derrière l’annonce avant même le coup d’envoi de la saison du départ en fin d’année de l’Espagnol. « C’était mon choix, affirma Vasseur. Je ne voulais pas avoir à discuter de ça pendant la saison. La pilule a été dure à avaler mais ça lui donnait le temps de se retourner et pour nous c’était plus facile à gérer. Qu’il marque plus ou moins 3 points, 6, 10 ou 20 par rapport à Charles, ce n’est pas le sujet pour nous. Parce que si on a une chance de battre Red Bull – si jamais Checo (Sergio Perez) craque comme il l’a déjà fait deux ou trois fois – j’ai besoin de deux voitures qui marquent le même nombre de points. Or une partie de la performance actuelle vient de leur émulation. C’est toujours sur le fil une telle gestion, mais elle est indispensable à la performance donc je l’assume. Même si je sais que le jour où on va s’accrocher, je vais en prendre plein la gueule. »

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Et de revenir sur l’épisode de Monza l’an dernier où les deux pilotes se sont battus sans retenue pour la deuxième place. « J’ai décidé de les laisser faire parce que Carlos “arrivait” et je savais que c’était la meilleure motivation pour Charles. Ç’a payé parce que Carlos a eu de très bonnes courses à Zandvoort, Monza et Singapour (victoire) alors que Charles a fait sept premières lignes d’affilée après. » Et si un jour où il doit recadrer les pilotes, comme l’a demandé Xavier, la méthode est déjà choisie : « Je ne fais jamais ça pendant le débriefing parce qu’il y a trente personnes présentes et une centaine qui écoutent à l’usine. Quand j’ai quelque chose à leur dire, je les prends dans mon bureau, on est juste tous les trois. »

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