"France Inter est dans son droit": la suspension de Guillaume Meurice est-elle méritée ?
La suspension de Guillaume Meurice des antennes de France Inter par la direction de Radio France, après avoir répété sa blague sur le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a rouvert le débat sur l’humour et la liberté d’expression.
Quelques jours après les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre dernier, l’humoriste de France Inter, Guillaume Meurice, avait déclenché la polémique après une blaguecomparant le Premier ministre israélien Benjamin Nethanyahu à “un nazi sans prépuce”. L’humoriste a répété sa blague dimanche dernier. Après avoir été convoqué et reçu un avertissement en octobre, il a cette fois été écarté de l’antenne de France Inter, avant un potentiel licenciement.
Guillaume Meurice en 2017
Visé à l’époque par plusieurs plaintes pour “provocation à la violence et à la haine antisémite” et “injures publiques à caractère antisémite”, la justice avait décidé de les classer sans suite. Mais sa mise en retrait pose la question de la liberté d’expression des humoristes.
La liberté d’expression en danger ?
Pour Périco Légasse, journaliste à Marianne, et chroniqueur dans l’émission Estelle Midi sur RMC et RMC Story, même si “pouvoir rire de tout est un des éléments constitutifs de la liberté d’expression”, “la direction de France Inter est dans son droit”, a-t-il estimé ce vendredi, et ce compte tenu du “contexte actuel” marqué par le conflit entre Israël et la Palestine.
Cet avis est partagé par Jérôme Lavrilleux, lui aussi chroniqueur de l’émission. “Il n’y a pas un droit intangible à vie de Guillaume Meurice de bénéficier d’un temps d’antenne pour dire ce qui lui passe par la tête. Son employeur a la liberté de lui dire “Ecoute ça ne nous semble plus être dans la ligne de ce que tu as fait, on avait déjà averti, ce n’est pas notre ligne éditoriale, voilà’.”
“C’est dans une émission. Il y a une ligne éditoriale. Il y a un rédacteur en chef. Donc il se plie à ça. C’est arrivé une fois, il est resté. Il a fait exprès. Il savait”, ajoute Jérôme Lavrilleux.
“On peut trouver ça blague complètement nulle, ça c’est un jugement personnel. Mais il n’y a pas de faute en tant que telle”, argumente, de son côté, Emmanuelle Dancourt, journaliste indépendante, tout en rappelant que “l’on connaît le contexte dans lequel Guillaume Meurice s’exprime”.
“On s’attaque à la satyre politique, qui est quand même sa spécialité. On parle d’un humouriste, dans une rubrique humouristique, dans une émission d’humour”, insiste-elle.
Ce cas de figure s’était déjà produit dans les couloirs de France Inter. En 2010, Stéphane Guillon avait été licencié après avoir moqué la direction de la station lors d’une chronique, tout comme son confrère Didier Porte.
L’humoriste Pierre-Emmanuel Barré avait lui aussi été écarté en 2017 après une vidéo publiée sur internet dans laquelle il défendait l’abstentionnisme. Plus récemment, c’est dans le groupe Canal Plus que Sébastien Thoen avait été licencié après avoir parodié son collègue Pascal Praud.