Flamme olympique : Marseille, centre du monde
Flamme olympique : Marseille, centre du monde
Les Marseillais aiment les superlatifs. Quitte à en abuser. Et à s’en moquer eux-mêmes. Mais, reconnaissons qu’aujourd’hui leur ville, en recevant en grande pompe la flamme olympique, sera bel et bien « au centre du monde ». Marseille ose les paris. Après avoir accueilli en majesté le pape François en septembre, la voilà qui célèbre l’olympisme, avant de fêter dans quelques jours la venue du Boss en personne, Bruce Springsteen, qui donnera au vélodrome son unique concert en France. Peu de villes affichent une telle ambition. Oui, Marseille, dont la réputation est si souvent entachée par les trafics et les règlements de compte, peut aussi être fière d’elle-même.
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«Â Enorme !  » dit-on d’ailleurs sur la Canebière. Jusqu’au maire, Benoît Payan, qui, dans le journal « la Provence », s’extasie que sa cité soit « la première au monde à accueillir la flamme olympique par les mers, 2 600 ans après sa fondation par les premiers phocéens, 3 000 ans après les premiers Jeux olympiques. » La retenue n’est décidément pas le trait le plus courant des natifs de la cité phocéenne… Qu’importe, la fête sera grandiose. Et tant pis pour ces parisiens grincheux qui se plaignent de devoir organiser les Jeux et qui ont déjà prévu de fuir la capitale cet été. Les élus marseillais, eux, ont dû batailler avec d’autres villes de la Méditerranée avant de réussir à convaincre les organisateurs, Tony Estanguet en tête, de leur laisser le privilège de recevoir la flamme sur le sol français.
Tout au long de cette journée du 8 mai, massés sur les quais du Vieux-Port, 150 000 Marseillais vont donc fêter l’événement sous les caméras du monde entier. Un milliard de spectateurs sont prévus. Quelle plus belle image pourraient-ils donner de leur ville que celle de l’antique « Belem », le plus vieux trois-mâts français, illuminé par le soleil, sillonnant la rade de l’Estaque jusqu’à Pointe rouge avec à son bord la précieuse flamme ? Cela devrait nous ramener « dix ans de retombées touristiques » se frottent les mains les restaurateurs et hôteliers qui, bien que gens du Sud, sont loin de perdre le nord.
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Cet événement hors norme auquel assistera Emmanuel Macron, en visite pour la quatorzième fois à Marseille depuis qu’il est président, sera aussi un test grandeur nature pour l’ensemble de la sécurité des Jeux olympiques. Il mobilise 8 000 membres des forces de l’ordre, à commencer par les agents de la Ville, marins-pompiers, personnels de sécurité, policiers municipaux, mais aussi les forces d’élite du Raid, des démineurs, et la brigade nautique. Un dispositif anti-drones a également été déployé. Les 1 024 bateaux qui accompagneront le « Belem » jusqu’à son entrée dans le Vieux-Port ont tous été soigneusement inspectés.
Une fois la flamme débarquée, les relayeurs entreront en piste. A commencer par le champion olympique Forent Manaudou, formé au cercle des nageurs de Marseille. Lui succéderont de nombreuses stars de l’OM : Basile Boli, Eric Di Meco, Jean-Pierre Papin, Didier Drogba, ou Valentin Rongier, l’actuel capitaine du club, sans oublier Colette Cataldo, 86 ans, une figure de la vie marseillaise, la fondatrice du club des supporters de l’OM, les Dodgers. Des personnalités de la société civile ont aussi été invitées à porter la flamme, des artistes, comme le rappeur Soprano qui l’amènera jusque sur le toit du vélodrome, des humoristes, Nicole Ferroni, et Redouane Bougheraba, l’animateur télé Camille Combal, ou encore Alexandre Mazzia, un cuisinier triplement étoilé installé à Marseille.
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Enfin, seront aussi de la fête des associatifs à l’image de Louis Lavaly, un ancien docker, devenu coach sportif qui s’est engagé auprès des enfants malades. Et puis il y aura Albert Corrieri, le doyen des porteurs. Agé de 101 ans, cet ancien déporté du camp nazi de Ludwigshafen a été victime de la rafle qui eut lieu à Marseille en 1943. Ce témoin infatigable de l’histoire n’en « revient toujours pas » d’avoir été choisi. Lui aussi sera donc de la fête. « Très fier », confie-t-il, de propulser Marseille au sommet de l’Olympe.