60, 70, 80 ans : comment l’âge influe-t-il sur le sommeil ?

60, 70, 80 ans : comment l’âge influe-t-il sur le sommeil ?

Avec l’âge, la qualité du sommeil se modifie. On observe notamment une diminution du temps de sommeil profond, au profit d’un allongement du sommeil léger.

Le sommeil évolue tout au long de la vie et les besoins en sommeil diminuent au fur et à mesure de la croissance. “A partir de l’âge de 13-14 ans, on réduit nos besoins de sommeil et la durée normale de sommeil est d’environ 8 heures”, explique le Dr Malka. “Mais on observe de grandes distorsions d’un individu à l’autre. Certaines personnes ont besoin de plus, d’autres de moins. Les petits dormeurs n’ont par exemple besoin que de six heures de sommeil, sans que cela soit forcément pathologique”, ajoute-t-il. Si la durée de sommeil a tendance à diminuer avec l’âge, cela reste peu significatif et on considère qu’il faut dormir au moins 7 heures même à 80 ans.

Sommeil : des premiers changements autour de 60 ans

Si la durée de sommeil varie peu à l’âge adulte, le fonctionnement du sommeil va en revanche se modifier avec les années. “Pendant une très longue période, le sommeil est monophasique. Mais, petit à petit, avec le temps, il se déstructure et devient polyphasique. On ne dort plus seulement la nuit, on fait des siestes dans la journée. Il y a toujours 8 heures de sommeil mais elles sont maintenant coupées et leur répartition est différente sur 24 heures”, observe le pneumologue. Les cycles de sommeil vont également se modifier.

Une personne adulte de 40 ans s’endort, tombe en sommeil léger, en sommeil profond puis en sommeil paradoxal (agité). Elle termine un cycle, se réveille (sans s’en rendre compte) puis se rendort. Il y a entre 4 à 5 cycles de 90 minutes pendant une nuit physiologique, répartis en 50% de sommeil léger, 25% de sommeil profond et 20 à 25% de sommeil paradoxal.

“Avec l’âge, le sommeil léger a tendance à augmenter alors que le sommeil profond et le sommeil paradoxal diminuent”, explique le Dr Malka. “Cette diminution du sommeil profond fait que les gens ont l’impression d’avoir peu ou mal dormi” ajoute-t-il. La latence d’endormissement est également plus longue, souvent plus de 30 minutes, voire 45 minutes à une heure. Les personnes âgées mettent aussi plus de temps à se rendormir après un réveil nocturne. “Le dernier phénomène que l’on observe en vieillissant est une avance de phase. L’organisme envoie des signes qui incitent à se coucher plus tôt, avec un réveil plus précoce le matin”, observe le spécialiste.

En quantité globale, la dose de sommeil varie peu que l’on ait 30 ou 70 ans : 7 à 8 heures de sommeil. Mais comme nous l’avons vu, la différence réside plutôt dans la répartition de ces heures de sommeil sur 24 heures et dans la qualité du sommeil.

Sommeil des personnes âgées : quels sont les facteurs qui l’influencent ?

De nombreux facteurs expliquent pourquoi le sommeil se modifie avec l’âge. “Il y a une baisse de production de la mélatonine, l’hormone du sommeil, ce qui explique notamment pourquoi il est plus difficile d’entrer dans le sommeil. On observe également chez les femmes un facteur spécifique lié à la ménopause et donc aux changements hormonaux”, explique le Dr Malka.

Les personnes âgées sont aussi plus souvent malades, prennent plus de médicaments. Elles sont également moins sensibles à la lumière, par exemple en raison d’une cataracte, ce qui a logiquement un impact sur le rythme de sommeil en brouillant les signaux envoyés par le cerveau. L’absence de rythme dans la vie sociale, le manque d’intéractions pendant la journée participent aussi à ces changements. On sait aussi que les maladies neurodégénératives perturbent le sommeil.

Problèmes de sommeil liés à l’âge : quand consulter ?

“Il est important de rassurer les patients. Il est physiologique de se réveiller la nuit et d’avoir plus de mal à se rendormir lorsqu’on vieillit”, rappelle le Dr Malka. Ce dernier ajoute toutefois qu’il faut être à l’écoute des plaintes formulées par les patients : ces changements ont-ils un impact sur la qualité de vie ? Ont-ils du mal à les supporter ? Sont-ils somnolents pendant la journée ? Si c’est le cas, le médecin peut prescrire un polysomnographie qui permettra d’appréhender la qualité du sommeil et, comme la polygraphie respiratoire, de détecter une éventuelle apnée du sommeil. La polysomnographie inclut un EEG (électroencéphalogramme) pour avoir une idée de la structuration du sommeil. “Cet examen va nous dire combien il y a de cycles de sommeil, s’il y a beaucoup de réveils et quelles sont les éventuelles pathologies qui interfèrent avec le sommeil (apnée du sommeil, syndrome des jambes sans repos etc).”, explique le pneumologue.

Mieux dormir lorsqu’on vieillit : les conseils du spécialiste

Pour bien dormir, il est important d’avoir une activité physique, de continuer à sortir régulièrement pour profiter de la lumière du jour afin d’éviter la somnolence de fin de journée. “Ce sont des conseils de bon sens mais il faut se réveiller à heure fixe et plutôt agir sur l’heure du coucher lorsqu’on a du sommeil à rattraper. Il faut également éviter les excitants (nicotine, café) à partir de 17 heures, les médicaments diurétiques le soir, et les écrans actifs (téléphone, tablette) dans les deux heures qui précèdent le coucher.”, recommande le médecin.

Merci au Dr Michel Malka, pneumologue.

Merci au Centre Médical Veille Sommeil Paris – CMVS (Paris)

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