Faut-il appliquer une crème solaire 50+? Oui, mais pas toute l'année et voici pourquoi
La crème solaire est un indispensable du printemps et de l’été: elle protège du vieillissement de la peau et des cancers cutanés. Mais quelle crème choisir? Quel prix y mettre? Faut-il en porter tout le temps? RMC Conso vous répond.
De la crème solaire (illustration)
39% des Français estiment pouvoir se passer de crème solaire, selon le baromètre 2024 de la Fédération des entreprises de la beauté en partenariat avec OpinionWay. Pourtant, le soleil est responsable de nombreux maux: coups de soleil, et à plus long terme tâches pigmentaires, vieillissement prématuré de la peau, mélanomes.
Entre 140.000 et 250.000 cas de cancers de la peau sont diagnostiqués chaque année en France. A l’arrivée des beaux jours, appliquer une crème solaire adaptée à sa peau est donc indispensable.
Quel indice de protection choisir? Quelle quantité mettre et à quelle fréquence renouveler l’application? Où acheter sa crème? RMC Conso fait le point avec Laurence Coiffard, professeur en cosmétologie à l’université de Nantes.
L’indice de protection
La première chose à regarder lorsqu’on choisit sa crème solaire, c’est l’indice de protection, indiqué sous l’acronyme “SPF”. Il va de 10 à 50+, 10 étant l’indice de protection le plus faible et 50+ le plus élevé.
“Le SPF est le facteur multiplicateur du temps de photoprotection naturel, explique Laurence Coiffard. Autrement dit, une personne à la peau claire qui prend un coup de soleil au bout de 15 minutes d’exposition peut théoriquement rester 15×50 minutes au soleil avec un indice 50.”
Mais attention, cette définition est purement théorique. Car si on l’appliquait à la lettre, cela voudrait dire qu’on pourrait rester 12 heures 30 au soleil avec une seule application.
“Or, en pratique, il y a plein de choses à prendre en compte: le fait qu’on n’applique pas assez de crème, les frottements, les baignades, le sable si on est à la plage… Il faut remettre de la crème toutes les deux heures pour être bien protégé,” souligne la spécialiste en cosmétologie.
Car théoriquement, il faudrait appliquer 2mg de crème par cm² de peau, soit, pour un homme d’1m80 en maillot de bain, un tube entier de 30mL à chaque application.
“On estime qu’on en met quatre à cinq fois moins en réalité, d’où la nécessité d’en remettre très réguilèrement,” insiste Laurence Coiffard.
50+ pour une protection optimale
Quant à l’indice adapté, il dépend de notre phototype: plus on a la peau foncée, mieux on est naturellement protégé du soleil. Toutefois, le Pr. Coiffard recommande un indice 50+, “notamment parce plusieurs études, une que j’ai menée mais également une étude de l’association UFC Que choisir, démontrent qu’un tiers des crèmes ne protègent pas aussi bien qu’elles le prétendent”.
Selon les analyses réalisées en laboratoire par UFC Que choisir, certaines crèmes 50+ n’ont en fait un indice de protection réel que de 30.
Par ailleurs, toutes les crèmes doivent indiquer qu’elles protègent des UVB, les rayons ultraviolets responsables des coups de soleil, et des UVA, qui pénètrent plus profondément dans l’épiderme et sont majoritairement responsables du vieillissement de la peau.
Pas besoin de se ruiner
Le prix n’est pas forcément un indicateur de qualité, au contraire: “Les crèmes de luxe, vendues en parfumerie, sont à éviter car elles contiennent souvent du parfum, qui ne fait pas bon ménage avec les filtres chimiques présents dans les crèmes,” détaille la cosmétologue.
Sur l’étiquette, on cherchera donc la mention “parfum/fragrance” et on fuiera les tubes qui en contiennent, “tout comme les extraits végétaux, par exemple la réglisse, un anti-inflammatoire qui augmente artificiellement les indices de protection,” ajoute Laurence Coiffard.
Le meilleur choix, selon elle, se trouve en pharmacie, où l’on peut acheter de bonnes crèmes solaires pour 10 à 15 euros le tube de 250mL.
Attention aux crèmes “bébé”
Evidemment, il faut protéger les enfants. Les crèmes conçues spécialement pour eux ont néanmoins à peu de choses près la même composition que les autres et répondent avant tout à un enjeu marketing. Leur seul avantage réside dans l’absence de certains allergènes.
En revanche, attention aux crèmes estampillées “bébé”, qui pourraient laisser penser que les tout petits sont protégés: en réalité, avant 2 ou 3 ans, les enfants ne doivent pas être exposés au soleil du tout. “Ces crèmes ne devraient même pas exister,” s’insurge Laurence Coiffard.
Une protection solaire toute l’année? Inutile
On entend souvent que l’on peut appliquer une crème solaire toute l’année, sous sa crème de jour. D’ailleurs, de plus en plus de crèmes hydratantes affichent un SPF. Pourtant, appliquer une protection solaire en hiver est inutile selon le Pr. Coiffard, voire contre-productif.
“Les crèmes solaires sont composées de filtres qui ne sont pas anodins, parmi eux il y a des perturbateurs endocriniens. Evidemment, la balance bénéfice/risque penche pour l’utilisation de ces filtres face au soleil, ils sont même indispensables. Mais quand il n’y a pas de soleil, il vaut mieux les éviter,” explique-t-elle.
Pour la même raison, il ne faut pas utiliser une vieille crème solaire périmée comme crème hydratante. Une crème solaire ouverte il y a plus d’un an est d’ailleurs à jeter: elle ne protège plus assez du soleil, sa composition peut avoir été modifiée par la chaleur, le sable etc.