Voici pourquoi l’activité physique s’avère si bénéfique pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires

Nous savons tous que l’exercice physique renforce nos muscles, stimule notre métabolisme et maintient notre cœur en bonne santé. Mais saviez-vous que vos séances d’entraînement modifient aussi le …

Voici pourquoi l’activité physique s’avère si bénéfique pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires

Aujourd’hui, on a tendance à pratiquer un sport pour le plaisir mais aussi pour perdre du poids ou garder la forme. Pourtant, le sport a d’autres innombrables bienfaits, parmi lesquels la prévention et l’amélioration des maladies chroniques. Car au-delà des nombreux bienfaits qu’il procure, il permet notamment d’abaisser la tension artérielle et de lutter ainsi contre l’hypertension, l’une des premières causes des maladies cardio-vasculaires. C’est pourquoi les cardiologues n’ont de cesse de recommander l’activité physique, que ce soit à titre préventif contre les maladies cardio-vasculaires ou thérapeutique après un accident. Et ce alors que les maladies cardiovasculaires sont considérées comme la première cause de mortalité dans le monde selon l’OMS. Mais comment expliquer un tel effet bénéfique ? Quels sont les mécanismes précis en œuvre ? Telle est la question à laquelle a souhaité répondre une équipe de chercheurs membres du Massachusetts General Hospital, dans une étude publiée dans le Journal of the American College of Cardiology.

Cette dernière révèle en effet que l’activité physique tend à réduire le risque de maladie cardiovasculaire en partie en réduisant les signaux liés au stress dans le cerveau. Ce n’est un secret pour personne : le stress nuit au corps. Lorsque ce dernier devient chronique, le corps libère plus régulièrement du cortisol, surnommée « l’hormone du stress ». Cette hormone est destinée aux réponses de survie à court terme, mais une élévation constante entraîne une cascade de problèmes. Or, le stress chronique est affaiblissant : il découle d’une exposition prolongée et répétée avec l’agent stressant et donc un mode « alerte » activé en continu. Les hormones sont sécrétées sans interruption, sans repos du corps, ce qui peut donc mener à l’épuisement de l’organisme. La Fédération pour la Recherche sur le Cerveau affirme ainsi que « l’exposition prolongée ou répétée à l’agent stressant épuise les capacités énergétiques de l’organisme, le taux de glucose dans le sang est au plus bas, les cellules ne sont plus nourries : l’état d’épuisement est atteint et devient un terrain propice au développement des maladies, notamment cardiaque ».

« L’exercice semble réduire les risques de maladies cardiaques en diminuant les signaux liés au stress »

C’est dans ce contexte que les scientifiques s’intéressent de plus en en plus à la manière dont notre cerveau gère cet état de stress constant. Pour évaluer les mécanismes sous-jacents aux bienfaits de l’activité physique sur les maladies psychologiques et cardiovasculaires, l’équipe scientifique a analysé les dossiers médicaux de 50 359 participants d’une cohorte baptisée « Mass General Brigham Biobank », sachant qu’un sous-ensemble de 774 participants a également subi des tests d’imagerie cérébrale et des mesures de l’activité cérébrale liée au stress. Sur un suivi médian de 10 ans, 12,9 % des participants ont développé une maladie cardiovasculaire mais il s’avère que ceux qui respectaient les recommandations de l’OMS en matière d’activité physique (au moins 150 minutes d’intensité modérée ou 75 minutes d’exercice vigoureux par semaine) avaient un risque 23 % inférieur de développer une maladie cardiovasculaire par rapport à ceux qui ne les respectaient pas. Ces derniers se distinguaient également par une autre caractéristique fascinante : des niveaux plus faibles d’activité liée au stress dans leur cerveau.

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Les chercheurs émettent donc l’hypothèse que l’exercice physique aurait un effet calmant direct sur les zones du cerveau qui gèrent les réponses au stress. « Les personnes qui font davantage d’exercice présentaient une réduction progressive des signaux liés au stress dans le cerveau. », indique à la chaîne CNN le Dr Ahmed Tawakol, cardiologue au Mass General Hospital et professeur agrégé de médecine à la Harvard Medical School de Boston. « Nous avons trouvé des associations intéressantes selon lesquelles l’exercice semble réduire les risques de maladies cardiaques en diminuant les signaux liés au stress. » Il a notamment été découvert que cette réduction de l’activité cérébrale associée au stress était particulièrement visible dans le cortex préfrontal, une partie du cerveau impliquée dans la fonction exécutive (prise de décision et contrôle des impulsions), connue par ailleurs pour être affectée en cas de stress chronique au point d’altérer la prise de décision, la résolution de problèmes, la concentration et la planification. En outre, cet effet calmant sur le cerveau semble jouer un rôle majeur dans la protection du cœur.

L’exercice est bénéfique pour le cerveau et… donc pour le cœur

Car dans le prolongement de cette première découverte, les chercheurs ont également constaté, dans une cohorte de 50 359 participants, que les bienfaits cardiovasculaires de l’exercice étaient nettement plus importants chez les participants susceptibles d’avoir une activité cérébrale liée au stress plus élevée, comme ceux souffrant de dépression préexistante. « L’activité physique était environ deux fois plus efficace pour réduire le risque de maladie cardiovasculaire chez les personnes souffrant de dépression. Les effets sur l’activité cérébrale liée au stress peuvent expliquer cette nouvelle observation. D’autres études sont nécessaires pour identifier les médiateurs potentiels et prouver la causalité. En attendant, les cliniciens pourraient faire comprendre aux patients que l’activité physique peut avoir des effets cérébraux importants, susceptibles d’entraîner de plus grands bénéfices cardiovasculaires chez les personnes souffrant de syndromes liés au stress, comme la dépression. », indique le Dr Ahmed Tawakol. Pour les personnes sans antécédents de dépression, les bienfaits de l’exercice sur la réduction des maladies cardiovasculaires ont atteint un plateau après environ 300 minutes d’activité physique modérée par semaine.

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Mais pour les personnes souffrant de dépression, les bénéfices se sont poursuivis en cas de pratique dépassant ce seuil. Dans tous les cas, l’hypothèse est que cette réduction des signaux de stress dans le cerveau permet de mieux prévenir les risques associés bien connus tels qu’une inflammation, une activité plus élevée du système nerveux sympathique et… une pression artérielle plus élevée. De nouveaux bienfaits qui s’ajoutent aux multiples bienfaits psychologiques d’ores et déjà évoqués par la communauté médicale et scientifique depuis plusieurs années. « Nous savons que la dépression est un facteur de risque important de maladie cardiaque et qu’elle est également l’une des affections liées au stress les plus courantes. » atteste auprès de CNN le Dr Karmel Choi, psychologue clinicien et professeur adjoint à la Harvard Medical School et au Massachusetts General Hospital. « Même si certaines personnes peuvent être plus sensibles au stress et à ses conséquences sur la santé, nous voyons ici qu’elles pourraient également bénéficier davantage de l’exercice et de ses effets modulateurs du stress, ce qui est encourageant. »

Il s’avère toutefois que l’équipe scientifique ne donne pas de recommandations précise en ce qui concerne le type d’activité physique à pratiquer. Mais selon plusieurs organismes sanitaires il ne s’agit pas tant de savoir quel exercice fera absolument la différence mais de déterminer plutôt celui qui favorisera une pratique sur le long terme. La clé, selon la Fédération Française de Cardiologie, est d’être actif de 4 à 7 jours par semaine, 30 minutes d’activité physique par jour, avec ou sans interruption. Néanmoins, pour ne pas se fixer un but trop difficile à atteindre, il est possible de démarrer en douceur par une marche hebdomadaire de 15 puis 30 minutes par semaine. L’organisme fait remarquer que les quatre grands types d’activité physique conseillés sont la natation, le cyclisme, la marche et la course à pied. Mais ils ne sont bien évidemment pas exclusifs, ce qui permet si on le souhaite de s’adonner à une (ou plusieurs) activité physique différente qui corresponde à nos goûts. « A terme, l’important est que l’activité soit régulière et comporte au moins trois séances par semaine (d’au moins trente minutes à rythme soutenu). », conclut-il.