Parmi les pistes envisagées pour trouver cet argent : revendre jusqu’à un quart de l’immobilier de l’État. (Illustration) LP/Arnaud Dumontier © Arnaud Dumontier pour Le Parisien
C’est un peu comme les rasoirs à plusieurs lames : chaque fois, la lame suivante rase un peu plus. Alors que le gouvernement avait déjà annoncé en urgence au mois de février 10 milliards d’euros d’économies sur le budget de cette année, voici qu’il déclare en chercher dix milliards supplémentaires pour tenter de ramener le déficit public de 5,5 % en 2023 à 5,1 % cette année (initialement prévu à 4,4 %), avant un retour sous la barre des 3 % (2,9 % exactement) espéré en 2027.
«Ã‚ Ce chiffre élevé du déficit 2024 est la conséquence directe du fort dérapage enregistré en 2023, où il a atteint 5,5 % du PIB au lieu de 4,9 % prévus, en raison de recettes bien plus faibles qu’espéré », a rappelé Bercy lors de la publication ce mercredi du programme de stabilité (PSTAB) révisé de la France. Celui-ci doit être présenté en Conseil des ministres le 17 avril prochain, avant ensuite d’être envoyé àBruxelles pour examen courant juin. « Il y a un vrai sujet en France sur la qualité de la dépense publique, rappelle Florence Pisani, directrice de la recherche économique chez Candriam. De nombreux rapports, en particulier ceux de la Cour des comptes, le rappellent régulièrement. »
Réduire de 25 % les surfaces occupées par l’administration
Comment l’État compte-t-il s’y prendre pour atteindre les nouveaux objectifs qu’il s’est fixés ? « Trois leviers d’efforts complémentaires vont être actionnés, détaille-t-on à Bercy. Le premier, et sans doute le plus important, portera sur les administrations publiques, à hauteur de cinq milliards. Il faut rappeler que sur les dix milliards précédents, huit milliards étaient déjà portés par elles. Mais il faut aller plus loin, et nous préciserons les pistes dans les prochains jours ou les prochaines semaines. » Selon plusieurs ministres, il s’agirait d’un report d’investissements prévus en 2024, notamment liés à la construction de prisons et de commissariats. Pas question en revanche de toucher à l’enseignement supérieur ni à la recherche, a fait savoir le président de la République en Conseil des ministres.
Parmi les autres pistes, l’une déjà évoquée consistera à réduire de 25 % les surfaces occupées par l’administration. L’effort sera également porté par les collectivités locales. « Il ne s’agit pas tant de leur demander des efforts supplémentaires, précise-t-on encore au ministère de l’Économie, que de réussir à revenir aux objectifs budgétaires qui leur avaient été fixés. Nous avons en effet assisté en 2023 à un dérapage de leurs dépenses de fonctionnement de près de quatre milliards d’euros par rapport à ce qui était attendu. »
Sur ces quatre milliards, le gouvernement espère en récupérer au moins deux dès cette année. Ce qui amènerait donc déjà le niveau de ces nouvelles économies à sept milliards.
« S’attaquer aux rentes exceptionnelles » des entreprises
Resteraient trois milliards supplémentaires pour atteindre les objectifs. Après l’administration et les collectivités, les regards se tournent naturellement vers les entreprises. « Nous allons clairement nous attaquer aux rentes exceptionnelles réalisées grâce à des contextes qui sortent de la norme », confirme un conseiller.
Dans le viseur de l’État : ces entreprises qui rachètent leurs propres actions. Déjà en mars 2023, lors d’une interview télévisée, Emmanuel Macron avait fait part de son intention de demander au gouvernement de travailler à une « contribution exceptionnelle » sur les « profits exceptionnels d’entreprises », allant jusqu’à dénoncer le « cynisme » de certains grands groupes (du CAC 40) qui utilisent leurs « revenus tellement exceptionnels » pour « racheter leurs propres actions ». L’idée serait donc de taxer ces rachats.
Autre piste, enfin : accentuer la pression sur les énergéticiens, pour taxer là aussi les superprofits qu’ils ont pu réaliser grâce à la flambée des prix de l’électricité. Mise en place déjà l’année dernière, cette taxe a rapporté dix fois moins que ce qui était espéré, ne faisant entrer que 300 millions d’euros dans les caisses de l’État, quand les prévisions de la Commission de régulation de l’énergie tablaient plutôt sur trois milliards d’euros.
Il reste de la marge, donc, que le gouvernement ne compte pas laisser aux mains de ces entreprises. Au risque sinon de voir sa dette une nouvelle fois dégradée par les trois principales agences de notation – Fitch, Moody’s et Standard and Poor’s – dans les semaines à venir. « La note des agences dépendra en grande partie de la crédibilité de la trajectoire de dette publique, reprend Florence Pisani. Cela fait au moins vingt ans que la France ne tient pas ses engagements. En cela, ce PSTAB, et à travers lui, cette crédibilité des trajectoires, sera décisif. »
Mais avec le risque néanmoins que trop d’économies ne nuisent à la reprise de l’activité. « La croissance du PIB de la France va être amputée de 0,2 point en 2024 puis de 0,6 point en 2025 par les plans d’économies du gouvernement », a ainsi estimé ce même mercredi l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) avant même les nouvelles annonces de Bercy. « C’est un exercice d’équilibriste, conclut Florence Pisani. Il vaut mieux promettre une trajectoire de rééquilibrage graduelle que l’on peut atteindre, plutôt que de faire des promesses trop ambitieuses qui freineront la croissance… et que l’on n’arrivera pas à tenir. »
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