Eurovision 2024 : Le Belge Mustii veut créer « un effet de réveil » avec sa chanson sur la résilience

Le comédien et chanteur de 31 ans, décrit comme un « fêtard », chantera, pour la Belgique « Before the Party is Over », ce jeudi, lors de la deuxième demi-finale de l’Eurovision. Pour lui, il s’agit d’un « cri d’alarme »

Le Belge Mustii lors de sa première répétition sur la scène de l’Eurovision à la Malmö Arena, le 30 avril 2024.

PORTRAIT – Le comédien et chanteur de 31 ans, décrit comme un « fêtard », chantera, pour la Belgique « Before the Party is Over », ce jeudi, lors de la deuxième demi-finale de l’Eurovision. Pour lui, il s’agit d’un « cri d’alarme »

De notre envoyé spécial à Malmö (Suède)

Son visage ne vous est peut-être pas inconnu. Mustii (Thomas Mustin à l’état civil), 33 ans, se définit comme « un artiste multifacettes ». « Je me considère davantage comme un acteur qui fait de la musique. Mon agent est en France, j’ai joué dans pas mal de séries comme La Trêve, qui est sur Netflix, ou le biopic de France 2 sur Patrick Dils, Je voulais juste rentrer chez moi, nous a-t-il rappelé quand on l’a rencontré mi-avril, à Amsterdam (Pays-Bas). J’ai aussi fait des tournées de théâtre, mais j’ai envie de venir m’implanter chez vous avec ma musique. Je sais que ce n’est peut-être pas le style le plus bankable en France, entre pop, dark pop, et rock en anglais, mais j’ai quand même envie de vous partager tout ça ».

Le grand public français pourra découvrir son univers musical ce jeudi, lors de la deuxième demi-finale de l’Eurovision – diffusée dès 21 heures sur Culturebox, canal 14 – où il représentera son pays, la Belgique.

« Un regard, une bienveillance folle »

Lio, elle, se souvient du moment où elle a fait sa connaissance. « Il y a quelques années, il avait reçu une récompense de la meilleure révélation [en 2019]. J’étais dans la salle et il m’a plu direct. On sent que, sur scène, il est chez lui. Il est libre, il a un regard, une bienveillance folle. Il est un super artiste et un ami de télé formidable », souligne à 20 Minutes la chanteuse qui a siégé à son côté cet hiver dans le jury de la saison 2 de « Drag Race Belgique ».

«Ã‚ Mustii a une personnalité très solaire. Il est ce type de personnes qui font du bien parce qu’il est adorable, très curieux, toujours à l’écoute », nous glisse la drag-queen française La Big Bertha qui a l’habitude se produire à Bruxelles.

On peut d’ailleurs croiser souvent l’acteur et chanteur dans l’un des bars de Mademoiselle Boop, figure de la scène drag de la capitale belge. Edna Sorgelsen, candidate de la première saison de « Drag Race Belgique » le décrit comme « souriant, vif d’esprit » et aussi « sorteur ». Ce que confirme Bertha en souriant : « C’est un party animal [un fêtard]. Faire des soirées avec lui me rappelle mon vieil âge, il me sèche très vite… »

« Les drags sont super inspirantes »

Le principal intéressé, lui, se dit « fasciné » par les artistes drag. « Elles sont super inspirantes. Vu qu’elles sont en lutte, elles ont une urgence à dire les choses à performer », estime-t-il. On retrouvera un peu de tout ça dans sa prestation sur scène. Sa chanson s’intitule Before The Party is Over (« Avant que la fête soit finie ») et colle à sa personnalité.

«Ã‚ Je me suis inspiré de mon trajet de vie, même dans la manière dont le morceau est construit, raconte Mustii. La première partie a quelque chose d’inquiet, de fragile, d’intime. Puis, à un moment, il y a un switch [basculement] avec la prise de conscience qu’il est temps de se libérer, de s’assumer, de vivre le plus intensément possible. »

Si, lui, évoque par là son coming-out gay, il insiste sur le fait que l’on peut en faire d’autres lectures. « On peut aussi y voir l’histoire de quelqu’un qui se bat contre une maladie. C’est vraiment une chanson sur la résilience et le point de rupture où on comprend qu’il faut lâcher prise, qu’il ne faut pas réfléchir à deux fois, parce que tout est trop fragile. Le “Before the party is over” est comme un cri d’alarme, et le fait que je le répète encore et encore accentue l’aspect urgent de la chanson. »

Mustii, qui confie avoir vécu « une adolescence tendue », a eu le déclic lorsque, en fin d’études de théâtre, il a travaillé sur Les Trois sœurs de Tchekov. L’une d’elles y monologue : « Un temps viendra, tout le monde comprendra à quoi servent ces souffrances, il n’y aura plus aucun mystère, mais en attendant, il faut vivre, il faut vivre. »

« Créer un effet de réveil, un espoir »

«Ã‚ On ne comprend pas tout au fonctionnement de la vie, elle peut être violente, on ne maîtrise pas tout, mais il nous faut transformer cette incompréhension en énergie vitale », analyse le chanteur.

Coïncidence surprenante, Lio, Edna Sorgelsen et La Big Bertha nous ont toutes les trois spontanément parlé de l’énergie de Mustii (« une énergie magnifique », « une énergie de dingue », « une bombe d’énergie »).

Signe qu’il a atteint son objectif ? « Peu importe le résultat, je suis content que cette chanson puisse toucher les gens dans leur vie. J’ai reçu des messages dans ce sens-là, se dit-il. Cette chanson arrive à point nommé. Elle parle de fragilité, de moments où on est en bas de l’échelle. Que ça puisse créer un effet de réveil, de mise en action ou d’espoir, c’est déjà pour moi une victoire en soi. »

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