Eurovision 2024 : la chanteuse israélienne Eden Golan reste optimiste malgré la polémique

Eden Golan, participante israélienne à l’Eurovision, est au cœur d’une polémique autour de son morceau « Pluie d’Octobre ». AFP / GIL COHEN-MAGEN

En dépit des critiques, la candidate ne se démonte pas. Eden Golan, jeune chanteuse israélienne de 20 ans, va représenter son pays en Suède pour la prochaine édition de l’Eurovision, et les regards se tournent vers elle alors que les appels à exclure Israël de la compétition se multiplient.

Sa présence à ce télécrochet européen fait polémique, en pleine offensive israélienne meurtrière dans la bande de Gaza. Les organisateurs de l’Eurovision n’avaient pas validé sa première chanson « Pluie d’octobre », largement perçue comme une référence aux victimes de l’attaque menée par le Hamas palestinien en Israël le 7 octobre, la trouvant trop chargée politiquement.

À Malmö en Suède, où la compétition débutera le 7 mai, des manifestations sont déjà prévues en vue de la venue d’Eden Golan, mais la jeune fille ne s’en émeut pas. Elle y présentera une nouvelle version de sa chanson, « Ouragan ». « J’ai vraiment hâte », a-t-elle dit, ajoutant que c’était un honneur pour elle de représenter Israël.

Assise sur un canapé chez elle, en présence d’une membre de son équipe de communication, Eden Golan a facilement parlé des répétitions, des réécritures de la chanson, et de comment canaliser la douleur du pays après le 7 octobre. Mais quand l’AFP a posé une question sur la guerre à Gaza – qui n’était pas incluse dans celles envoyées à l’avance à la demande de l’équipe de communication – Eden Golan n’a pas répondu.

Interprétation

Sa chanson a rencontré un certain succès en Israël et le clip du morceau tourne en boucle sur les chaînes locales. « J’ai reçu beaucoup de soutien et je n’ai pas vraiment vu de commentaire négatif sur la chanson », a-t-elle indiqué à l’AFP. « C’est la magie et la beauté de la musique. Elle parle sa propre langue et c’est pour cela que nous sommes vraiment là. C’est l’unité de la musique ».

La chanteuse russo-israélienne a dit être surprise quand les organisateurs de l’Eurovision ont rejeté son morceau « Pluie d’Octobre ». « J’ai été un peu choquée quand l’Union Européenne de Radio-Télévision, qui organise le télécrochet), n’a pas validé la chanson (…), je ne pense pas que la première version était politique ». « La chanson parle d’une jeune fille qui traverse ses propres problèmes, ses propres émotions », détaille-t-elle, « ça n’a rien à voir avec le 7 octobre ».

Pour les commentateurs, les paroles comme « il n’y a plus d’air à respirer » et « c’étaient tous de bons enfants, chacun d’entre eux » évoquaient les victimes de l’attaque du Hamas. Certains ont souligné ce qu’ils estiment être des allusions claires au 7 octobre dans le clip de la nouvelle chanson, tandis que des paroles telles que « Je suis toujours brisée par cet ouragan » n’ont guère contribué à dissiper les spéculations.

Mais pour Eden Golan, « Ouragan » a plusieurs niveaux de lecture et reste ouvert à l’interprétation. « Chaque personne qui l’écoute peut s’identifier à la chanson à son niveau. Notre peuple, notre pays s’y rattache à un niveau émotionnel très différent, plus profond, en raison de la tragédie que nous avons vécue ».

Polémique

L’attaque inédite du Hamas en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1 170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Ont également été enlevées quelque 250 personnes.

Selon Israël, 129 d’entre elles sont toujours retenues dans la bande de Gaza, dont 34 considérées décédées. La vaste opération militaire menée en représailles dans la bande de Gaza par Israël, qui a promis d’anéantir le Hamas, a fait plus de 34 500 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé Hamas à Gaza.

L’ONU a averti d’un risque de famine imminent et les craintes montent face à une offensive israélienne maintes fois annoncée sur la ville de Rafah, à la lisière sud de la bande de Gaza, devenue un immense camp de réfugiés abritant près d’un million et demi de Palestiniens dans des conditions sanitaires catastrophiques.

En Suède, les regards seront braqués sur la chanson d’Eden Golan et de ce que décidera son pays pour Gaza. Des milliers de musiciens à travers le monde ont appelé à exclure Israël de la compétition. L’Eurovision prend souvent une tournure politique, chaque pays votant selon ses affinités politiques. Eden Golan espère-t-elle gagner ? « Je crois que tout peut arriver », répond-elle.