Européennes 2024: le gouvernement sonne la mobilisation générale pour soutenir Valérie Hayer

En position inconfortable dans les derniers sondages, la candidate de la majorité est largement devancée par le candidat Jordan Bardella et est désormais talonnée par le socialiste Raphaël Glucksmann. En cette journée de l’Europe, jeudi 9 mai, pas de jour férié, le camp présidentiel sonne le rassemblement des troupes derrière sa candidate.

(De G à D): le Premier ministre Gabriel Attal, la tête de liste macroniste aux européennes Valérie Hayer, la présidente de l’Assemblée nationale Yael Braun-Pivet et le président du MoDem Francois Bayrou lors du lancement de la campagne de la majorité à Lille, le 9 mars 2024

Tous derrière Valérie Hayer. À un mois, jour pour jour, des élections européennes, le camp de la majorité cherche une stratégie pour mieux se démarquer. La courbe de sa candidate, l’eurodéputée Valérie Hayer frôle celle du candidat PS-Place publique, Raphaël Glucksmann.

Créditée à 15% selon les derniers sondages, elle peine de plus en plus à devancer les 14% du candidat socialiste et perd de vue chaque semaine un peu plus Jordan Bardella, la tête de liste du Rassemblement national qui caracale loin devant à plus de 30%, selon les études.

À Matignon, ce 9 mai, l’heure a sonné de la mobilisation générale. Profitant de la proclamée Journée de l’Europe, tous les ministres sont appelés à se déployer sur les réseaux et sur le terrain. Mot d’ordre officiel: l’UE. Celui officieux: Il faut sauver la soldate Hayer.

Pas de jour férié pour la majorité

“Pas de jour férié quand on est en campagne” est le mot d’ordre de Matignon vis-à-vis du gouvernement, sommé comme son chef par Emmanuel Macron de s’impliquer au maximum dans ces européennes délicates.

Ainsi, le premier ministre, Gabriel Attal, en chef qui veut donner l’exemple à ses troupes, quadrille la partie sud de la Bretagne ce jeudi. D’abord à Bréhan dans le Morbihan pour un “échange avec des Français”. Puis à Vannes, lors d’une déambulation. Entre temps, il visite une usine de la région spécialisé dans la chimie dite “verte” qui propose des engrais à partir d’algues et de la nourriture au bétail qui se veut “biosourcée”.

Pourquoi la Bretagne en ce jour férié, premier d’un long week-end de pont? “Parce que c’est une terre européenne et humaniste, résolument tournée vers l’avenir. Et parce que c’est une terre qui bénéficie beaucoup de l’investissement de l’Union européenne”, explique Gabriel Attal dans un entretien accordé au quotidien régional Le Télégramme, à la veille de sa visite bretonne.

Bretons, votons

En ce jeudi de l’Ascension, la Bretagne et particulièrement le Morbihan, est une région considérée comme clé de l’électorat de la majorité. Aucun député Rassemblement national n’a été élu en Bretagne dans la vague frontiste de 2022 et la majorité présidentielle y conserve de solides bastions. Ce, malgré la défaite emblématique du président de l’Assemblée nationale sortante, Richard Ferrand.

Le comité de soutien à la liste de Valérie Hayer est présidé par l’ancien ministre et ex-maire de Lorient, Jean-Yves Le Drian. “L’Europe est partout dans nos vies”, insiste Gabriel Attal, qui aligne dans le Télégramme les détails sur les financements européens bénéficiant aux Bretons (équipements numériques dans les écoles, Ephad, entreprises…).

Vendredi, le Premier ministre sera à La Rochelle pour une cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Puis il déambulera, comme jeudi à Vannes, dans le centre-ville.

Garder les clés du “camion Europe”

De son côté, Valérie Hayer se rend à Bordeaux ce jeudi, avec le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave, puis en Corse vendredi et samedi. “Il nous reste un mois pour dire aux Français qu’il y a une élection le 9 juin”, a-t-elle expliqué jeudi sur TF1, estimant que la campagne était “à un moment de bascule”.

“Il faut qu’on prenne les bonnes décisions en Européens. On a un risque de donner les clés du camion à l’extrême droite qui pourrait créer un groupe minoritaire d’opposition ou une minorité de blocage au Parlement européen”, a ajouté la tête de liste.

Derrière leur candidate, les équipes de campagne sont à pied d’œuvre pour cette journée de l’Europe. Le programme dévoilé cette semaine, a été imprimé et sera distribué à 6 millions d’exemplaires.

Au total, une vingtaine de membres du gouvernement sont déployés aux quatre coins du pays: Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires) en Loire-Atlantique, Amélie Oudéa-Castéra (Sports) et Sabrina Agresti-Roubache (Ville) à Marseille, Marc Fesneau (Agriculture) dans le Loir-et-Cher, Frédéric Valletoux (Santé) à Mayotte… Bruno Le Maire (Économie) se rendra, lui, dans les entrepôts de la Banque alimentaire de Bayonne.

Emoji drapeau européen

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, les community managers de chaque ministère ont dû plancher. Tous les ministres ont eu la consigne de publier un visuel pour “rappeler le bilan concret de l’Union européenne dans la vie des Français”.

“Grâce à l’Europe”, répète à plusieurs reprises dans un post sur X (ex-Twitter), Gabriel Attal, qui a compilé tous ces visuels dans une petite vidéo. Alimentation, agriculture, écologie, informatique et même rénovation du patrimoine… Chaque sujet est balayé en mettant en avant les conséquences positives pour la France et les Français des lois votées à Bruxelles.

Emmanuel Macron lui-même s’implique dans la campagne et participe à l’effort de guerre.

“Il y a quelque chose d’important, c’est de se demander ce que l’Europe peut faire pour nous. Mais il faut toujours se poser la question de ce qu’on peut faire pour l’Europe aussi”, explique-t-il ainsi ce jeudi dans une courte vidéo.

Le président de la République répondra également à des questions d’internautes sur l’Europe samedi matin. Et il a demandé à son lieutenant Attal d’accepter la demande du candidat RN, Jordan Bardella de débattre en face-à-face. Le rendez-vous est pris pour le 23 mai, sur France 2.

Tandis que le parti d’extrême droite nationalise les thèmes du scrutin de juin en mettant les questions de sécurité et d’immigration, au centre dès qu’il le peut, Gabriel Attal martèle au Télégramme, à la veille de sa visite bretonne de ce jour: “Les élections européennes sont des élections qui concernent l’Europe. Je me battrai dans cette campagne pour le rappeler”.