Et si le prochain job d’Emmanuel Macron se trouvait à Bruxelles ?
Emmanuel Macron
EDITORIAL – Et si notre président décidait de viser l’Europe à la fin de son deuxième mandat ? La France et le Vieux continent pourraient tirer parti d’un Emmanuel Macron à la tête de la Commission européenne.
« Vive l’Europe. » Cette petite marque affectueuse, en français, du chancelier Olaf Scholz, généralement avare de ses sentiments, àl’issue du discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron, a soudain fait germer une hypothèse un peu folle : et si le prochain job du président français se trouvait àBruxelles ? Bien sûr, pas cette année : il est bien installé àl’Elysée, en dépit de ses mauvais sondages, et la petite musique autour de Mario Draghi est diablement plus intéressante pour la présidence de la prochaine Commission européenne, après les élections du 9 juin. Mais pour l’échéance de 2029 ? Un tel transport aurait un triple avantage.
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D’abord, il installerait à la tête de l’exécutif européen un combattant du continent. On peut dire ce que l’on veut de la prestation du 25 avril, qu’elle était, comme d’habitude, trop longue. Mais il n’y a qu’à en écouter le seul premier quart d’heure. Tout y est. Les cinq « pas décisifs » faits par l’Europe au travers des crises qui ne l’ont pas épargnée : l’endettement commun pour la bagatelle de 800 milliards d’euros ; l’unité stratégique dans la santé, l’énergie et la défense ; la souveraineté technologique revendiquée ; l’engagement résolu dans la transition énergétique et écologique ; et enfin, décision toute récente, et donc fragile, la protection des frontières.
Revenir après le cataclysme
Le deuxième avantage de cette perspective d’une Europe macronienne serait d’ancrer résolument la France à l’Allemagne, car elle pousserait le président français à tenir compte des impératifs stratégiques et économiques de notre puissant voisin plutôt que de se laisser aller à ses errements conceptuels.
Témoignages de cette nouvelle attitude qui ont été insuffisamment remarqués : l’accord sur le prochain char franco-allemand, clairement sous la domination acceptée des champions industriels d’outre-Rhin ; et surtout l’ouverture d’Emmanuel Macron à l’initiative longtemps contrée de « bouclier de fer » antimissiles de l’espace européen. Merci l’Iran…
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Enfin, cette idée baroque permettrait de résoudre un problème strictement français lié à l’âge de notre jeune président : il n’aura pas 50 ans quand il devra abandonner l’Elysée en 2027. De là est née, dans le cerveau foisonnant d’un des meilleurs connaisseurs des mécanismes du pouvoir, la crainte qu’il ait envie d’y retourner. Et, partant, qu’il ne fasse pas tout ce qui sera en son pouvoir pour éviter la victoire de Marine Le Pen.
Quoi de mieux en effet pour lui assurer un nouveau mandat que de revenir après le cataclysme ! Alors s’il veut réussir sa sortie, c’est-à-dire ne pas laisser la place au Rassemblement national, viser l’Europe ne serait pas le plus mauvais choix, surtout quand il nous la propose guidée « par la puissance, la prospérité et l’humanisme ».