Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen affichent leur fermeté face à Xi Jinping
Emmanuel Macron, Xi Jinping et Ursula von der Leyen, à l’Élysée, lundi.
Les désaccords commerciaux ont marqué lundi le début d’une visite d’État de deux jours en France de Xi Jinping, qui a balayé les inquiétudes européennes face à la fermeté affichée par Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le chef de l’État a offert une bouteille de cognac Louis XIII à son homologue chinois alors que Pékin a ouvert une enquête anti-dumping sur le cognac français.
Si les trois dirigeants, réunis ensemble dans la matinée à l’Élysée, ont fait mine de vouloir avancer dans la même direction au sujet de la guerre en Ukraine, l’autre grand dossier du moment, ils n’ont pas tenté de dissimuler les tensions qui s’accumulent sur le commerce.
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Le président français a expliqué vouloir soulever «en toute amitié et confiance» les «préoccupations, pour essayer de les surmonter», appelant à des règles commerciales «équitables». «Le soi-disant “problème de la surcapacité de la Chine” n’existe pas», leur a répondu le président Xi Jinping, estimant que «l’industrie chinoise des nouvelles énergies» permettait au contraire «d’accroître l’offre mondiale et d’atténuer la pression de l’inflation mondiale».
Des «signaux négatifs»
Devant quelque 200 chefs d’entreprise français et chinois réunis au Théâtre Marigny, juste derrière l’Élysée, Bruno Le Maire a réitéré le souhait d’Emmanuel Macron d’établir un «partenariat équilibré». «Soyons lucides, a déclaré le ministre de l’Économie, nous sommes très loin de cet équilibre.»
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Et de rappeler le déficit commercial abyssal de la France avec la Chine, de 46 milliards d’euros en 2023. Alors que les enquêtes lancées ces derniers mois par la Commission européenne pour établir le dumping chinois sur les voitures électriques, les panneaux solaires ou le géant ferroviaire CRCC irritent Pékin, le locataire de Bercy a insisté sur la nécessité de «règles équitables» sur «les normes environnementales, sanitaires et sur les subventions».
Face à la déferlante de produits «made in China», Bruno Le Maire invite la Chine à «ouvrir des usines en France». Face à Luc Rémont (EDF), Jean-Pascal Tricoire (Schneider Electric, établi de longue date à Hongkong) ou encore Sabrina Soussan (Suez), le ministre français a plaidé en faveur de «discussions approfondies», «toujours mieux que les menaces de sanctions». Dans une ambiance où l’amitié franco-chinoise était mise en avant, 60e anniversaire de la reconnaissance du régime communiste par de Gaulle oblige, Jean Lemierre, le président de BNP Paribas et coprésident du Conseil d’entreprises franco-chinois qui se réunissait au Théâtre Marigny n’a pas mâché ses mots en avertissant que «la relation (bilatérale) est profondément menacée si les déséquilibres ne sont pas traités par les responsables politiques et les entreprises».
De son côté, Yu Yuantang, directeur général Europe au ministère chinois du Commerce, n’a pas caché que les enquêtes en cours sont «des signaux négatifs». Les tensions entre Europe et Chine n’ont pas empêché une quinzaine d’accords commerciaux et de partenariats d’être signés lundi, notamment un contrat de fourniture de motrices électriques pour le métro de Hefei entre Alstom et CRRC ou un partenariat stratégique sur les batteries entre Xiamen Tungsten New Energy et le français Orano.