Allemagne : pourquoi la première économie européenne est en crise
L’Allemagne est-elle redevenue « l’homme malade de l’Europe » ? « La situation est dramatiquement mauvaise », a en tout cas admis le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, alors que le pays a abaissé, mercredi 21 février, ses prévisions de croissance pour 2024 à 0,2 %, contre 1,3 % initialement.
C’est un coup dur pour la première économie européenne, qui a déjà connu un recul du PIB de 0,3 % l’année dernière. Et les prévisions ne sont pas plus optimistes pour les années à venir, avec 0,5 % de croissance en moyenne par an jusqu’en 2028.
«Ã‚ La vérité, c’est que l’Allemagne souffre de problèmes structurels qui se sont accumulés pendant de nombreuses années », a expliqué Robert Habeck, qui appelle à« accélérer les réformes ». En effet, « il y a eu, pendant l’ère Merkel, un sous-investissement très important dans le pays en raison de la règle d’or budgétaire », décrypte l’économiste Anne-Sophie Alsif.
Selon la Constitution allemande, le déficit structurel du pays ne peut pas excéder 0,35 % du PIB. « Ce frein à l’endettement leur permet d’avoir des finances publiques robustes mais ils ont peu de marge de man?uvre pour engager des investissements », détaille la cheffe économiste au BDO, un cabinet de conseil économique. Résultat : le pays accuse un retard d’investissements dans plusieurs secteurs, en particulier dans la transition numérique, ce qui constitue un frein à la croissance.
Ralentissement de la demande
Le Mittelstand, ce réseau d’entreprises de taille intermédiaire très tournées vers l’export, qui constitue une des forces de l’économie allemande, pâtit aussi de difficultés conjoncturelles. « Elles ont subi de plein fouet le ralentissement de la demande mondiale, notamment en provenance de la Chine, ainsi que la hausse des taux d’intérêt », explique Anne-Sophie Alsif.
À LIRE AUSSI L’Allemagne, un homme malade qui se soigne
La hausse des coûts de l’énergie a aussi durement touché l’industrie allemande installée sur des segments très énergivores, comme l’automobile ou la chimie. Les tarifs se sont en effet envolés dans le pays, très dépendant des importations de gaz russe depuis l’abandon du nucléaire sous l’impulsion d’Angela Merkel.
À cela s’ajoute une handicapante pénurie de main-d’?uvre, sur fond de natalité en berne et de vieillissement de la population. Les entreprises allemandes estiment par ailleurs qu’elles ne bénéficient pas d’autant de subventions que leurs concurrentes, notamment américaines.
L’avantage du nucléaire
De l’autre côté du Rhin, la France s’en sort un peu mieux. Bien que Bruno Le Maire ait annoncé une révision à la baisse des prévisions de croissance pour 2024, celle-ci devrait tout de même être comprise entre 0,6 et 1 %, selon les estimations des économistes. Comment l’expliquer ? « Déjà, la France est désindustrialisée, ce qui est une faiblesse mais, dans ce contexte, comme on est davantage tournés vers la demande intérieure, cela nous permet de conserver un minimum de croissance », explique l’économiste Anne-Sophie Alsif.
À LIRE AUSSI Finances publiques : le piteux retour du rabot La France tire aussi parti de sa « souplesse » en matière budgétaire avec un endettement qui dépasse les 3 000 milliards d’euros, ce qui permet au gouvernement de soutenir la consommation en octroyant des aides aux ménages modestes. Enfin, la production d’électricité nucléaire est un vrai avantage comparatif. Pour autant, il n’y a pas de raison de se réjouir de la mauvaise santé économique du voisin allemand. « C’est notre premier partenaire commercial, donc, quand votre premier client ne va pas bien, ça a un impact direct », rappelle Anne-Sophie Alsif.
À Berlin, les débats vont bon train pour décider de la conduite à tenir pour sortir du marasme économique. L’écologiste Robert Habeck plaide pour lever le « frein à la dette » tandis que le ministre des Finances, le libéral Christian Linder, estime qu’il faut agir en priorité sur la réduction de la bureaucratie, qui freine les investissements des entreprises.
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