Devoir de visite pour les pères: "Les mères se retrouvent avec une charge décuplée"
Le président de la République Emmanuel Macron réclame un devoir de visite plutôt qu’un droit pour les pères au sein de familles monoparentales. Une bonne nouvelle pour plusieurs associations qui déplorent l’absence de sanction en cas de non-respect du droit.
Emmanuel Macron appelle à un “devoir de visite” des pères dans les familles monoparentales. Dans un entretien avec le magazine Elle, le président de la République estime “qu’y compris pour l’enfant, c’est mieux”. “Parce qu’un enfant qui ne voit jamais son père, c’est un enfant qui se sent abandonné et dont le développement affectif et éducatif n’est pas le même”, poursuit le chef de l’Etat.
Une mère de famille et ses enfants – Illustration
Pour Emmanuel Macron, “être parent” c’est un devoir qui “ne s’arrête pas au moment du divorce ou de la séparation”.
Le souhait du président de la République de créer un “devoir de visite” ou “devoir de présence, c’est ce que certaines associations réclament depuis de années. Car aujourd’hui, le droit de visite c’est souvent un enfant sac préparé pour le weekend, attendant un père qui ne viendra jamais, raconte Sarah Margairaz, cofondatrice de l’association “Collective des mères isolées”.
“À aucun moment la justice ne se soucie des conséquences sur la sécurité affective de l’enfant”, raconte-t-elle au micro de RMC. “J’ai un enfant dont je sais qu’à n’importe quel moment son père peut me dire qu’il ne viendra pas le chercher le week-end, qu’il souhaite modifier les dates sans que j’ai aucun recours ou aucun moyen de me retourner contre lui”, poursuit Sarah Margairaz.
Du “devoir” pour les mères au “droit” pour les pères
En cas de non-respect, elle appelle même à la création de sanctions: “Que cet homme qui n’assume pas son devoir de présence perde un peu son pouvoir de décision et qu’une mère ne soit pas obligée de lui demander son autorisation quand elle lève le petit doigt pour un voyage scolaire ou qu’elle l’emmène chez le médecin pour qu’il fasse un scanner”, ajoute Sarah Margairaz.
La mesure irait dans le sens de l’égalité car les mères gèrent plus de 80% des familles monoparentales rappelle Emilie Biland-Curinier, sociologue et professeure à Sciences Po: “Il y a dans le droit de la famille une asymétrie très forte entre devoir pour les mères d’un côté, droit pour les pères de l’autre. Les mères se retrouvent avec une charge décuplée alors que les pères sont plutôt encouragés à vivre leur vie ailleurs que dans leur rôle de père”, explique-t-elle.
Mais elle souligne un impératif : suspendre le devoir de visite à la moindre suspicion de violence intrafamiliale.