Deux banques envisagent une fusion pour devenir un mastodonte bancaire
Deux banques envisagent une fusion pour devenir un mastodonte bancaire
Deux banques espagnoles envisagent de fusionner afin de devenir un mastodonte bancaire. « BBVA confirme avoir fait part au président du conseil d’administration de Sabadell » de sa volonté d’« ouvrir des négociations en vue d’étudier une éventuelle fusion entre les deux entités », a indiqué la banque dans un communiqué envoyé au gendarme boursier espagnol (CNMV).
Ce court communiqué, confirmant des informations de presse, ne donne pas plus de précisions à ce stade sur les conditions de cet éventuel rapprochement. « Des conseillers ont été nommés » pour se pencher sur la question, se contente-t-il d’indiquer.
Analyse à suivre
Dans une courte note envoyée dans la foulée à la CNMV, le groupe Sabadell a confirmé « avoir reçu » une « proposition écrite » de BBVA « en vue d’une fusion ». « Le conseil d’administration de Banco Sabadell analysera de façon adéquate tous les aspects de la proposition », est-il précisé.
Cette annonce a été bien accueillie à la Bourse de Madrid en ce qui concerne Sabadell, qui gagnait 3,77 % à 14H00 GMT, dans un marché en baisse de 1,93 %. Les investisseurs se montraient en revanche plus circonspects concernant BBVA, qui perdait 6,33 %.
BBVA, présente en Espagne mais aussi au Mexique, en Argentine ou encore en Turquie, est le deuxième groupe bancaire espagnol en termes de capitalisation et en nombre de clients (74,1 millions). Quatrième banque du pays, Sabadell dispose elle de près de 20 millions de clients et opère dans 14 pays.
La fusion entre les deux entités donnerait naissance à un mastodonte bancaire, susceptible de rivaliser avec Santander, première banque espagnole avec près de 166 millions de clients dans le monde, mais aussi avec les principales banques européennes, comme HSBC ou BNP Paribas.
Consolidation du secteur
Le groupe BBVA, originaire du Pays basque (nord de l’Espagne), avait déjà annoncé un projet de fusion avec sa concurrente Sabadell, basée à d’Alicante (sud-est), en novembre 2020. Le but affiché était alors de mieux résister à la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19.
Mais ce projet avait finalement été abandonné dix jours plus tard, faute d’« accord sur l’éventuel échange d’actions entre les deux entités », selon Sabadell. Cette dernière avait alors jugé que l’offre de BBVA était insuffisante.
Dans les mois suivants, Sabadell avait engagé un vaste plan de restructuration destiné à réduire ses coûts, avec à la clé près de 1.800 suppressions d’emplois. Même chose chez BBVA, qui avait supprimé près de 3.000 postes.
Les deux groupes ont depuis retrouvé des couleurs – à l’image de l’ensemble du secteur bancaire espagnol, qui a engrangé ces derniers mois des profits records, malgré un impôt exceptionnel sur les groupes financiers introduit par le gouvernement pour financer des mesures de soutien au pouvoir d’achat.
BBVA, présidé par Carlos Torres Vila, a ainsi indiqué lundi avoir dégagé 2,2 milliards d’euros de profits au premier trimestre, soit 19 % de plus que sur les trois premiers mois de 2023. Son produit net bancaire – équivalent de son chiffre d’affaires – a lui grimpé de 15,4 % à 6,51 milliards d’euros
Le groupe Sabadell, dirigé par Josep Oliu, a quant à lui annoncé la semaine dernière avoir dégagé 308 millions d’euros de résultat net au premier trimestre, soit 50 % de plus que début 2023. Il s’agit du bénéfice trimestriel le plus élevé de son histoire.
Le secteur bancaire espagnol avait connu une première vague de consolidation durant la crise financière de 2008, avec la quasi-disparation des caisses d’épargne provinciales, en grande difficulté, alors absorbées par les poids lourds du secteur.
Ce phénomène s’est prolongé en 2021 avec le rachat de Bankia par Caixabank, qui a donné naissance au troisième groupe bancaire espagnol, puis avec celui de Liberbank par Unicaja, aujourd’hui cinquième banque du pays.